Disques 2008



Les nouveautés du mois de décembre


ExCubus - Mémoires incubussiennes

Cet album était complètement inespéré. J'ai connu le groupe Incubus au début des années 70, avant qu'ils aillent enregistrer une première séries de chansons au mythique Château d'Hérouville en France et qu'on n'entende plus parler d'eux jusqu'en 2007. Ils décident alors de terminer ce premier album en enregistrant les chansons manquantes au studio Red Tube de St-Jean.

Malgré les 34 ans qui séparent les enregistrements, je dois dire que la qualité du travail technique est telle qu'on voit à peine la différence, ce qui se sent dans la très belle homogénéité du disque. Ils nous offrent du rock progressif qui aurait pu rivaliser avec les Genesis et Yes de l'époque, sans compter les groupes québécois comme Et Cetera, Pollen, Sloche, etc. Le groupe Incubus a participé à la création d'un matériel sonore original et québécois, il est tout à fait logique que ce patrimoine soit maintenant préservé à jamais et merci au groupe de s'être remis à la tâche pour nous offrir cet excellent album qui, on l'espère, pourrait être suivi par d'autres.

Dès le début, on intègre un univers sonore rempli d'orgues et de mellotron avec la pièce Bléatis suivie d'Abomination d'une quarte de triton (quel titre !). Le jeu rythmique de la basse et de la batterie donnent une intensité et un sens d'urgence à ces deux pièces qui nous gardent sur le bout de notre siège. La suite s'avère encore plus convaincante encore alors que Parade de l'armée de verre et Teeth nous amènent dans une véritable apothéose sensorielle. Ouf et ce n'est que la moitié du disque.

Cela repart de plus belle en deuxième partie avec la pièce maîtresse Pendergast qui dure plus de 8 minutes, un pur bonheur pour les amateurs de rock progressif avec ses différents mouvements, les variations de l'orgue et son ambiance un peu glauque. Un gros coup de coeur pour cette musique qui a su ouvrir mon univers musical il y a 35 ans et qui est toujours aussi pertinente. J'ai même eu la confirmation que le groupe fera une apparition au prochain Festival des Musiques Progressives de Montréal en septembre 2009. J'ai déjà hâte !

Les nouveautés du mois de novembre


Patrick Norman - Plaisirs de Noël

Les qualités d'interprète et de musicien de Patrick n'ont de secret pour personne, c'est pourquoi je crois que cet album deviendra un incontournable de Noël, cette année et pour les années à venir. le ton est à la fête, les chansons sont des classiques du genre et l'interprétation sans reproche. On retrouve même une petite touche country ça et là comme c'est le cas sur la première pièce de l'album, Au royaume du bonhomme hiver.

Il n'y a pas que le country qui fasse un clin d'oeil au père Noël, on retrouve aussi du bluegrass, du swing et du folk. Parmi les pièces qu'il est agréable de découvrir sous ce nouveau jour, on remarque les Petit Papa Noël, C'est l'hiver, Le petit renne au nez rouge, Les anges dans nos campagnes, Dans cette étable, Il est né le divin enfant et plusieurs autres. Patrick et son équipe y reprennent aussi l'une des plus belles chansons du genre, composée par John Lennon et Yoko Ono, Happy XMas (War is over) dans le medley Plaisirs de Noël qui termine l'album de façon instrumentale.

L'équipe de Patrick pour cet album, c'est le réalisateur Gilles Valiquette (voix), Jean-Guy Grenier (voix, basse, steel, banjo), André Proulx (voix, clavier, violon, mandoline) et Paul Picard (percussions). Pour la plupart des pièces qui sont déjà connues, on pourra les redécouvrir sous un nouvel enrobage tout en étant fidèles aux originales. Pour les pièces moins connues, gageons que Patrick saura nous les faire aimer.

Le Vent du Nord - Mesdames et messieurs !

Signe des temps, la musique traditionnelle est très appréciée dans le temps des fêtes, il faut pourtant savoir que cet album a été enregistré en plein été lors du Festival Mémoires et Racines dans la ville de Joliette. Le groupe avait choisi d'inviter plein de confrères et amis à les rejoindre sur scène, ce qui fait de cette captation devant public un moment unique et intense.

Outre les musiciens du groupe (Nicolas Boulerice, Olivier Demers, Simon Beaudry et Réjean Brunet), on retrouve aussi Pierre-Luc Dupuis, Éric Beaudry, André Brunet, Jean-François Branchaud, Martin Langlais, Bernard Simard et Jeremiah McDade. Beaucoup de monde pour qui la musique tard est une passion de longue date.

Sur l'album on retrouve avant tout l'énergie du direct, l'impact de la foule, des arrangements variés et riches, du violon encore et encore, des airs du terroir qui mettent en vedette des personnages colorés comme Rosette, Le bon buveur, Les amants du St-Laurent, La fille et les dragons, etc. Entre fables rocambolesques et histoires d'amour parfois dramatiques, on vibre au son de la podorythmie, des guitares acoustiques et des manieurs d'archet.

Le Vent du Nord fait partie d'une génération de trentenaires qui continuent de faire vivre la tradition orale et musicale de nos ancêtres, cet album est une excellente porte d'entrée à ce genre musical et quel meilleur moment pour faire danser la parenté.

Michel Russel - Les trois hommes

L'album débute avec l'énergie brute de la pièce Les soirs de samedi, un folk rock accrocheur qui donnera le ton à un album qui se situe dans un univers commun avec les Zachary Richard, Neil Young et plusieurs autres folk singers qui ont marqué le genre.

Parmi les pièces que je retiens dès les premières écoutes, je note Les aseptisés qui se veut une critique éclairée de notre société qui se laisse guider avec de belles ornières et la magnifique chanson Les trois hommes, chargée d'émotion et d'espoir malgré les difficultés pour trois garçons de faire leur chemin sans l'appui de leur père.

Pour cet album, Michel est appuyé de son band, Sylvain Savard (basse, guitare, voix), Jean-François Côté (réalisation, batterie, percussions, voix), Marc Bergeron (guitare, accordéon, voix, violoncelle), Benoit Bolduc (guitares, voix, programmation) et Patrick Paquet (batterie), ainsi que de quelques musiciens invités. Ensemble, ils ont produit un album doté d'une belle dynamique musicale et d'une forte intensité, appuyant parfaitement les textes à la fois directs et poétiques de l'auteur.

Je ne connaissais rien de cet excellent auteur compositeur avant de recevoir cet album qui est déjà son quatrième, il aura désormais sa place parmi les bons albums produits cette année.

Frédérick Baron - Territoires nord

Surprenant que ce premier album de l'auteur compositeur qui a acquis ses lettres de noblesse en écrivant pour les Mario Pelchat, Cindy Daniel, Sylvie Paquette, Marie-Élaine Thibert, IMA et combien d'autres. Il prend ici le chapeau d'interprète et nous offre un univers séduisant aux confins de la comédie musicale et du film poétique, ce qui est particulièrement évident sur la pièce La morale à zéro et sa structure typiquement MUSICAL.

Notons que pour cet album, l'interprète puise dans ses propres textes qu'il enrobe de collaborations musicales avec l'excellente Catherine Major, Jérôme Gaillard, Fred Colas, Marc Ouellette ainsi que Sylvain et Dominique Grand. Les co-réalisateurs François-Éric Lalonde et Marc Ouelette, reconnus pour leur travail avec, entre autres, Céline Dion, Isabelle Boulay et Lynda Thalie, on su créer un univers musical particulier et ainsi permettre au Baron interprété par Frédérick d'évoluer tout au long de l'album dans une homogénéité d'arrangements malgré la multitude d'influences musicales.

Onze pièces qui sont autant de passages, réels ou imaginaires, dans la vie du personnage. Le résultat est à des milles de ce que l'on attend normalement des artistes populaires, c'est grandiose, peuplé de violons et de choeurs, extrêmement chaleureux à l'oreille, tout en étant facile d'approche. Il y a des raisons pour lesquelles le concept d'album doit survivre, pour permettre à des projets comme celui de Frédérick de voir le jour, une oeuvre complète et non pas seulement une succession de chansons sans lien.

La présence de Catherine Major ne se limite pas qu'au niveau des musiques puisqu'elle chante aussi en duo avec Frédérick sur Revenir à Neverland qui lance l'album sur la piste d'un rêve issu de l'enfance. Je ne sais pas ce que l'avenir réserve à cet album en tant que succès populaire mais gageons qu'avec le succès d'un Pierre Lapointe, les radios auront peut-être envie de faire le saut dans l'originalité offerte par ce disque grandiose.

Angélique Duruisseau - Mon cheval de 3

Il y a 3 ans, elle a ouvert les yeux de bien du monde avec sa façon bien personnelle d'interpréter ses chansons, à fleur de peau avec une voix qui baigne dans l'intensité à chaque note. Après avoir véhiculé à la fois un spectacle hommage à Édith Piaf et un spectacle de chansons originales, c'est dans cette dernière direction qu'elle a choisi d'aller pour produire un premier CD d'excellente qualité.

Dans son univers, on retrouve des chansons de Paule Tremblay (Tout en or, Je ne rêve pas, Pour le grand soir), Sylvie Royer (Confidences à un ami), Bernard Noiret (Merci à la vie) et Dave Richard (Montréal, Les vivants ou les morts), sans oublier celles d'Angélique elle-même, soient Sans loi, Le fruit, Para (avec Bujo), Le mot (avec Marc-André Cuierrier) et Vertige (avec Jonathan Lamy).

L'album prend sa lancée sur Montréal, une chanson de départ et d'arrivée, un texte puissant sur le déracinement et l'aventure qui en résulte. Dans la voix d'Angélique, un sentiment de douleur mais aussi un cri d'espoir... "Montréal on saura s'aimer". A mesure que l'album avance, on découvre une nouvelle parcelle d'univers, celui de la chanteuse ou des auteurs dont elle est la voix, voix parfois grave, parfois ensoleillée, mais toujours et surtout voix magnifique qui vous fait frissonner la peau et le coeur.

Une petite note sur la version française de la magnifique chanson Gracias à la vida, popularisée par Mercedes Sosa, devenue Merci à la vie sous la plume de Bernard Noiret, c'est je crois la première fois qu'on s'attaque à ce classique dans la langue française et c'est parfaitement réussi, merci à l'auteur, merci à l'interprète. Un album que j'écouterai encore et encore.

Michel Thériault- Drôle d'oiseau

Originaire des Maritimes, Michel Thériault est assis entre deux cultures, acadienne d'une part, québécoise de l'autre. Avec ce troisième album en carrière, il utilise comme titre un surnom qui lui colle à la peau, Drôle d'oiseau. Il a roulé sa bosse au pays mais aussi en France et en Belgique, a fait la première partie de Robert Charlebois dans son coin de pays, et a vu sa chanson Easy Rose faire un tabac avec la troupe Ode en Acadie.

Ce nouvel album joue déjà à la radio, deux extraits voyageant sur les ondes hertziennes, soient Vivre avec moi sur les radios communautaires acadiennes et Amérique du Nord sur radio Montréal (CIBL). Plusieurs musiciens ont donné un coup de main à l'auteur compositeur acadien sur ce nouveau CD, notamment Anique Granger aux voix et à la guitare.

On retrouve sur cet album de véritables petits bijoux comme les pièces Lonely, A la santé et Plus catholique. Michel sait très bien utiliser l'humour pour présenter des textes pas toujours évidents, que ce soit en tant que critique de la société ou simplement de ses propres comportements. Loin des ballades sirupeuses, Michel arrive à faire passer des messages sérieux avec l'aide de textes satiriques qu'il faut heureusement prendre au deuxième degré. A consommer sans modération.

Les nouveautés du mois d'octobre


Yvan Pion - L'hömme descend du sönge

Il y a plusieurs années que j'ai fait connaissance avec le matériel musical d'Yvan Pion, lui qui travaille très fort à faire connaître la chanson québécoise auprès d'un jeune public qui a tendance à la mettre de côté. Il y a 5 ans, il publiait un album qui reprenait des textes travaillés justement avec plusieurs jeunes et intitulé Les mots du monde. Son implication sociale y était évidente et cet album a longtemps été l'un de mes préférés pour la couleur des textes qu'on y retrouvait.

Il nous revient maintenant avec une autre oeuvre à caractère humain, cherchant à décrire ce qui différencie l'humain de l'animal ou des objets inanimés, la capacité de rêver et de réfléchir. Autant dans nos relations avec les autres (amitié, amour, travail) que dans celles avec la nature qui nous entoure, il faut utiliser ces instincts pour évoluer et demeurer en harmonie avec notre entourage.

Musicalement, le style d'Yvan est bien accrocheur, pas sirupeux pour deux sous, il a cette capacité de mettre en musique des émotions fortes sans tomber dans le mélodramatique, une qualité que j'avais déjà pu apprécier sur la chanson Balade de santé de l'album précédent. Cette fois, je retrouve cette instrumentation éloquente sur des chansons tendres comme Elle, Dans tes silences, Les bras d'Elizabeth et Nous vivrons ensemble.

Bien qu'il signe la majorité des textes et des musiques de l'album, il a choisi de reprendre la chanson Un enfant de Jacques Brel puisqu'elle s'inscrivait bien dans le style de l'album, décrivant l'impact de l'arrivée d'un enfant dans notre vie. On retrouve aussi quelques collaborations au niveau de l'écriture, notamment celles d'Alain Leblanc, Sylvie Moreau et Louise Auger. Pour terminer l'album sur une note festive, Yvan a choisi de nous offrir une chanson créée en l'honneur du 400 ème anniversaire de la ville de Québec, cette fois avec l'aide de Reggie Thompson.

Je voudrais noter la présence du multi instrumentiste Alain Leblanc à la réalisation et aux arrangements, de même que celle de Lynn Jodoin aux voix, tous deux ayant longtemps travaillé avec Jean-Pierre Ferland. Parmi les nombreuses qualités de l'album, on peut justement noter l'apport de nombreux musiciens et amis de l'artiste qui en font une oeuvre très agréable à écouter du début à la fin.

Paule Andrée Cassidy - Pieds nus

Celle qui a obtenu le Grand prix de l'académie Charles Cros pour son premier album (Lever du jour) en 2002, nous offre maintenant un troisième album, cette fois enregistré devant public. Toujours amoureuse de la grande chanson, elle reprenait celles de Vigneault, Gélinas, Rivard, Renaud et Sylvestre lors d'une série de spectacles intitulée Voici des fruits, des fleurs qu'elle donnait le printemps dernier. C'est lors de cette occasion, au Café spectacles du Palais Montcalm qu'elle a enregistré cet album intitulé Pieds nus.

L'instrumentation est assez dénudée, comportant presque uniquement du piano, celui de Bruno Fecteau, ce qui permet de mettre toute l'emphase sur la voix chaude de cette interprète de haut calibre. Bien évidemment, les textes choisis sont tous importants et nous permettent un survol de la chanson francophone des cinquante dernières années, qu'on pense à Barbara (Ma maison, Les insomnies, L'aigle noir), Gilles Vigneault (Maintenant), Sylvain Lelièvre (Qu'est-ce qu'on a fait de nos rêves), Marc Gélinas (Mommy), Michel Rivard (Le retour de Don Quichotte) et Anne Sylvestre (Petit bonhomme). Ce ne sont pas toutes des chansons qui ont connu un succès populaire, mais elles représentent certains des artistes les plus influents de la chanson des deux bords de l'Atlantique.

Je dois dire que pour un album enregistré devant public, la qualité du son est remarquable, aucun bruit de foule, un grand respect pour l'artiste il va sans dire. Autant j'aime les instrumentations riches pour les chansons de style pop rock, autant j'apprécie la possibilité ici de donner tout leur sens aux textes en mettant l'emphase sur la voix (au devant magnifique) de Paule-Andrée Cassidy. Un must pour les amateurs de chanson francophone.

Jamil - Je dure... Très, très dur...

Il ne manque pas d'audace notre marocain d'origine. La pochette de l'album se veut suggestive sans être vulgaire (le contenu de l'album l'est beaucoup plus en revanche) mais elle a tout de même été refusée par des chaînes de magasins qui la trouvaient trop osée, allez donc comprendre. De toute façon, pour quiconque apprécie la façon directe de Jamil d'aborder les relations hommes femmes, ce nouvel album est un bonbon qui se laisse déguster longtemps, très très longtemps pour paraphraser le titre.

La première pièce laisse entrevoir la suite, des jeux de mots truculents, une critique de la société de consommation et de l'être humain. Poubelles nous permet ainsi de redécouvrir les textes acidulés de Jamil qui décrit la relation entre les riches et les pauvres à travers le contenu des poubelles du premier. Le ton est donné et les onze chansons de l'album n'auront de cesse de nous extirper des sourires devant cette vision satirique de notre société.

Ainsi donc, il traite toujours de l'inépuisable sujet de l'amour entre mâles et femelles, avec des titres comme Les pendules à l'heure, Mammaire, J'arrive, Chuis beau (dans laquelle on retrouve la phrase titre), Est-ce que tu m'aimes, Lulu etc. Il puise aussi dans les enregistrements de ses prestations devant public pour la onzième chanson du disque, Les boules bleues enregistrée à la boite à chansons Le Zaricot de St-Hyacinthe.

Accompagné de ses musiciens habituels qu'il appelle le "Gland Orchestre", il a aussi fait appel à de nombreux musiciens invités dont un ensemble de cuivres et quelques musiciens d'origine arabe comme lui pour donner un son plus arabisant à certaines chansons. La plupart des textes et musiques sont signés de sa main (10 au total) alors qu'il reprend une pièce de Ricet Barrier, Les spermatozoïdes. Le nec plus ultra dans tout cela c'est que nous avons maintenant une dizaine de nouvelles chansons à se mettre dans les oreilles et c'est la grâce que je souhaite au plus grand nombre d'amateurs possible.

Caïman Fu - Drôle d'animal

Lorsque la formation Caïman Fu a fait son apparition dans le paysage musical il y a maintenant plus de 6 ans, d'aucuns se demandaient combien de temps le groupe allait survivre à la carrière en plein essor de la comédienne Isabelle Blais. La réponse nous l'avons maintenant avec un troisième album officiel qui fait ainsi suite à leur éponyme paru en 2003 ainsi qu'aux Charmes du quotidien qui a suivi en 2005.

Ce troisième opus est peut-être moins éclectique que les précédents, une trame résolument rock et fortement teintée des guitares acérées de Nicolas Grimard et Yves Manseau. Complétant la formation, on retrouve toujours le bassiste Igor Bartula, travaillant de concert avec le nouveau batteur officiel du groupe, Mathieu Massicotte.

Cet animal dont elle parle c'est l'humain en général, pas toujours facile à digérer évidemment. Plusieurs chansons touchent les côtés pas toujours sympathiques de ce drôle d'animal, sans oublier le côté plus personnel des relations amoureuses entre animaux qui s'attirent et se repoussent. Dès l'ouverture de l'album avec Amour poursuite, on sent que la direction est donnée, une solide ligne de guitare, une densité d'arrangements qui appuient la voix typique d'Isabelle. On retrouve ensuite une ballade plus douce certes, une musique plus aérienne, mais toujours cette force dans la trame musicale l'enveloppe.

Même après plusieurs écoutes de l'album, j'ai l'impression d'y découvrir de nouvelles dimensions, merci à la réalisation de Glen Robinson et aux cuivres de Charles Imbeau qui est un ami de longue date du groupe.

Dany Bédar - III

Il y a près de 4 ans que Dany ne nous avait pas offert de matériel original puisque ses deux dernières parutions contenaient une prestation devant public ainsi que des versions acoustiques de chansons déjà connues. Reconnu pour son style qui présente surtout des ballades rock sur lesquelles il chante l'amour er l'amitié, il a choisi de modifier un peu sa démarche musicale pour donner une place plus importante aux guitares, tout en se déplaçant vers le blues, un peu à la manière d'un Éric Clapton.

Le résultat donne encore une fois des ballades très accrocheuses mais avec un peu plus de punch dans les arrangements. Dans ce sens, la pièce Je suis grand est un bel exemple de la cuvée Bédar 2008, la guitare est lancinante au possible et on sent l'émotion vibrer au diapason de l'instrument. Quiconque est familier au style de Dany Bédar ne sera pas dépaysé par cet album, sa voix possède toujours cette couleur typique, le style est toujours assez doux et accrocheur. Les changements s'inscrivent plus dans une évolution que dans une révolution.

L'album est présenté sur l'étiquette Deja Musique à laquelle Dany est fidèle depuis ses débuts. La réalisation est de lui-même et il a écrit toutes les chansons paroles et musiques, une seule ayant fait l'objet d'une collaboration, soit Oublier pour laquelle il a obtenu l'aide de Serge Fortin, aussi membre du groupe La brassée dont fait partie Dany (à la batterie).

Pomerlo - Casa voyageur

Comme plusieurs jeunes auteurs compositeurs, il a commencé par chanter les chansons des autres pour se faire connaître dans les bars mais l'appel de la création était trop fort. Il a donc ensuite fait partie du groupe Operabong pour lequel il a composé la majorité des chansons. Sa présence au sein de ce groupe lui a permis de connaître de grandes scènes comme Woodstock en Beauce. Cette fois, c'est en solo qu'il nous offre ce premier album au sonorités pop rock bien accrocheuses.

C'est lors d'un voyage au Maroc il y a deux ans qu'il a commencé à composer les musiques de ce CD, on y sent des influences musiques du monde / reggae et même le titre fait référence au voyage. Touché par la surconsommation (La caisse no 2) et l'environnement (J'aime pas), il est aussi un témoin de l'âme humaine (Casa voyageur) et de ses défis (La nuit est belle, L'arbre magique).

L'album comporte 11 chansons qui sont toutes de sa plume, enregistrées à Montréal et à St-Augustin de Desmaures, réalisées par l'artiste avec l'aide de Benoit Villeneuve. Plusieurs musiciens ont accepté l'invitation de Pomerlo pour donner une texture musicale riche et intéressante au textes bien imagés de l'artiste. Justement, j'aime beaucoup la plume punchée de Pomerlo sur des textes comme Raconte-moi par exemple, probablement ma pièce préférée de l'album. Un premier CD qui mérite votre écoute.

Les nouveautés du mois de septembre


Jipé Dalpé - Les préliminaires

Depuis quelques années, Jipé Dalpé promène sa guitare et travaille son matériel de festival en festival, de boite à chansons en boite à chansons. Chemin faisant il a peaufiné ses chansons au point où il a développé un son Jipé Dalpé, bien à lui, autant dans la musique et les arrangements que dans la façon de les chanter.

C'est justement ce qu'on retrouve sur ce premier album que j'écoute régulièrement depuis sa sortie. Chaque écoute apporte son lots de découvertes tout en nous ramenant dans un univers qu'on connaît et dans lequel on se sent bien à l'aise. Offert sur étiquette Sphère Musique, réalisé par le réputé Éloi Painchaud (Okoumé) avec l'aide de Jipé à la co-réalisation, le disque comprend 12 chansons et on peut retrouver quelques artistes invités dont le claviériste François Lafontaine (Karkwa) et Gaële aux voix.

Déjà en ouvrant la pochette et en feuilletant le livret, on se sent dans un mode à part, celui d'un artiste imaginatif qui sait faire vibrer les mots. Parmi les bons exemples, je retiens On a fait que du vent, Verse déverse, Mauvaise track (et ses deux fous qui craquent), Pile ou face et Tu vas y rester. Un des éléments qui m'attirent dans le matériel de Jipé, c'est son utilisation des cuivres pour appuyer la ligne mélodique des chansons, sans les surutiliser, ce qui serait facile pour lui qui en joue. C'est la même chose sur scène, ses chansons sont bien rythmées, accrocheuses, originales, bien enrobées et bien senties. Un des très bons albums de l'année, en plein dans mes goûts.

François Duchesne - Et le jour se lève

Pour certains, il s'agit presque d'un conte de fées, pour d'autres comme moi, François est un exemple de détermination et de résilience. Il y croyait tellement à cet album qu'il voulait produire et pour lequel il se frappait contre des portes closes, que lui et sa gérante Geneviève Gaudet se sont relevés les manches et ont demandé au public qui croyait en eux de le prouver en contribuant à la production. En neuf mois, 19,000$ étaient amassés, pas un gros cadeau du ciel, mais un montant amassé en convaincant un co-producteur à la fois.

François est une figure bien connue de la relève à Québec, ayant donné des centaines de spectacles dans les bars et les boites à chansons, notamment au magnifique Petit Champlain alors qu'il participait à la première édition du projet 5X5, 5 artistes 5 spectacles, incluant des ateliers de formation artistique donnés entre autres par Bori et Vigneault. Récemment installé à Montréal, il n'a pas tardé à se faire des contacts importants, notamment le réalisateur Éric Filteau (Les Respectables, Soul Attorneys, etc) qui était fin prêt à donner le coup de main requis pour produire un album à la hauteur des attentes du public. Il y a tellement de musiciens qui ont participé à cet album qu'il serait un peu trop long de les nommer, on réalise à quel point François et Geneviève ont réussi à se trouver rapidement de nombreux collaborateurs dans la métropole.

Pour en revenir à l'album, on y trouve 11 chansons au son folk rock, des textes qui reflètent les préoccupations de l'artiste sur des musiques bien appuyées et qui font facilement bouger du pied. On peut dire de cet album qu'il représente bien le côté positif de François, son énergie communicative et son besoin d'allumer une lueur d'espoir autour de lui. Le premier extrait radio en est Je marche encore et on lui souhaite une belle présence sur nos ondes commerciales. On peut en savoir plus sur François en visitant le www.francoisduchesne.com.

Martin Lavoie - Humain

Martin roule sa bosse depuis de nombreuses années, semant sa prose aux quatre coins du Québec, dans les boites à chansons, les cabanes à sucre, bref partout où il peut monter sur une scène et offrir ses chansons. Au fil de tous ces spectacles, il en a créé des chansons, suffisamment dit-il pour meubler une demi douzaine d'albums. Chose certaine, celles qu'il a choisies de graver pour la postérité sur ce nouvel album sont parmi ses classiques, quand je pense à Curriculum vitae, Vitorganic 24 0 0, Mal à la peau entre autres.

Dans ses chansons, Martin raconte souvent sa propre histoire, allant de boulot en boulot (Jos Bin et Curriculum vitae), recevant des injections contre les allergies qu'il transpose au niveau de notre planète que l'on pique sans vergogne (Mal à la peau), le conflit entre gagner de l'argent et avoir le temps d'en profiter (Moitié temps moitié argent), etc. Un album terriblement humain qui nous rappelle le besoin de l'homme de faire partie d'une société tout en préservant son authenticité et son rapport avec la nature. Pour Martin, la planète terre est aussi vivante que n'importe quel être qui vit dessus. N'ayez de cesse de la violenter et elle réagira !

Sur cet album de 12 chansons, Martin a pratiquement tout fait, textes et musiques bien sûr, mais aussi la programmation, les arrangements, les instruments, l'enregistrement, l'infographie et ... la mise en marché. Difficile d'être plus indépendant et autonome, ce qui sied bien à l'homme et à l'artiste. Il n'y a que pour le mixage et le mastering qu'il a obtenu de l'aide. On peut en connaître plus sur lui en visitant le www.martinlavoie.net.

Ville Émard Blues Band - Live au FMPM 2007

En 2007 au mois de septembre, se tenait la deuxième édition du festival de musique progressive de Montréal, un événement annuel qui s'est donné comme mandat de diffuser ce genre musical tout en faisant renaître certains groupe mythiques de notre patrimoine musical. Le Ville Emard Blues Band est de ceux-là. Formé au alentours des années 70 avec des musiciens professionnels qui travaillaient alors avec les Charlebois, Dubois et autres, regroupant aussi des cellules musicales autonomes comme Contraction et Toubabou.

Presque 35 ans plus tard, le groupe renaissait à la vie, le temps d'un concert à Québec, et puis à Montréal lors du Festival. Mené par le guitariste Christian Gagnon, fils du leader original (Bill Gagnon), on y retrouve quelques membres originaux, certains de leurs enfants, comme Michel Séguin fils, ainsi que plusieurs musiciens de leur âge, notamment Hugo St-Cyr à la batterie.

Nous avons droit ici au premier album original du groupe en près de 35 ans, même si on compte la ré-édition sur CD du matériel du groupe puisqu'il s'agit ici des enregistrements faits dans les années 70. Sur le nouveau CD qui sonne magnifiquement pour un disque enregistré en spectacle, on retrouve plusieurs des classiques du groupe, Yama Nekh, Soumis, Octobre au mois de mai, Ste-Mélanie Blues, Pixieland, Ambush, etc. Notons au passage la présence de Kathleen Sergerie qui reprend ici un peu le rôle qu'avait joué Lise Cousineau à l'époque, en quittant la chanson populaire pour s'intégrer à un ensemble musical beaucoup plus éclectique et original.

De beaux souvenirs puisque j'ai assisté à ce spectacle historique.

Lynda Thalie - La rose des sables

La belle algérienne, maintenant maman de deux petits jumeaux aux noms parfumés de Dahlia et Liam, nous fait le cadeau d'un troisième album qui concrétise la démarche entreprise avec Le sablier en 2002 et son album éponyme paru en 2005. Son histoire n'est pas banale, arrivée au Québec pour poursuivre ses rêves de musique, elle se développe un style unique, fait de sable arrosé de sirop d'érable, travaille à se faire connaître ici pour finalement retourner comme artiste invitée dans son pays d'origine et y faire un méchant tabac. Depuis, elle aura donné des spectacles sur 4 continents, ancrant solidement sa carrière au niveau international.

Avec l'aide de son complice des dernières années, le guitariste et multi-instrumentiste Michel Bruno, ils ont réussi ensemble le pari de mener le matériel de l'artiste plus loin que les albums précédents, démontrant une maturité autant dans le rythme, les arrangements ou même dans les mots. Elle grave finalement la magnifique chanson Mon amie la rose qu'elle nous faisait chaque fois en spectacle depuis près de 10 ans, mais cette fois avec l'aide de Florence K. Elle reprend aussi la chanson créée par Barbra Streisand intitulée Woman in love qui devenait Une femme amoureuse sous la plume d'Eddy Marnay (pour Mireille Mathieu en 1980).

Au total, 11 chansons teintées aux couleurs du Sahara, réalisées par Michel Bruno qui y joue même d'un instrument appelé Glissentar (mélange de guitare et de oud, 11 cordes, sans fret), et qui a participé à la composition de la majorité des musiques avec Lynda.

Éric Bélanger - Bananaspleen

Il a un style bien à lui, semblable à aucun autre, ce qui rend unique l'écoute de ses prestations. On sent à la fois un grand besoin d'harmonie et de tendresse, tout en touchant des sujets fortement teintés de vague à l'âme, d'où le spleen dans le titre de l'album. Depuis que je connais Éric, sa musique a souvent su faire ressortir des émotions particulièrement difficiles à exprimer. Comment présenter la mort d'une ami (Carlos) en chanson sans tomber dans le pathos tout en ayant besoin d'évacuer la mélancolie qui s'y rattache ? Cela donne une chanson fort poétique intitulée Déplumé où il décrit sa rencontre avec un oiseau mal en point, une analogie bien songée qui fait mouche.

J'apprécie toujours autant la pièce Le tueur qui avait provoqué de belles réactions de la foule au Festival de Granby il y a quelques années alors qu'Éric s'était rendu en finale du concours. Avec sa ligne mélodique tout droit sortie de la bande sonore du film Il était une fois dans l'ouest (musique d'Ennio Morricone), Eric se fait tueur du temps, celui qui nous échappe ou celui qui se fait parfois trop long.

Une belle production de 12 chansons encore une fois très poétiques où on retrouve la touche du réalisateur François Richard (assisté d'Éric), une dizaine de musiciens invités et quelques voix féminines, dont celles de Marijo Bonheur, Josée Lefebvre et Andréa Lindsay. Pour cette dernière, elle a participé au fort joli duo intitulé Nous qui a fait l'objet d'un premier vidéoclip très original et qu'on peut visionner (et demander) sur le site de Musique Plus.

Présenté sur étiquette Kartel Music et distribué par DEP, l'album devrait se retrouver sur les tablettes des disquaires, et fort probablement dans les magasins de musique en ligne, très prochainement.

Jean-Marie Pelletier - En toute simplicité

Il y a 30 ans et des poussières, à l'époque des boites à chansons, on pouvait l'entendre chanter les chansons des autres alors qu'il aurait bien aimé avoir l'occasion de présenter son propre matériel. Par la suite, est venue la famille et la course à la vie de tous les jours, la guitare a joué les seconds violons et les chansons en ont profité pour dormir au fond des tiroirs. Le réveil a sonné il y a environ 3 ans, le chaleureux quinquagénaire est venu présenter "ses" chansons au Petit Medley dans le cadre des soirées Entre le Rouge et le Noir. Ce soir-là, le déclic s'est fait, ses chansons originales pouvaient non seulement plaire au public, qui en plus y découvrait un conteur d'anecdotes hors pair qu'on ne se lasse pas d'écouter.

De sa vallée de la Matapédia, on retient les grands espaces, le pont couvert, le père Pilou, et combien d'autres personnages qui ont meublé son enfance. Finalement, avec l'aide du réalisateur Serge C. Poirier et d'amis musiciens comme Pierre-Olivier Ouellet (accordéon), il enregistre 12 de ses plus belles chansons pour nous les offrir en cadeau. On redécouvre Le numéro, La rumeur, Le Père Pilou, Mon ami Pierrot, et combien d'autres qui ont fait vibrer les murs du Café Bistro Le Maître Chanteur où il sévit maintenant régulièrement.

On ne saurait assez le dire, Jean-marie est un personnage hors de l'ordinaire qui nous parle de l'ordinaire avec tellement de tendresse et de sagesse qu'on tombe sous le charme à tout coup. L'album est disponible au Maître Chanteur (3425 St-Denis) et aussi sur le site de l'artiste au www.JeanMariePelletier.com.

Josianne Paradis - Éponyme

Après avoir remporté le titre d'artiste collaborateur au Festival en Chanson de Petite Vallée, et après avoir fait ses classes à l'École Nationale de la Chanson de Granby, la carrière de Josianne a pris un tournant important lorsqu'elle fait la rencontre d'Edgar Bori, cet énigmatique personnage qui hante la chanson québécoise depuis plus d'une dizaine d'années.

Elle profitera de ses conseils et de l'apport de nombreux musiciens de la relève, dont le bassiste Maxime Rouleau, le batteur Yannick Parent et le guitariste Marc-André Gosselin pour préparer son premier album, un éponyme qui regroupe 12 chansons "sans fond de teint". Elle a aussi pu compter l'aide de son frère Benoît, lui aussi lauréat de Petite Vallée (en 2004), et qui manie les cuivres avec créativité (trombone, trompette, etc). En fait je dirais qu'au total, il y a bien une douzaine de musiciens qui ont participé à la création de cet album.

Je connaissais déja assez bien le matériel original de l'auteure compositrice, mais l'album comporte de belles surprises, autant au niveau des arrangements qu'un niveau de nouvelles chansons qu'il fait bon découvrir. D'abord les classiques (si on peut dire), sa chanson présentation Dans ma réalité, puis Ces yeux-là et Pas de problème, pour aller vers un classique de Barbara (Gottingen), et puis les découvertes (Solitude, Chez Pauline, Labyrinthe), etc.


Josianne possède cette personnalité attachante qui peut tout autant nous émouvoir que nous faire sourire. Elle a travaillé très fort pour que le disque soit le reflet de sa personnalité et de son talent et je dois dire que le résultat est probant. On reconnaît le style touchant et direct de l'artiste tout en profitant d'un son d'une belle qualité.

Richard Petit - YUL

Premier album depuis 6 ans pour Richard, il faut dire que son parcours n'a pas été sans heurts durant tout ce temps. A commencer par le vol de son ordinateur sur lequel il avait enregistré des maquettes devant servir à ce troisième album. Par la suite, c'est la maladie qui le frappe et il doit lutter pour sa vie, cela change la perspective sans aucun doute. Finalement, ce sont des prestations en zone de guerre pour divertir les soldats qui finissent d'altérer sa perception de notre monde. Ces six années de gestation nous permettent maintenant de découvrir un artiste en pleine possession de ses moyens, un humain qui s'intéresse au monde d'aujourd'hui, complexe et en constant mouvement.

C'est ainsi qu'est né YUL, habilement titré des lettres d'appel de l'Aéroport de Montréal, un album qui vise à faire découvrir les paysages intérieurs de ce nomade des temps modernes. Avec des rythmes et arrangements empruntés à différents styles musicaux, des textes éclairés et sensibles bien enrobés de guitares acoustiques qu'on doit à Richard lui-même, au réalisateur Michel Bruno et à Simon Godin, l'album YUL nous propose un voyage dans l'univers de l'artiste, traitant de l'amour, la guerre, le rêve et la mort (4 minutes et 4 secondes avant la fin, dédiée à Dédé Fortin).

Bien que le ton soit souvent plus doux que ce à quoi Richard nous avait habitué, on retrouve aussi des pièces énergiques comme Perdu pied, Ou la la et L'étoile, question de garder son public sur le bout des pieds. L'album comprend 11 chansons qui devraient chacune faire l'objet d'un vidéoclip, une première si je ne m'abuse en chanson québécoise.

Norbert Lepage - Ça s'en vient

Auteur, compositeur et interprète originaire de la péninsule du Niagara, Norbert Lepage a fait carrière surtout dans les boites à chansons ontariennes, tout en faisant partie de plusieurs groupes comme Horizon, Pavillons, The Pranksters, Back 40 et le trio folk BLT. Après que deux de ses compositions se soient retrouvées sur les DC collectifs de l’APCM : la chanson Bonita Baby sur le DC Quatorze artistes de l’Ontario français et Où es-tu ? sur Chansons et musiques ontaroises.

On le retrouve maintenant en solo avec un premier album officiel intitulé Ça s'en vient, un titre approprié pour celui qui arpente ce métier depuis près de 30 ans. Sur cet album, on retrouve 11 chansons dont 2 sont en anglais. S'adressant aux racines blues rock présentes en chacun de nous, il nous rappelle les folk singers des années révolues, des gens comme Neil Young ou Crosby Stills Nash & Young. Les textes sont lucides, parlent des vicissitudes de la vie et du besoin de regarder loin devant même si cela semble une utopie, référant à l'un des beaux titres de l'album, Ton utopie.

Aux dernières nouvelles, il se préparait avec son band pour une tournée de promotion. En souhaitant qu'il passe par chez nous.

Elvis Presley - Elvis Presley et le Québec, une historie d'amour

Il a beau être décédé depuis une trentaine d'années (en fait l'est-il vraiment), mais toujours est-il qu'Elvis a toujours beaucoup de fans au Québec. Même si de nombreuses compilations ont été offertes au fil des décennies, les disques Tandem se sont associés à Sony BMG pour offrir une première compilation à saveur québécoise du King.

Il ne s'agit pas ici de reprises par des artistes locaux des chansons d'Elvis, mais bien des chansons originales, mises dans le contexte de leur succès au Québec. On y retrouve les classiques Hound dog, Love me tender, All shook up, Jailhouse rock, etc, en tout 15 succès du roi du rock and roll, incluant même la toute dernière version A little less conversation remixée il y a quelques années pour les besoins de la compagnie Nike.

Le livret explique chaque chanson en français et donne d'intéressants détails sur la carrière d'Elvis Presley en relation avec la population québécoise. On y apprend entre autres que Marcel Martel est celui qui avait repris Hound Dog en français pour le public d'ici. Pour en savoir plus, il faut se procurer l'album.

L'authentik Payzan - Le Tabarnak

J'ai un peu de difficulté à me fair une idée sur cet album, serait-ce le fait de prendre un de nos défauts et d'en faire une chanson, si rythmée soit-elle. Peut-être est-ce le fait d'en faire 5 versions différentes, l'officielle, le remix, la version clean, la version instrumentale et même acapella ? Eh oui, avec l'Authentik Payzan, vous pouvez danser le Tabarnak de multiples façons, si le coeur vous en dit.

Ceci dit, le rythme est accrocheur et on a aussi droit à plusieurs autres pièces qui traitent d'autres sujets, bien que le but principal c'est de vous faire bouger: Sur le dance floor, Rêve de star, Regardes-moi, etc.

Rendez-vous sur le site de l'artiste ou son MySpace pour vous faire une idée... avec plusieurs écoutes, cela nous écorche moins le québécois et on se surprend à bouger, n'est-ce pas là le but ?

Les nouveautés du mois d'août


Geneviève Binette - Sortir de son lit

Après avoir fait ses classes auprès des Robert Léger et Luc De Larochellière et toute la gang de L'école Nationale de la Chanson de Granby, Geneviève a eu l'occasion de peaufiner son matériel lors de nombreux spectacles en Europe, au Québec ainsi que dans la métropole, notamment au Maître Chanteur, au P'tit Bar, au Petit Medley et à L'Inspecteur Épingle. Elle nous présente enfin un premier album de 8 chansons originales, intitulé Sortir de son lit, un titre qu'on pourrait aussi prendre au deuxième degré pour représenter l'artiste qui sort de sa zone de confort, qui s'élance sur scène et qui offre toute sa sensibilité au public.

Je fais ce parallèle parce qu'à travers son matériel musical, on ressent toute les émotions qui animent la jeune femme, l'amour bien sûr (Je veux toi, Ta bulle), les interrogations (Les déséquilibrés, Un jour un soir) et le besoin de se sentir enracinée, entourée et appuyée (Où est ma tribu). On sent le matériel de Geneviève à fleur de peau, sensible et solide à la fois, d'une douceur qui touche le coeur et d'une force qui est toute aussi tonifiante.

La jeune femme compose non seulement pour elle-même, mais elle a aussi signé des chansons pour les autres, notamment avec Damien Robitaille pour la chanson-titre du disque d’Isabelle Boulay intitulé De retour à la source. Pour son propre album, elle a obtenu la collaboration de Thomas Carbou (guitares, réalisation) ainsi que des musiciens Yannick Parent (batterie, percussions), Maxime Rouleau (basse), Thürin Von Prancke (piano) et Pascal Veillette (harmonica).

Parmi les artistes de la relève québécoise, Geneviève se démarque par son intensité, sa passion et sa personnalité fort attachante. Cet album est une preuve du talent indéniable d'une artiste à fleur de peau. Non distribué commercialement, l'album de Geneviève est disponible au Bistro Le Maître Chanteur (3425 St-Denis, Montréal), au Archambault-Berri, sur Bluetracks.ca et au P'tit Bar (3451 St-Denis, Montréal).

Sens - Dans un monde

C'est au début de l'été que cet album a été lancé mais comme je ne l'ai entendu que récemment, voici pourquoi il nous arrive au mois d'août. Le groupe Sens s'est formé en 2005, réunissant quatre jeunes hommes âgés entre 21 et 24 ans, partageant désormais leurs affinités musicales sur un premier CD.

Dès le début de l'album, les gars annoncent leurs couleurs, ce sera énergique et bien rock avec Des crimes des meurtres, Mon âme et Hey baby. Quand démarre Si je dors, on s'arrête un instant puisque les guitares acoustiques font une première apparition importante et nous permettent de mieux saisir les couleurs de la voix du chanteur Tommy Boulanger. Ce n'est pas pour rien que la chanson a été choisie comme premier extrait radiophonique. Les texte est fort, l'intensité bien présente et la musique est l'une des meilleures de l'album. La guitare électrique vient tout de même participer à la force du propos vers la fin, histoire de ne pas être trop dépaysé. Une des bonnes chansons de l'année selon moi.

L'album compte 10 chansons bien ficelées, parmi lesquelles je retiens Ma tempête qui est de la même trempe que Si je dors, de même que Je peux comprendre et Perdu. Je réalise que je préfère les pièces plus douces et mélodiques mais il y en a vraiment ici pour tous des goûts, des ballades sensibles aux gros rocks bien appuyés. Les textes sont bien contemporains, traitant de l’amour, la guerre, l’amitié et de la fameuse séduction. On les doit majoritairement à la plume de Tommy (voix) et d'Alex Labasi (guitares), alors que les autres musiciens sont P.-A. Plouffe (basse) et Chris Alary (batterie).

Vous pouvez les entendre sur leur site Internet au www.sensrock.com

Les nouveautés du mois de juillet


Parazar - J'aime ma pelouse

Originaires de la banlieue nord de Montréal, ce jeune groupe est formé de Frédéric Cosetti (voix), Jean-Louis Brochu (guitare rythmique et choriste), Jonathan Fortin (guitare lead), Karine Grenier (bassiste) et Samuel Sénéchal (batterie). Leur matériel musical est de style pop rock avec le côté rock bien appuyé. On retrouve beaucoup de guitare et un peu de claviers, notamment sur la pièce L'appel sacré qui clôture l'album.

Parlant de cette dernière pièce qui m'a accroché dès la première écoute, on retrouve une touche de progressif (sûrement à cause de l'orgue) et un sujet plutôt sérieux pour des jeunes de cet âge: la prêtrise. Le texte est bien ficelé et la façon de le rendre par Fred Cosetti est à la fois respectueuse du sujet et juste assez intense pour comprendre le questionnement de l'auteur.

En général, comme l'indique le titre, les textes traitent de la vie de banlieue, là où la beauté de la pelouse est un sujet de conversation sérieux mais combien futile. Est-ce que le bonheur se calcule à la couleur du gazon ? Ce n'est pas le seul sujet relié au côté conventionnel de la société, la pièce Misérable en étant une autre preuve, indiquant à quel point la télé nous renvoie une image bien aseptisée de que la société attend de nous.

Des textes donc passablement sérieux mais qui parlent tout de même de la recherche de l'amour puisque c'est un sujet universel (Le baiser, Viens me chercher). En général donc, une prise de conscience bien éclairée, musicalement solide et appuyée, une belle façon de passer son message et de se préparer à la tempête.

Les nouveautés du mois de juin


Manon Charlebois - Langage rose

Originaire du nord du Québec mais plus connue en Ontario francophone qu'au Québec, l'auteure compositrice et interprète nous offre un deuxième album qui est passablement plus sérieux que le premier. J'avais entendu (et beaucoup aimé) cet album paru il y a maintenant 5 ans et j'étais plutôt curieux de voir où elle en était rendue.

Alors que le premier opus était plutôt joyeux tout en traitant des préoccupations assez réelles d'une jeune femme, le deuxième est comme un passage au monde adulte. Elle y parle de paix et de respect de la planète, elle porte une magnifique robe du couturier Richard Robinson sur le verso de la pochette, une robe faite avec les drapeaux du monde entier, sans frontières, sans barrières.

L'album a été majoritairement écrit par elle, mais elle a tout de même laissé les mots des autres faire leur chemin vers son coeur, ceux de Luc Grand'Maison (la prenante Stairway to hell), ceux du français Philippe Charrier (la chanson titre Langage rose), ou ceux de Roger Tabra (Je te laisse le temps). Elle a produit ce nouvel album avec le pianiste François Dubé, lui qui a aussi travaillé avec Renée Claude, Céline Dion et combien d'autres.

J'aime beaucoup le grain de voix de Manon, qui laisser bien passer l'émotion de ses textes sans tenter d'en faire des performances vocales. J'ai l'impression d'être devant une artiste qui ressent ses chansons autant qu'elle les chante.

Guillaume Vincent - Les bombes

Un premier album pour l'auteur compositeur Guillaume Vincent qui se veut passablement rock de nature, sans pour autant enterrer les textes. Puisqu'il participera aux Francofolies de Montréal cet été, le moment semble approprié pour le jeune homme d'origine allemande.

Sur cet album, on retrouve un style musical hybride entre le bluegrass, le soul, le blues et même des inflexions gitanes. Au milieu des guitares (acoustique et électrique), on retrouve du lapsteel, du Wurlitzer, du derbouka et même de la "théière". Puissant mélange accrocheur, la musique sert d'écrin à des textes qui s'inquiètent de la direction que prend l'humanité, se questionnant sur l'avenir de la terre (Traquenard, Gypsy), la guerre (Les bombes, Sunny one) et les relations entre les gens (Sade, Les anges, Tour d'ivoire).

Dans ses textes majoritairement en français, Guillaume bifurque à l'occasion vers l'anglais, lui qui a parcouru notre continent du nord jusqu'au sud pour tenter de comprendre d'où l'on vient et où on s'en va. Des préoccupations qui se retrouvent sans surprise dans le sujet de ses chansons. Un album qui se laisse écouter sans moment mort grâce au style musical éclaté qui nous permet ainsi des découvertes à chaque chanson.

La Chicane - Éponyme

Après avoir fait la manchette pour des raisons hors de leur contrôle, voilà que les deux membres originaux du groupe La Chicane (Christian Legault et Éric Lemieux) reprennent là où ils sont à leur meilleur, en faisant de la musique. Il leur fallait trouver un nouveau chanteur qui pourrait remplacer Boom Desjardins parti en solo depuis quelques années, quelqu'un qui pourrait faire sien le matériel antérieur du groupe et participer à part entière à la création des nouvelles tounes. Ce troisième larron, ils l'ont trouvé dans la personne de Matt Laurent, auteur compositeur et guitariste qui a aussi travaillé avec de nombreux artistes comme musicien.

L'apport de Matt au nouvel album ne se limite pas à chanter et jouer de la guitare, il participe à l'évolution du son du groupe comme un membre à part entière. Comme ils nous y avaient habitués, le chansons du groupe donnent toujours dans le rock avec de belles envolées de guitares électriques, mais elles flirtent toujours avec un côté plus pop qui fait en sorte que c'est facile d'approche et que les mélodies nous restent accrochées à l'oreille. La voix de Matt est juste assez rauque pour lui permettre de bien rendre les succès du groupe comme il le fera probablement en spectacle, tout en donnant une petite couleur bien à lui sur les nouvelles créations.

Lors du lancement, on pouvait noter que la bonne humeur régnait sur scène et on leur souhaite donc que le nom du groupe soit uniquement synonyme de bonne musique et qu'ils fassent désormais la une des journaux pour leurs succès musicaux. Le nouvel album se veut le fer de lance de cette nouvelle mouture, eux qui ont tout de même 500,000 albums vendus derrière la cravate et qui sont toujours fidèles à la maison de disques DEJA Musique, anciennement DKDD. Le premier extrait qu'on peut entendre à la radio s'intitule Sweet Harmonie et a été écrit en collaboration avec Michel Rivard.

Offenbach - Bulldozer

Peu avant leur célèbre messe des morts à l'Oratoire St-Joseph, les musiciens d'Offenbach travaillaient à la musique du film Bulldozer, réalisé par Pierre Harel et qui allait devenir membre du groupe à part entière. Il aura alors fallu quelques années avant que l'album ne sorte sur le marché, à peu près au même moment que le film de Harel, c'est donc pourquoi l'album est apparu en 1973, après St-Chrone de Néant, malgré qu'il ait été enregistré avant.

Première fois donc que le groupe de Gerry Boulet (ex Gants Blancs) enregistrait en français, les textes sortant de la plume de Pierre Harel. Deux des classiques du groupe ont fait leur apparition sur cet album, Faut que j'me pousse et Câline de blues. L'album est pratiquement introuvable même sur vinyle, sa carrière ayant été plutôt courte et obscure.

L'histoire difficile entre Offenbach et Harel donnera d'autres collaborations au niveau des chansons jusqu'en 1977, année où il formera le groupe Corbeau avec quelques membres du Offenbach d'origine et la chanteuse Marjolaine Morin (Marjo). Bien que peu connu dans la discographie du groupe, Bulldozer n'en est pas moins une pierre importante pour comprendre la genèse du plus grand groupe de rock québécois.


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Offenbach - St-Chrone de Néant

L'album vinyle étant devenu presqu'un mythe, c'était là aussi une ré-édition fort attendue que cet album d'Offenbach, leur premier de l'époque en français (mais aussi en latin). Les plus vieux se souviendront qu'Offenbach s'était lancé en premier en anglais avec le Offenbach Soap Opera en 1971. Après l'arrivée de l'auteur, chanteur, acteur et cinéaste Pierre Harel en 1972, le groupe bifurque vers le français et s'offre l'Oratoire St-Joseph le 30 novembre de la même année pour enregistrer leur version de la messe des morts.

Sur vinyle, dû à la limite du médium, seulement environ 50 minutes avaient été retenues pour l'album. Maintenant sur CD, merci à l'étiquette de disque ProgQuébec, c'est pratiquement le concert qui est maintenant disponible: plus de 67 minutes du show ont été gravées. Les nouveautés sont Oremus (prière), Finale d'Edgar, Dans la chaire (sermon), Fils de lumière (évangile), La marche de Peanut et Faut que j'me pousse.

Un album important dans la production d'Offenbach, surtout lié à un événement qui a habité l'esprit collectif, le mariage du rock et de la religion dans un haut lieu de cette dernière au Québec. Ce n'était que le début d'une grande aventure, mais un début important qui a mis le groupe sur la map si on peut dire. Trente ans plus tard en 2002, plusieurs anciens d'Offenbach, incluant Pierre Harel, se sont retrouvés au même endroit pour célébrer l'événement que vous pouvez maintenant entendre dans le confort de votre foyer.


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Jacques Blais - Thèmes

Excellent guitariste émérite, Jacques Blais lançait ce premier album en 1975, aidé des membres du groupe Contraction, comme Yves Laferrière (basse), Christiane Robichaud (voix), Robert Lachapelle (piano) et Richard Perrotte (batterie). Ce premier long jeu nous permettait de découvrir un guitariste émérite et un son passablement progressif, un genre fort prisé au Québec de l'époque.

L'album vinyle étant devenu très rare et donc un objet de collectionneur, il était grand temps que le matériel de Jacques Blais trouve le chemin du CD. C'est maintenant fait grâce à Musique ProgresSon et son étiquette de disques ProgQuébec. L'album comporte les 8 pièces originales dont les plus vieux reconnaîtront Sept quatre qui jouait régulièrement à la radio de CHOM à l'époque.

Bien évidemment, ce sont les riffs de guitare de Blais qui retiennent l'attention, mais aussi les compositions qui nous replongent dans cette fusion jazz et rock progressif qu'on retrouvait avec plaisir chez Contraction. En 1975, cet album était considéré comme l'album expérimental de l'année et en 2008, on continue d'entendre pourquoi. Un très très bon coup que cette ré-édition.


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David Jalbert - Des histoires

Son album s'intitule Des histoires et c'est exactement ce que nous offre le jeune homme originaire de Rivière des Prairies dans l'est de l'île de Montréal mais qui habite Mascouche depuis son enfance. Son père guitariste lui a fait découvrir la chanson originale québécoise, de Beau Dommage à Claude Dubois et l'étincelle s'est allumée. Quelques concours plus tard (Granby, Ma première Place des Arts...).

Quelques rencontres ont été déterminantes pour la genèse de cet album, notamment celles avec Yves Marchand et Charles Dubé, et le voilà qui signe un contrat avec Alain Dupuis, gérant de Stefie Shock. L'album voit le jour sur l'étiquette Jupiter et sous la direction artistique d'Alain Dupuis, d'Yves Marchand et de David lui-même. Réalisé par Mathieu Dandurand (Stefie Shock, Mes Aïeux, Alfa Rococo), les arrangements sont de Mathieu et David en collaboration.

Chaque chanson raconte une petite histoire qui nous amène dans l'univers de David, le tout enrobé dans une musique facile d'approche et passablement accrocheuse. Un son pop rock qui fait preuve d'originalité et qui nous donne un petit goût de revenez-y. Les textes sont poétiques et parfois intimistes mais sont présentés de façon à nous intégrer dans la trame de l'histoire, je pense entre autres au Shérif du village ou au message de résilience intégré à la pièce Les fantômes.

Luc Piché - Mes hymnes à l'amour

Son histoire se veut un peu comme un conte de fées, chauffeur d'autobus, il chantait souvent pendant son travail, ce qui lui a valu une certaine reconnaissance auprès de ses passagers avant que les médias ne s'emparent de son histoire. Six ans plus tard, il en est à son troisième album en plus d'un DVD. Sur ce troisième album il reprend 16 grandes chansons qui traitent de l'amour, de L'hymne à l'amour à Une chance qu'on s'a, en passant par Cet anneau d'or, N'oublie jamais, Con te partiro, et plusieurs autres.

Des chansons qui sont des classiques du genre et que Luc reprend de sa voix chaleureuse et juste. Après avoir remporté le titre de Découverte Star 2004, Luc a mis les pieds dans le show business et on a eu l'occasion de l'entendre régulièrement lors d'émissions radio ou télé, dédiées au même genre de souvenirs musicaux qu'il nous offre. Il a ainsi partagé ses chansons avec les Richard Abel, Alys Robi, Shirley Théroux, Raymond Berthiaume et plusieurs autres artistes qui ont marqué son parcours de chanteur.

Pour sa voix et ses qualités d'interprétation, ainsi que pour son choix musical, Luc s'est forgé un public avide de chansons d'amour et ce nouvel album devrait leur plaire énormément.

Direction - Est

Groupe progressif de la région du Lac St-Jean, ils en sont déja à leur quatrième album. Cette fois, ils ont signé un contrat avec une firme qui se dévoue dans le domaine du rock progressif canadien, Unicorn Digital

Toujours menés par le guitariste pianiste Marco Paradis, le groupe compte sur la voix de Serge Tremblay (basse, claviers) et Jean-Claude Tremblay (batterie). Par le passé, le groupe faisait dans le rock lourd avec des incursions progressives, maintenant le matériel du disque se situe carrément dans le giron du rock progressif, un style qui est en train de reprendre le haut du pavé et qui a maintenant son festival annuel en septembre.

Beaucoup de claviers puisque deux des membres en jouent, des compositions qui nous ramènent parfois des relents de Yes ou de ELP, surtout quand les synthétiseurs se font aller. Au niveau des textes, Marco Paradis peut autant analyser l'âme humaine (Mémoire privée, La fuite) ou celle de la société (Touriste urbain, Capsule, Soldat). La majorité des pièces font plus de 5 minutes, incluant la fresque Soldat qui à elle seule nous offre 13:45 de prise de conscience.

Depuis que je les connais, Direction prend de plus en plus d'assurance et leur matériel est de mieux en mieux peaufiné. J'ai eu un grand plaisir à les retrouver pour ce quatrième opus.

Les nouveautés du mois de mai


La Confrérie - Éponyme

Après quelques albums démo démontrant le potentiel de ce nouveau groupe, c'est à l'hiver 2008 qu'ils complètent l’enregistrement d’un premier disque officiel. Ils confient la réalisation de l’album à David A. Sturton (Jean Leclerc, Anik Jean, James Di Salvio, etc.) et Albert Chambers (Simple Plan, Queen Latifah, Wyclef Jean, David Usher, etc). Ils obtiennent même la participation de quelques artistes de renom qui leur prêtent voix et talent pour l’enregistrement de l'album (Jean Leclerc, Liquid, Dr Draw, Sharon Brooks). Le groupe est formé de Vincent Cloutier (voix, textes), Olivier Séguin (guitare électrique), Jean-Christian Prémont (guitare acoustique), Philippe Leduc (basse) et Louis-Vincent Houle (batterie).

Le disque représente bien ce qu'est le groupe sur scène, beaucoup d'énergie et une maturité surprenante pour un groupe qui n'en est qu'à ses débuts. Le son pop rock est facile d'approche, les textes font preuve de dérision pour faire passer des messages pourtant très sérieux comme celui sur notre saturation des ressources de la planète (La chaîne humaine), ou celui sur les victimes innocentes lors de tueries (Bang bang) et ses références à un héros de bande dessinée. Cette chanson qui ouvre l'album est une belle démonstration d'un mélange de guitares fort mélodiques assorties de hooks beaucoup plus lourds. Justement, cette chanson est aussi le premier extrait vidéo de cet album éponyme et ma préférée pour le moment.

Pour moi, ce premier album de La confrérie est une belle découverte, la production est excellente, les textes importants et contemporains, alors que la musique est facile d'approche et très accrocheuse. Elle s'inscrit bien dans le courant actuel et on me dit que le groupe jouit d'une belle réception au niveau des critiques et du public. Leur produit le mérite amplement.

Julie Massicotte - Éponyme

Artiste au talent reconnu, elle aura pris son temps avant de nous offrir un premier album, histoire de peaufiner un style et des chansons qui lui collent à la peau. Pas question non plus de prendre des chansons toutes faites pour en faire des "covers". Julie a choisi ses textes parmi des auteurs(es) qui lui sont chers(es), les Sophie Nault, Paule Tremblay, André McNicoll, Jean-François Munger, Rodney Doucet, Roger Tabra, Sylvain Michel et Sandrine Roy. Des paroles qui trouvent écho dans la voix chaleureuse de l'interprète qui a même, à l'occasion, touché aux textes elle-même en collaboration avec l'auteur original.

Du côté des musiques, là aussi des collaborations fort réussies avec Michel Bruno, Gaétan Essiambre, Louis Côté, Jean-François Munger et Sylvain Michel. Ce qui est fort intéressant sur ce disque, c'est qu'on découvre le côté mini-wheats de Julie, un petit côté plus sérieux avec des textes intenses sur des musiques folk et même un peu country, et un autre plus givré qui nous fait découvrir la facette plus rock, plus up-beat de l'artiste. Dans le premier clan, on retrouve des textes plus intimistes comme Ce matin-là, Maman, Tant de souvenirs, dans le deuxième lot, on retrouve des sujet plus ouverts, comme Printemps, Plus loin, Au bout de la route (pas mal fort), etc.

Pour réussir cet amalgame et faire en sorte que le tout sonne comme Julie Massicotte en est capable, la production a fait appel aux réalisateurs Neil O'Connor pour le côté givré / rock, Francis Covan pour le côté plus sérieux / folk et Martin Ferron pour saisir toute la couleur et la sensibilité de la voix de Julie quel que soit le style de la chanson.

Je disais plus tôt que plusieurs personnes connaissent le talent de Julie sans nécessairement pouvoir mettre un visage sur cette voix de velours. Notons simplement qu'elle a fait partie des projets Joe Dassin et Du rock à l'opéra II, Le dîner farfelu du Casino, qu'on a pu l'entendre lors de spectacles hommage, dont André Gagnon, et lors d'événements mettant en vedette Claude Dubois, Ginette Reno, Maurane, Isabelle Boulay, etc. Elle avait justement partagé la scène du Festival de Granby avec Isabelle l'année où cette dernière remportait le prix d'interprétation.

Avec une feuille de route aussi bien garnie, nul doute que Julie connaît le métier, cet album elle le préparait depuis longtemps et il se devait de lui ressembler. Beaucoup d'émotions, des joies & des peines, une voix riche et colorée, une personnalité attachante, une femme de coeur qui livre ses émotions avec juste assez de retenue et de sensibilité. Pourquoi résister ?

Mireille - La danseuse astronaute

L'auteure compositrice et interprète Mireille Bouchard lançait ce premier album à la Place des Arts il y a à peine quelques jours. La danseuse astronaute est un mini album de sept chansons qu'elle a écrites dans un contexte un brin surréaliste, leur assurant une facture unique teintée d'une poésie très touchante bien que débridée. Vous l'avez peut-être connue au sein du duo Arkane, originaire du Saguenay Lac St-Jean et qui a fait les beaux jours des salles de sa région natale.

Depuis quelques années déja, elle se produisait en solo, peaufinant son nouveau matériel et s'assurant de la collaboration de plusieurs gens du métier, notamment de l'auteur compositeur et musicien Yves Décary qui a assuré la co-réalisation de l'album avec l'aide de Laurie Ouelle, multi instrumentiste et amie de longue date de cette chère Mireille. Cette dernière insiste aussi sur le fait que la pochette de l'album qui fait 9 pouces par 9 pouces a été illustrée par Josiane Fortin qui en a fait une véritable oeuvre de création au même titre que les chansons de l'album.

Chaque pièce représente donc cet univers particulier que la chanteuse a voulu évoquer, quelque part entre le cirque et le surréalisme. Parmi les morceaux très réussis de l'album, j'aime vraiment beaucoup toucher des oreilles la pièce-titre qui est un univers en elle-même, mais aussi Comme une baleine boréale, Jos violon, etc. Tout le matériel est fort agréable, les textes sont savoureux et les musiques entraînantes puisent souvent dans l'univers du cirque ou des fêtes foraines.

Deborah Cher - Partie chercher quek'chose de chaud

Sa voix ne nous est pas totalement inconnue puisqu'elle a participé à la bande sonore de plusieurs émissions télévisées comme Les ex, Cultivé et bien élevé, Rumeurs, Temps dur et Un homme mort. C'est maintenant le moment de se lancer en solo, armée de plusieurs chansons au style jazzé qui sont très bien servies par sa voix suave et à son charmant petit accent à la Petula Clark. Ce premier album navigue entre la bossa nova, le cool jazz, le funk et la pop, avec quelques pointes d'électro et de reggae.

On retrouve la signature de l'artiste au niveau des textes sur la moitié des chansons 6), alors qu'elle a participé à la création de la majorité des musiques, incluant l'unique chanson (officielle) anglophone du disque, Visible, invisible. J'ajoute donc qu'il y a une chanson cachée sur la onzième plage, aussi e anglais, intitulée Searching for the Light. Parmi les invités, on retrouve Pierre Bertrand (Beau Dommage) qui lui a offert Fille bohème, un style reggae rapide et entraînant, mettant en vedette des cuivres à fortiori très présents sur tout l'album. Surprise aussi, elle reprend la chanson Les vieux qui avait été écrite par nulle autre que notre Mitsou nationale (avec l'aide de Sari Dajani) pour son album Le Tumulte, La Tendresse, La Sérénité paru en 1999. Un reprise très bossa nova qui donne un nouveau souffle à cette pièce un peu oubliée.

Puisque la musique sud-américaine prend une grande place sur cet album, Deborah a choisi de rendre hommage à l'un des piliers de la musique brésilienne, Antonio Carlos Jobim, celui-là même qui avait écrit La fille d'Ipanéma dans les années 1950, en lui dédiant une pièce intitulée Chanson pour Antonio.

Le disque a été réalisé par Sari Dajani, produit par PSD Inc, lancé sur l'étiquette musik2musik (sous licence) et distribué par Select. Les musiciens qui ont collaboré à l'album sont Yvon Plouffe (Roch Voisine), Maurice Soso Williams (Ariane Moffat), Jean-François Gagnon (Claude Dubois) et Sari Dajani (Karen Young). Un premier extrait a été récemment lancé pour la radio, soit la première pièce de l'album: Cinq heures du matin. Pour en savoir plus : www.myspace.com/deborahcher.

Les nouveautés du mois d'avril


Exx-Traddition - L'album carreauté

Mélange de musique traditionnelle et de bon vieux rock, le matériel du groupe surprend de prime abord, on a l'impression qu'il nous est lancé par un chanteur de hard rock. Après quelques tounes, une fois habitués à la voix particulière de Carl Martin, on réalise que le groupe a produit là un excellent album, très musical avec des arrangements soignés. Outre Carl (voix, mandoline, glockenspiel), on retrouve Pierre Noël (basse, guitare, voix), Simon Lemay (guitares, voix, mandoline, ukulélé) et Véronique Blais (flûtes, harmonicas, voix, mélodica, etc).

L'album a été réalisé par le groupe lui-même avec l'aide de Pierre Messier et s'affiche comme une auto-production du groupe. Bien que toutes les pièces me rappellent de bons souvenirs, un peu à la façon qu'avait Garolou de reprendre le matériel traditionnel, il y en a quelques-unes que je suggère pour s'initier au matériel festif d'Exx-Traddition, soit Miss météo, la festive Port d'attache, la fort agréable Entre les branches et La cour des miracles.

A une époque où plusieurs groupes donnent dans la musique traditionnelle, c'est rafraîchissant d'entendre un groupe qui a réussi à fusionner ce genre musical avec des éléments plus modernes comme les boucles à l'ordinateur. J'aime beaucoup les passages de flûte qui donnent le ton tout au long de l'album et font partie du style Exx-Traddition.

Christine Laville - Mon plus beau voyage

Ici au Québec, on a souvent entendu des interprètes qui reprenaient le matériel des grands de la chanson française, les Brel, Ferré, Brassens, Aznavour, Dassin, etc. L'inverse est plutôt rare et c'est ce qui rend cet album de Christine Laville tout à fait unique. Habitant toujours sa France natale, elle nous visite régulièrement, et a commencé par s'intéresser aux chansons de Gilles Vigneault au point de vouloir en faire un spectacle complet. C'est alors qu'elle fait la rencontre du metteur en scène et directeur artistique Louis Saint-André à qui on doit entre autres le spectacle Le rendez-vous dans l'irréel. A titre de références, Louis a aussi travaillé avec Céline Dion et signe la mise en scène du spectacle actuel d'Isabelle Boulay.

Avec l'aide de Louis, elle a plutôt monté un récital qui allait toucher plusieurs des plus réputés artistes de la chanson québécoise. Imaginez réunis sur un même disque les chansons de Gilles Vigneault (Les gens de mon pays, La danse à Saint-Dilon), Clémence Desrochers (L'homme de ma vie), le duo Plamondon Cousineau (Le voyage à Miami), Pauline Julien (L'étranger, L'âme à la tendresse), Claude Gauthier (Le plus beau voyage), etc. Petite anecdote même, la chanson La croqueuse de 222 qui avait été popularisée par la grande Pauline Julien avait été écrite par Michel Tremblay et mise en musique par un certain Pierre Leduc, un petit cousin à moi.

L'album de Christine a pris le titre de Mon plus beau voyage, du titre de la chanson de Gauthier, alors que le disque au complet est dédié à Pauline Julien qui a été pour Christine une grande source d'inspiration. Plusieurs des chansons de l'album ont été popularisées par la grande artiste québécoise, notamment Une sorcière comme les autres écrite par Anne Sylvestre.

Artiste jusqu'au bout des doigts, Christine est aussi comédienne et metteure en scène. Sa voix est très agréable, le ton est juste et on décèle à peine un petit accent qui n'est pas d'ici mais qui est tellement charmant. Elle prouve hors de tout doute que le matériel des chansonniers Québécois peut être très bien servi par une interprète de grand talent. J'aime particulièrement le côté exotique du Voyage à Miami et la belle profondeur d'Une sorcière comme les autres, une chanson extrêmement puissante dans la bouche d'une femme de talent. Un bel album qui sera difficile à trouver ici mais dont vous pouvez entendre quelques extraits sur le site MySpace de l'artiste.

Maken Kozapo - Le zèbre

Il s'agit ici du premier album pour le groupe rock Maken Kozapo, remarqués lors du concours Cégeps en spectacle, notamment au Cégep de Saint-Laurent et à la finale montréalaise. Le groupe est formé de quatre jeunes musiciens (à peine 18 ans) mais déjà ils se connaissent et jouent ensemble depuis 7 ans. Lors de leur lancement, le papa du guitariste Patrick Francke Sirois était un spectateur très assidu alors qu'il devait se remémorer ses premiers pas sur scène, je parle ici de Richard Z. Sirois.

L'album regorge d'énergie et d'arrangements originaux, je pense entre autres à Miss parano, Tango de blanc, Orgasme, Désert d'enfer, La lune dort, Fée imaginaire, etc. Le groupe est formé de Maxime Landry (voix, guitare, piano) Patrick Francke Sirois (guitare, voix), Charles Prénoveau Giguère (basse) et Jean-Sébastien Massol (batterie).

Leurs influences puisent dans la musique rock britannique, on note plusieurs passages instrumentaux de même qu'une belle aération de l'ensemble. La voix du chanteur nous déroute de prime abord, mais on se fait vite à son timbre de voix particulier. La qualité des compositions et le dynamisme des musiciens devrait leur permettre de grandes choses, c'est la grâce que je leur souhaite. Pour en savoir plus sur le groupe, visitez leur Site Web Officiel ou leur MySpace.

Sébastien Lacombe - Impressions humaines

Le grand gagnant de Ma Première Place des Arts 2003 récidive avec un deuxième album qui continue sur la lancée du premier. Des compositions aérées, des textes forts habiles et des arrangements qui ont du punch. Un disque qui s'installe dans la continuité de Comme au cinéma qui lui avait permis de remporter plusieurs prix dédiés à la relève québécoise, des honneurs comme Sacré talent 2006 (Espace Musique) en plus d'être finaliste au grand prix de la relève Archambault 2007.

Les chansons s'inscrivent dans le registre du folk rock avec des arrangements bien élaborés pour appuyer la poésie de l'artiste. Je connais le travail de Sébastien depuis 5 ans maintenant et ses chansons avaient une couleur bien particulière même seules à la guitare, les versions sur disque arrivent à garder cette couleur malgré les moyens techniques et instrumentaux qui sont pas mal plus élaborés, c'est une belle qualité du travail de réalisation.

L'album est disponible sur étiquette Atlantis, distribué par Sélect. Il a été réalisé par Cristobal Tapia de Veer qui a aussi contribué aux arrangements et contribué les percussions. Plusieurs des musiciens de l'album se sont joints à lui sur scène ce soir, notamment Jean-François Déry (basse, voix), Simon Charrier (guitares), Alain Bastien (batterie), Charles Imbeault (trompette) et Kim Neundorf (clavier). Pour l'occasion, Sébastien a offert un bouquet de 6 chansons tirées de l'album, soit Vais-je te revoir, T'en trouveras pas, Bernie, De toi pour un dîner, Superzéro et Le seul célibataire. Le premier album de Sébastien avait trouvé le chemin des palmarès grâce aux qualités de chansons telles Aquarium et C'est tragique l'Amérique, espérons que les radios commerciales ouvriront à nouveau leurs ondes au talent mélodique et poétique de Sébastien.

Alexandre Désilets - Escalader l'ivresse

Au cours de l'année 2006, le talent d'Alexandre lui a permis de se rendre en finale au concours Ma Première Place des Arts où il remportait le prix de la meilleure chanson et au Festival en Chanson de Petite Vallée avec la palme de la meilleure interprétation. Pour terminer cette année fort fébrile pour lui, c'est au Festival International de la Chanson de Granby qu'il remporte les grands honneurs. Nous sommes en septembre 2006 et Alexandre entreprend désormais le chemin qui l'amènera à présenter un premier album complet de ses chansons en cet ensoleillé après-midi d'avril.

L'album s'intitule Escalader l'ivresse, petit jeu de mots qui permet peut-être de comparer son parcours artistique à une expérience aussi grandiose et difficile que celle d'escalader les plus grands sommets. On peut y retrouver 8 pièces dont la chanson qui l'avait fait remarquer dans tous ces concours, J'échoue. Parmi les autres pièces, on peu retenir Trafic aérien, I cry (en anglais) et L'éphémère qu'il a interprétées lors du lancement.

Tout au long de l'album, Alexandre chante et fait des voix, la subtilité est importante puisque sa voix, lorsqu'elle ne chante pas des textes, sert d'instrument de musique et passe une multitude d'émotions. On avait même remarqué la beauté de "l'instrument" sur le récent album de Catherine Major pour la pièce La voix humaine, magnifique exemple des capacités vocales d'Alexandre.

Côté musical, on retrouve des styles éclectiques, du drum n' bass, du trip-hop, du dubstep et de la post-pop, rehaussés d'arrangements novateurs qui savent mettre en valeur la voix d'Alexandre. Disponible sur étiquette Maisonnette, le CD a été réalisé avec l'aide de Jean Massicotte qui a aussi travaillé avec Patrick Watson, Pierre Lapointe et Jean Leloup (pas mal comme carte de visite).

Les nouveautés du mois de mars


Claire Vezina - Cyber Neptune

L'auteure compositrice nous présente son quatrième album, faisant suite à Alambic, paru en 2003. Après avoir composé plusieurs des chansons de l'album, elle a réalisé à quel point deux pôles s'y retrouvaient, d'un côté l'urbain et de l'autre l'aquatique, pôles caractérisés par les mots Cyber et Neptune qu'on retrouve dans le titre de l'album.

La dualité se retrouve aussi au niveau des instrumentations, qui se veulent à la fois modernes et très années 2000, avec percussions et loops, et de l'autre avec l'apport plus classique (ou progressif) du piano Rhodes qu'elle a redécouvert pour l'occasion, un piano ayant appartenu au claviériste du groupe de musique progressive Sloche dans les années 70 (Réjean Yacola).

Écouter les chansons de Claire, c'est se laisser bercer par une voix chaude et colorée, une voix qui lui est unique, parfaite pour chanter le blues et les textes mi-amers de ses chansons. Des sujets qui vont de la légende vendéenne de Méluzine aux histoires urbaines comme Dans ton monde cyber et Il pleut sur la ville, aux propos plus poétiques de Naufrage, D'ouest une brise souffle et même quelques interrogations sur Soleil, Soldats et Tant de guerres (texte de Gerd Heger).

L'album a été réalisé avec l'aide de Serge Poulin (batterie, guitares, percussions, loops) et de Jeff Grenier (réalisation), Claire y assume tous les claviers et Marc-André Dubé est toujours fidèle à la basse. On retrouve aussi plusieurs guitaristes invités, Éric Savard, Richard Soucy et Christian Poirier ont contribué à leur façon, tout comme David Jacques au saz (sorte de luth à 7 cordes originaire d'orient).

Pour le moment, l'album est disponible par Internet, on peut le retrouver su CD Baby et sur ITunes. Pour en connaître plus sur la démarche de Claire lors de la production de cet album, je vous invite à lire l'entrevue que j'ai faite avec la charmante musicienne en cliquant ici.

Brigitte Saint-Aubin - Être dans ton salon

L'année dernière, Brigitte Saint-Aubin émettait l'idée d'aller présenter ses chansons dans l'ambiance intime du salon des gens qui seraient intéressés. Son gérant et ses producteurs ont embarqué à plein dans le projet qui a donné naissance à un nouvel album intitulé justement Être dans ton salon, contenant un CD de versions intimistes de ses chansons ainsi qu'un DVD relatant les différents spectacles donnés pour l'occasion. L'album double sera disponible avec l'achat de l'album Être déjà en magasin et qui avait été l'un de mes coups de coeur de l'année dernière.

Même que pour célébrer la sortie du CD / DVD, Brigitte a donné un spectacle dans le salon de Dieu, soit l'Église du Gesù. Une soirée empreinte d'une grande beauté et de beaucoup d'émotions. Sur l'album comme je disais, des versions intimistes des chansons de Brigitte, formule guitare, percussions et voix, celles de Brigitte et de Joanna Peters. Une nouvelle chanson trouve aussi sa place sur l'album, soit Remonter ce qu'on démonte.

L'idée de base qui était de permettre à Brigitte de faire connaître ses chansons s'est vite transformée en une expérience humaine fort enrichissante à la fois pour l'artiste et pour les gens qui l'ont reçue chez elle. Le contact humain donnant un sens encore plus réel aux fort jolies chansons du répertoire de Brigitte.

Pascal Dugrenier - Direction nord

L'auteur compositeur interprète Pascal Dugrenier a choisi de vivre son rêve à l'âge de 36 ans, soit celui de graver un album de compositions, lui qui s'intéresse à la chanson depuis aussi longtemps qu'il se souvienne. Il y a maintenant 4 ans qu'il a l'occasion de monter sur scène pour défendre son matériel et la passion demeure aussi forte.

Il traite de sujets qui le touchent personnellement mais qui savent aussi toucher les gens. La mort et les départs (Salut Joe), le grand nord (Yukon est, Le roi du nord), la vie de tous les jours (Ma journée avec sa fille Alexia), la quête de soi (Devenir un homme, Rage de vaincre), etc.

L'album a été enregistré et mixé par le réputé Jeff Grenier et on le retrouve aux arrangements, à la guitare, la basse, les claviers et les choeurs. Pascal s'est aussi exécuté à la guitare et évidemment aux voix. Le style est folk rock, avec quelques accents trad et country. Il s'écoute très bien et nous offre de bons moments en compagnie de Pascal et ses passions.

Musa Dieng Kala - Exil

Auteur compositeur d'origine sénégalaise, il est installé au Québec depuis une quinzaine d'années déjà. Messager de paix, tissant des liens entre le Soufisme africain (il existe au Sénégal une confrérie soufis, la Confrérie Mouridiyya qui fût fondée au XIXème siècle par Sheikh Amadou Bamba) et son pays d'adoption, Musa Dieng Kala prône la recherche de soi et la quête spirituelle.

Sur cet album où on retrouve, sans surprise, de nombreux rythmes africains, il touche des sujets d'actualité, notamment sur l'excellente chanson Le Québec est mon pays. Comptant 12 chansons dont la majorité sont dans la langue de son pays d'origine, l'album Exil prône un retour à l'essentiel, la bonté, la tolérance et l'humilité font partie des valeurs profondes de cet humaniste au grand talent.
On ne manque pas d'éloge pour le matériel musical et l'homme qui est derrière, c'est une belle occasion de découvrir des instruments traditionnels de son pays, le houd et la kora.


L'album est disponible sur étiquette XXI, distribuée par DEP.

Claude Prieur - Mangez donc d'l'amour

Il a une façon bien à lui de jouer sur les mots, à la fois direct et discret, il n'enverra pas promener l'imbécile directement mais saura tout de même le faire réfléchir à travers des phrases pleines de sens et bien imagées, comme le titre de l'album le laisse comprendre.

Il a presque tout fait lui-même sur cet album qu'il a réalisé et qui a germé pendant plus de trois ans avant de voir le jour. J'avais eu l'occasion d'entendre plusieurs des pièces alors qu'elles prenaient forme et je suis bien heureux qu'elles puissent maintenant voler de leurs propres ailes.

Écouter et apprécier Claude Prieur n'est pas donné au premier venu, il faut faire l'apprentissage de son langage, autant verbal que non dit, pour comprendre ses états d'âme qui sont souvent véhiculés par une musique tout aussi loquace que les textes. Entre la poésie des Collections de papillons et les horreurs de la guerre dans Cage de poules, Claude touche une variété de sujets et ses musiques savent toucher la corde sensible.

Jelly Fiche - Tout ce que j'ai rêvé

La musique progressive a connu ses lettres de noblesse dans les années 70 avec des groupes comme Harmonium, Opus 5, Maneige, Contraction et combien d'autres qui ont comblé notre besoin de ce genre musical au Québec. Il faut dire que notre province était l'un des bastions nord-américains pour ce genre musical et plusieurs groupes anglais ont commencé leur invasion américaine en passant par Montréal (Genesis, ELP, Gentle Giant, etc).

On peut donc saluer avec beaucoup de plaisir ce groupe qui porte la flamme bien haut en offrant une enveloppe musicale digne des grands comme Genesis, tout en incluant un côté théâtral dans ces grandes fresques musicales qu'ils nous offrent. Je pense notamment à Dans la peau d'un autre qui m'a complètement chaviré. Il y a tellement longtemps que je n'avais pas trippé sur ce genre de pièce que je l'ai remise 5 fois de suite. Considérant que les deux parties font ensemble plus de 12 minutes, pas besoin de dire que j'ai été conquis.

De la pochette dessinée qui représente une vision de rêve, aux arrangements puisant dans le rock et le classique, le matériel de Jelly Fiche est percutant, original et emballant. Les membres du groupe sont Syd (voix, basse, percussions), Jean-François Arsenault (guitares) et Éric Plante (claviers, saxophone, programmation, etc). Il y a tellement de belles énergies musicales sur ce disque qu'il faut l'écouter plusieurs fois pour toutes les saisir.

Syd donne une prestation extraordinaire sur scène, telle que vue lors du lancement et du Festival de Musique progressive de Montréal en 2007. Cet album est déja sur ma liste pour le top 10 2008. C'est bon à ce point !

Monsieur Fortier - Animal de Company

Diplômé de l'école de la chanson de Granby en 2006, Martin Fortier continue d'avancer dans son projet musical en nous offrant un premier album à la ligne maîtresse bien définie. Animal de company (habile jeu de mots) commence par une petite litanie sur notre société, un slam intitulé Calotte. S'enchaînent ensuite plusieurs pièces qui s'attardent sur ce thème approprié, Smog s'attaque la pollution, Le bon monde est en bas fait une critique tous azimuths des imbécillités de la vie, Bête de $omme tombe à bras raccourcis sur le travail à la chaîne.

L'album continue sur cette lancée de bout en bout, les musiques sont au diapason des textes et servent à les mettre à l'avant scène tout en appuyant quelques passages qui méritent un peu plus de force de frappe comme "Bang dans le plexus, le stradivarius".

Pour cet album, M. Fortier s'est entouré de Josiane Laporte (percussions, batterie, suzaphone), Olivier Laroche (contrebasse, basse) et Patrick Murray (guitares, mandoline, banjo). Tous ont participé aux arrangements et on retrouve aussi la trompette de Bouchra Hanna Ouatik sur la pièce Les autruches.

La critique sociale de M. Fortier est enrobée de rythmes fort agréables, histoire de mettre une couche de sucre sur la pilule qui a besoin d'être avalée même si elle goûte mauvais.

Jean-Philippe Barrette - Humeurs et rumeurs d'ici et d'ailleurs

Il s'agit d'un deuxième album pour le jeune auteur compositeur originaire de l'Outaouais, cette fois réalisé par Jean-Philippe Lagueux (guitares, claviers), ayant collaboré avec plusieurs artistes dont Laurence Jalbert, Richard Séguin, Véronique Dicaire, etc. Ont aussi participé à l'album, Pascal Racine Venne (batterie, percussions), Louis-Philippe Quesnel (basse) et, évidemment Jean-Philippe aux guitares et à la voix.

Sur cet album, il nous présente quelques critiques de société, dont une sur le culte de la beauté (Le kiosque de beauté), sur la consommation (Les addictions), Il sait aussi présenter des états d'âme (les siens ou ceux des autres) comme Malade, Le nécrologue prémonitoire, Ton nouveau jeu, Comme je suis, etc. Les textes sont directs et on peut y retrouver d'agréables tournures comme "Sorti de mon hibernation, je traîne mon corps, de force, dans l'autre monde, votre monde".

Pour cet album, Jean-Philippe a voulu donner une tournure plus rock à ses compositions, avec des arrangements plus appuyés tout en restant adaptés aux messages qu'il essaie de passer. Le titre de l'album représente bien les différents sujets qu'il a choisi de mettre ensemble, des humeurs et des rumeurs, des histoires qui l'ont touché ou qui en ont touché d'autres. Un album qui s'écoute fort bien.

Noir Silence - Immortellement célèbre

La chanson Oublier joue déja sur plusieurs radios, déjà on sent la lourdeur du propos qui va alimenter ce nouvel album du quintette de la Beauce. Plus de dix ans après le premier disque du groupe, on retrouve le chanteur original, Jean-François Dubé, ainsi que les guitares stridentes de Jean-François Bernatchez et Samuel Busque. Complétant la formation, il y a aussi le pianiste Michel Lambert et le batteur Martin Roby.

L'album est basé sur le concept d'un blog créé par un être fictif appelé AleXtreme88. On y retrouve les états d'âme du jeune homme qui passe par toutes les émotions, le rejet des autres, le repli sur soi-même, le manque d'amour, etc. Il vit dans un monde à mi chemin entre le réel et le virtuel, là où la violence n'a pas de vrai visage et où elle est beaucoup trop banalisée.

Il finira par passer de l'idée à l'acte et, dans le sillon de la tragédie de Polytechnique qui fêtait un triste 18ème anniversaire le 6 décembre 2007, et la tragédie du Nebraska où un tireur fou a sévi dans un centre commercial, il a choisi de devenir célèbre par ses actes gratuits.

Le sujet est évidemment difficile, très noir même, et la musique de Noir Silence l'appuie avec force et énergie. La voix de JF se fait rockeuse au point qu'on ressent la douleur avec lui, elle sait aussi se faire frémissante dans les moments de folie. Avec Immortellement célèbre, le groupe nous laisse un héritage important, les albums concepts étant quand même assez rares au Québec. On devrait les retrouver sur plusieurs scènes estivales du Québec et il sera intéressant de voir comment ils présenteront ce matériel qui n'est pas tout à fait festif de nature.

Céline Faucher - A la rencontre de Pauline Julien

Depuis que je connais Céline et son grand talent d'interprète, il était clair que le répertoire de Pauline Julien l'attirait particulièrement. Il y a deux ans environ elle a décidé de monter un spectacle hommage à la grande dame de la chanson et a ainsi eu l'occasion de chanter Pauline dans plusieurs endroits importants au niveau de la culture québécoise, incluant la maison des Leclerc à Trois-Rivières et l'Espace Félix Leclerc de l'Île d'Orléans.

La demande se faisait pressante de pouvoir retrouver ce matériel sur disque, ce que Céline a fait en enregistrant ce bel ouvrage qu'elle nous offre maintenant. Comportant 16 chansons qui ont été portées par Mme Julien, notamment les As-tu deux minutes, La croqueuse de 222, Peine d'amour minable, L'étranger, Une sorcière comme les autres et la pièce de résistance, L'âme à la tendresse.

Sur l'album, on retrouve son fidèle musicien Marc-André Cuierrier au piano et aux accompagnements vocaux, mais encore et surtout la magnifique voix, claire et limpide, de Céline Faucher. Cette interprète m'a toujours fasciné par la justesse de sa voix mais aussi par sa façon de faire sien le matériel qu'on lui offre ou qu'elle choisit. Ce disque en fait encore la preuve et c'est avec beaucoup d'émotion qu'on redécouvre (ou découvre) les chansons de Pauline Julien, des sujets qui n'ont pas vieilli quand on pense à L'étranger, plus que jamais dans l'actualité.

Pascale Borel - Oserai-je t'aimer

La française Pascale Borel faisait partie du groupe Mikado, figure culte des année 80 dans l'hexagone. L'aventure aura duré une dizaine d'années puis le groupe s'est dissous, laissant Pascale Borel poursuivre sa carrière en solo. Depuis 2001, elle travaille avec l'auteur compositeur Jérémie Lefebvre qui rêvait justement d'écrire pour une femme.

Le duo a créé de fort jolies chansons pour cet album intitulé Oserai-je t'aimer, du titre de la première chanson qui ouvre le disque. On y retrouve le duo qui s'échange des textes à la fois humoristiques et sensuels. Un petit bijou sur un air sud américain (de bossa nova) qui alimente la relation entre une française et un italien qui se promettent amour et volupté.

Bien que les textes portent à sourire, le fond n'en est pas moins bien ancré dans la réalité, le besoin de faire le vide et de s'évader (Si j'étais une vache), la peur de grandir (12 ans), la séduction (Alicante) et que dire de la version toute française et intimiste de Into the groove, l'un des hits de Madonna dans les années 80. Plus qu'une reprise, il s'agit d'une adaptation de type berceuse (avec les petites cloches et tout) et le charmant petit accent qui fait que les "the" deviennent des "ze" dans la bouche de Pascale.

L'album est maintenant disponible au Québec, précédant probablement la venue de la jeune femme au Québec d'ici la fin de l'année.

Guy Bélanger - Guy Bélanger

Il est celui qu'on appelle quand on veut un joueur d'harmonica de grand calibre. Il a donc joué avec la plupart des grand bluesman du Québec et même à l'extérieur. Il a aussi co-écrit la bande sonore du film Gaz-Bar Blues, ce qui lui avait valu plusieurs prix, notamment un Jutra en 2004. Cette fois, c'est son propre album qu'il nous invite à découvrir avec ce premier effort en solo. Naturellement l'harmonica y est au premier plan mais on y retrouve aussi beaucoup de guitares (celles de Claude Fradette, son comparse de Gaz Bar Blues) pour en faire un album bluesé à souhait.

Entre chants traditionnels (Danny Boy, ) et reprises de chansons anglophones (My baby don't tolerate, Lonely night in Georgia, Before you accuse me, Do it together, Mother she knows, The last song, Snow falling grey day), on retrouve une pièce du duo Bélanger / Fradette pour le film mentionné plus haut, mais remodelée pour l'occasion, soit Retour à Berlin. Finalement quelques chansons sont de Guy en solo ou avec d'autres collaborateurs comme Jackie O', For you, Strasbourg 4 A.M., Between friends et Tip of the hat.

Avec des collaborateurs comme Fradette, Bon Walsh, Kim Richardson, Gilles Sioui, Jimmy James et plusieurs autres, Guy Bélanger nous a concocté un album riche en mélodies qui permettent à l'âme de la musique de s'épanouir avec l'un des plus beaux instruments qui soient pour la faire ressortir, l'harmonica.

David Marin - A côté d'la track

Je connais David depuis sa victoire en 2004 au concours Ma Première Place des Arts à titre d'auteur compositeur. Dans son style particulier, il arrive à nous faire prendre conscience des travers de la société qu'on est en train de laisser aux générations futures, lui qui est né dans les années 70, où les rêves les plus fous étaient permis.

Pour ce premier album, il s'est entouré de plusieurs membres du groupe Karkwa dont les François Lafontaine (un Keith Emerson des claviers), Julien Sagot (percussions) et Louis-Jean Cormier (guitares, lap steel, etc). L'album a été réalisé par David avec l'aide de Louis-jean qui a aussi signé la plupart des arrangements. On note aussi la présence d'un vieux routier, la bassiste Mario Légaré (Octobre, Michel Rivard, etc) qui prend un plaisir communicatif à travailler avec plusieurs jeunes artistes avec qui il peut partager sa grande expérience.

Dans la plus pure tradition des auteurs compositeurs, les textes véhiculent des messages importants et David nous les présente dans un écrin musical fort bien appuyé. Les mélodies sont accrocheuses et mettent l'emphase sur les guitares de David et Louis-Jean, tout en utilisant de multiples instruments qui donnent de la couleur à l'ensemble, violon, harmonica, accordéon, etc. Le titre de l'album est fort bien choisi pour celui qui sait s'extraire du monde et ainsi jeter un regard objectif sur ce qui s'y passe.

Roucaute - Avant-scène

Il habite Marseille mais est originaire du Québec, étant né en pleine crise d'octobre (le 11 octobre 1970) à Montréal. Il revient souvent nous voir depuis et j'ai eu l'occasion de l'entendre lors d'une prestation au bistro Double Dose le mois dernier.

Avec une formation d'ingénieur en télécommunications, il ne reste pas trop longtemps à la même place ni dans le même métier. Il a travaillé à Brest, Poznan (Pologne), Marseille, Annecy et en région parisienne, en plus de son travail en télécomms, il a aussi été intervenant bénévole en milieu carcéral, animateur associatif et directeur de service éducatif. Avec ses différentes carrières, les sujets de chansons ne manquent pas et c'est en 2001 qu'il se décide à les proposer sur scène.

L'album que j'ai sous la main est le plus récent qu'il ait publié en France et on tombe vite sous le charme de sa plume qui sait se faire poétique et amoureuse. Gilles aime beaucoup raconter des histoires et il démarre normalement son spectacle avec un texte qui décrit une rencontre amoureuse, de façon très subtile et colorée. Les musiques sont surtout axées sur la guitare, surtout que l'album représente pas mal l'esprit du spectacle sur scène, incluant 3 guitares et une basse électrique.

De beaux jeux de mots, des airs qu'on aime fredonner, une autre belle découverte à faire quand il passe par Montréal.

The Blue Seeds - The Blue Seeds

Le CD ne sera disponible que dans quelques jours mais je tenais à en parler dès maintenant puisque je me tiens pas mal au courant de ce qui touche ce groupe depuis quelques mois déjà alors qu'on m'avait favorablement parlé d'eux. Je dirais qu'ils s'installent dans un courant musical de plus en plus présent au Québec, je pense à Arcade Fire, Pascale Picard et même Pastel qui lançait son premier album récemment.

Le Québec s'exporte de plus en plus du côté anglophone alors que nous avons déja conquis une bonne partie de la francophonie. Le marché est immense, l'offre l'est tout autant mais comme toujours le Québec sait se démarquer. A ce titre, l'album des Blue Seeds ne devrait pas faire exception. Le groupe formé de François Dufault (guitar & glockenspiel), Amélie Laflamme (voix, mélodica & piano), Marc Chartrain (batterie), Patrick Hamilton (basse & glockenspiel) et Roger Miron (guitare & lapsteel nous offre un album tout à fait magnifique.

Des musiques très solides et accrocheuses, un piano sublime dans Lost and delirious, une voix pleine de sensibilité, voilà qui devrait subjuguer le public et en faire de vrais fans des Blue Seeds. J'en suis !

Pour entendre (et apprécier) les Blue Seeds, mieux vaut visiter leur site MySpace.

Les nouveautés du mois de février


Manon D'Inverness - Duel de fous

Il y a près de 8 ans que nous n'avions pas de nouvelles de Manon sur disque, soit depuis la parution de son troisième album au titre de J't'arracherai l'amour en 2000. La voici donc qui nous présente la suite, cette fois sur la nouvelle étiquette Maraje Musique. Non, son public ne l'a pas oubliée, au contraire il attendait fébrilement ce nouveau matériel depuis que le belle interprète en avait parlé sur son site Internet.

Ce nouvel album ravira les fans de la première heure qui y retrouveront cette voix forte et colorée, capable de chanter l'amour avec douceur et la détresse avec douleur, tout en dosant le bon niveau d'intensité requis. Ils y découvriront aussi la réalisation d'un Pierre Duchesne (Claire Pelletier, Kevin Parent, etc) en plein contrôle de ses moyens et qui aura su mettre en valeur les musiques originales de l'artiste.

Justement, toutes les musiques sont de Manon, quelques-unes en collaboration avec Alain Bertrand, alors que les textes sont de son collaborateur Louis Mathieu. Pierre (Duchesne) s'est entre autres occupé des arrangements, de la réalisation, du mixage et du mastering. Ce dernier est reconnu comme un maniaque du son, un bidouilleur de première. C'est comme cela qu'il arrive à envelopper les musiques de sons originaux qui savent en rehausser la saveur et la couleur. Il utilise l'électronique pour appuyer la mélodie et non prendre sa place. Chaque élément sonore a donc sa raison d'être, toujours juste et jamais de trop.

Manon est de retour, elle est en forme et on l'attendait. Le plaisir croit avec l'usage ! Pour plus de détails et entendre le nouveau matériel, visitez son Site Web officiel.

Madcaps - Kiss the lion

Il s'agit du troisième album pour le groupe de Fred Pellerin, faisant suite à Whole world paru en 2003 et High paru cette fois en 2006. Ce nouvel opus s'intitule Kiss the lion et vient chambarder un peu les habitudes du groupe. Ils se tournent résolument vers le hard rock et laissent très peu paraître les influences funk de leur production précédente. Le nouveau matériel se classe donc dans la catégorie des AC/DC, Soundgarden et Red hot chili peppers pour ne nommer qu'eux.

Par bonheur, le groupe touche aussi au rock psychédélique qu'on associait aux Doors au début des années 70. C'est la chanson titre, Kiss the lion, qui en est le parfait exemple. Quelle belle façon de clore l'album de 13 chansons que de nous ramener vers cette époque pas si lointaine mais combien créative.

Enregistré au studio des disques Voxtone, l'album a été réalisé par Fred Pellerin avec l'aide de Glen Robinson (Xavier Caféine, Grimskunk) et le CD est naturellement disponible sur cette même étiquette (Voxtone), profitant d'une distribution pan canadienne avec l'aide de Fusion 3. Avec plus de 600 spectacles sous la cravate, le groupe entreprendra bientôt une nouvelle tournée du continent pour promouvoir la sortie de l'album. Ce sera à suivre.

Pour plus d'infos, on visite le www.madcaps.com

Stéphane Maleteau - Québécois Mondial

Une belle surprise que cet album double de Stéphane Maleteau. Il nous chante qu'il faut de la diversité et de la créativité dans notre monde musical et c'est exactement ce qu'il nous offre. Il nous raconte que l'album a été enregistré dans un studio mobile au cours de l'été 2007 à Gaspé, une ambiance qui semble avoir été bénéfique puisqu'il en a retiré 22 chansons. C'était trop pour un seul album, qu'à cela ne tienne, ce sera un coffret double, 11 chansons sur chaque CD.

Le premier prend le sous-titre de Celebraxion et se veut le plus festif des deux, même si les textes demeurent assez révélateurs de ce qu'il pense du monde de la musique ou de la société en général. Chaque chanson possède son petit riff accrocheur et je ne suis pas surpris d'apprendre que les radios régionales, communautaires et universitaires emboîtent le pas. Le matériel est de qualité et ne nous ramène pas un son omniprésent et souvent remâché.

Le deuxième CD reprend là où le premier s'arrête. Gratifié du sous titre Réflexion, il se veut un peu plus cérébral au niveau musical, mais les sujets restent au niveau de la société et du traitement des artistes comme des machines à sous. Il traite de différents sujets, de la science, des peuples fondateurs ou même de l'immigration et chaque fois ce n'est que du gros bon sens. Ce serait bien si le public pouvait accrocher sur l'enrobage des chansons qui se veulent très faciles d'approche et ensuite comprendre les messages qu'elles comportent.

Aux dernières nouvelles, il y aurait 9 chansons différentes extraites de l'album qui tournent sur différentes stations à travers le Québec. Celui qui fait le plus de tapage, c'est Ça va brasser et son message de gros bon sens. L'un des couplets qui m'interpellent mentionne "...on n'en peut plus des gens d'ici qui n'acceptent pas les gens d'ailleurs, on n'en peut plus des gens d'ailleurs qui savent même pas qu'on est ici...". Il y en a plein comme cela tout au long des 2 CDs, mais je dois tout de même avouer un gros coup de coeur pour le deuxième avec des chansons comme Moi aussi je l'aime mon pays, Chocolat, En solo en mono, de même que Souviens (et ses accents orientaux).

Un des belles découvertes de 2008 !

Caroline duLotus - duLotus

Voici un premier album pour Caroline, elle qui a cheminé pendant plusieurs années au sein de différents groupes musicaux, tout en améliorant sa technique en suivant des cours privés adaptés à son style majoritairement autodidacte. Elle aime le rythme et apprécie l'apport des instruments de musique, leur laissant donc fréquemment la place pour ajouter une touche de créativité ici et là.

L'artiste a signé la totalité des textes et la majorité des musiques, tout en laissant Alain-Guy Bouchard lui offrir la musique pour la pièce Nirvana en la. Les sujets vont de la recherche du nirvana (justement) à celle de soi-même (Je ne fais que passer, Sans le nommer, Qui a écrit). La musique et tous les arrangements prouvent que Caroline aime que ça bouge, que ça sonne comme on dirait. Et justement, ça sonne bien, c'est actuel tout en étant enraciné dans des styles plus conventionnels comme le country ou le folk. J'aime particulièrement le traitement fait aux chansons comme Docteur Éphrem et Ex nihilo.

On retrouve parfois un petit traitement électronique dans la voix, juste assez pour la camoufler un peu et créer un effet différent. Enregistré au studio Septième ciel d'Yvon Bouchard (à Baie St-Paul), l'album de Caroline a obtenu le soutien des musiciens Alain-Guy Bouchard (claviers), Philippe Bertrand (batterie, percussions), Simon Lapointe (flûte et contrebasse) et Jean-Félix Bélanger Auclair (basse). De son côté, Caroline a assuré la voix (évidemment) et la guitare.

L'ensemble est fort agréable, les musiques viennent nous chercher, la voix est bien placée, les textes intéressants, un belle production pour un premier album à compte d'auteur. Vous pourrez trouver plus d'informations sur le projet duLotus en visitant www.dulotus.com

Gérald Genty - Le plus grand chanteur de tout l'étang

Chanteur français originaire de Belfort, il lance maintenant sur le marché québécois son deuxième album au titre évocateur de Le plus grand chanteur de tout l'étang, un jeu de mots bien placé comme il s'en trouve beaucoup sur ce disque. Avec 14 chansons au style humoristique et dans un style musical un peu fleur bleue, le chanteur à la tête de beach boy espère bien percer le marché québécois.

Pour ce faire, il participera à la tournée des 3 gars su'l sofa à la fin du mois de février, en plus de donner son propre spectacle au Verre Bouteille le 18 février. Cette visibilité devrait permettre au public de découvrir les textes en surface légers de l'artiste, avant de décortiquer l'oeuvre et comprendre que les sujets méritent qu'on s'y attarde pour saisir le deuxième niveau. De la quête de Plaire aux rues d'Istanbul, on peut bien prendre un moment pour se délecter de ces petites chansons qui peuvent nous rappeler un Bobby Lapointe par exemple.

Je n'ai pas entendu l'album précédent de l'artiste, un CD au titre de Humble héros, mais je suis bien heureux de connaître celui-ci, peuplé de caïmans, d'avions, de moudjahidines et hôpitaux. Vous pouvez en apprendre plus sur l'oeuvre de cet artiste en visitant le www.geraldgenty.com

Mimosa - Méchant méchant !

L'énergisante Ines Talbi et son groupe Mimosa ont fait beaucoup de chemin depuis deux ans, se rendant en finale du fameux Festival de Granby en 2006, puis en remportant les Francouvertes l'année suivante en 2007. Ils ont donné des spectacles un peu partout, notamment aux Francofolies de Montréal et au Festival mars en chanson (Belgique). Je les ai aussi vus lors du Coup de Coeur Francophone l'automne dernier. Autant dire qu'ils ont le vent dans les voiles et que le moment était venu de capter toute cette énergie sur disque.

L'album Méchant méchant (tiré d'une phrase de la chanson Pourkoi) arrive donc avec ses pièces rythmées aux guitares acérées, mais aussi avec des pièces plus douces, représentant le côté plus intimiste de la chanteuse et de ses textes. Avec 12 chansons au menu, on touche au rock, au pop, au glam, au punk et à l'électro. Le côté flamboyant du groupe qui a une propension pour les costumes flashés (et de couleur rose), ressort surtout sur scène, mais on peut aussi le ressentir dans le traitement des textes et dans la voix d'Ines, de même que dans les arrangements pratiquement live des chansons.

Outre les 7 membres officiels du groupe, on retrouve Antoine Gratton au piano sur quelques pièces, lui qui a fait partie du groupe jusqu'à tout récemment et Yann Perreau (voix) qui a donné un coup de pouce sur la pièce Placebo. Je recommande fortement l'écoute de la pièce Ana qui nous permet de découvrir toute la profondeur du travail d'Ines Talbi.
Un groupe original, du matériel bien coloré et beaucoup de personnalité, découvrez Mimosa sur MySpace.

Pastel - Painting fears

Son nom de scène est très poétique (et c'est son véritable prénom en plus), sa musique l'est tout autant. Dans un style folk rock où le piano est à l'honneur, la jeune femme nous fait visiter son univers personnel avec des pièces écrites dans la langue de Shakespeare. Enregistré entre Montréal et Los Angeles, un pléiade de musiciens ont apporté leur soutien à la charmante artiste, notamment les Éric Boudreault (batterie), Jean-François Langevin (basse), Gilbert Krauze (piano), Jean-François Goyette (guitare, arrangements et co-réalisation), en plus de nombreux autres qu'il serait difficile de tous nommer.

Plusieurs de musiciens qui accompagnent Pastel ont tourné avec le spectacle équestre Cavalia pendant des années, ce qui prouve que la jeune femme sait très bien s'entourer. Après quelques écoutes, déjà la pièce titre (et celle qui ouvre l'album), Painted fears, s'est insérée dans mon subconscient avec son piano fort mélodique et son texte qui donne la substance à l'album, les petites peurs du quotidien et de s'y montrer sous son vrai jour. Je trouve aussi pas mal intéressant le traitement qu'elle réserve à Montréal et sa ville souterraine dans Montreal underground.

Elle qui avoue des influences variées comme Harmonium et Loggins & Messina, aura profité de son séjour à Los Angeles pour s'installer au studio Sound City, endroit mythique où ont aussi enregistré les Beatles et Nirvana. Autrefois instrumentiste et choriste pour le groupe Maïa, Pastel a trouvé une oreille attentive auprès des Productions BROS pour distribuer son album qu'elle a produit avec ses propres moyens. Pour en savoir plus et entendre son matériel, visitez son site MySpace.

Isabelle Cyr - Isabelle Cyr

Peu de gens savent qu'avant de devenir comédienne, celle qui a donné vie au personnage de Karmina a fait 11 ans de piano classique et qu'elle a toujours continué d'écrire des chansons. Il était donc normal qu'elle finisse par monter sur scène pour nous présenter ce matériel, ce qu'elle a fait lors du Coup de coeur Francophone l'automne dernier, une soirée fort appréciée je dois dire.

Elle passe maintenant à l'étape suivante, celle de présenter un premier album de compositions (paroles et musiques) originales. Le matériel contient des pièces dans les deux langues (anglais et français), elle qui a connu les deux réalités tout au long de sa vie. La musique puise beaucoup dans les sonorités du piano qui est son instrument privilégié mais je dois dire que les arrangements de cordes dans les pièces plus douces comme Too soon donnent beaucoup de rondeur au matériel qui nous est présenté.

La majorité des musiques sont de facture classique, le piano d'Isabelle est très fluide, les thèmes abordé vont de l'amour, celui du large et celui de l'autre, aux questionnements de l'artiste face à la vie en général. Pour la chanson I wish I knew, Isabelle a fait appel à la voix de son bon ami Fredric Gary Comeau, ce qui donne un fort agréable duo, autant sur scène que sur disque. On se laisse facilement ensorceler par la beauté des musiques et le côté poétique des chansons. Découvrez le matériel d'Isabelle en visitant son site Internet.

Djelem Project - A sky with no clouds

Travaillant maintenant sous le nom de Djelem Project, le groupe s'articule toujours autour du violoniste moldave Sergeï Trofanov, appuyé du réalisateur Claude Simard et de la chanteuse Sonya Sanscartier. Appuyés de nombreux musiciens ainsi que de Clayton MacDonald à la voix, le groupe nous offre un sixième album au titre de A sky with no clouds, reprenant le répertoire de plusieurs artistes anglophones comme America, Leonard Cohen, Neil Young, Joni Mitchell, John Lennon, etc, des "Gypsys dans l'âme" comme le mentionne la publicité du nouvel album.

Le résultat est surprenant, différent et majestueux. Moi qui suis un inconditionnel de la chanson A horse with no name (America) depuis maintenant 37 ans, c'est la première fois que j'entends une interprétation qui soit presque plus forte que l'originale. Ce n'est pas peu dire !

L'important c'est que le groupe ne s'est pas contenté d'enregistrer les chansons telles qu'elles, ils les ont décortiquées et ont ainsi pu déterminer les meilleurs arrangements qui permettraient de donner une teinte Djelem au matériel, sans pour autant en perdre l'essence. Le résultat est unique et magnifique, comme la voix de Sonya. Vivement recommandé !

Artistes Variées - Les jalouses du blues

L'idée a germé dans l'esprit du guitariste John McGale, anciennement du groupe Offenbach. Dans l'une des chansons du groupe, Gerry Boulet chantait "Les femmes sont jalouses du blues", il n'en fallait pas plus pour l'inciter à recruter 11 chanteuses aux carrières très différentes, d'Angel Forrest à Alys Robi, de Nancy Martinez à Johanne Blouin, de Melissa Auf Der Maur à Martine St-Clair.

Chacune reprenait une des chansons du groupe Offenbach à sa façon, selon son style. J'adore la version veloutée de Rock de v'lours (Angel Forrest), celle pleine d'intensité de Faut que j'me pousse (Martine St-Clair), sans oublier Les eaux qui dorment (Marie-Pier Perreault) et Câline de blues chantée par toutes les jalouses ensemble.

Comme pour la majorité des compilations de ce genre, les styles des chanteuses étant très différents les uns des autres, c'est un peu décousu quand on écoute les chansons l'une après l'autre. Je pense qu'il faut prendre chaque chanson une à une et voir comment chaque chanteuse a pu s'approprier le matériel choisi. Dans ce sens, le résultat est bien réussi et cela nous permettra d'entendre les chansons d'Offenbach encore longtemps.

IZA - India Zoulou Alpha

Le nom de l'interprète représente les trois lettres du titre de l'album, mais aussi une partie du prénom d'Isabelle Lafortune, celle qui est derrière ce projet. Lancé à compte d'auteur, cet album mérite de faire des vagues avec la qualité des textes et des sujets touchés, notamment sur les pièces Enfants sans frontières, La preuve et Bedin bedang.

Les musiques sont bien appuyées, passablement rock, la réalisation excellente pour un album autoproduit, et la chanteuse possède une voix bien colorée. Bien que ses textes soient passablement engagés, elle n'essaie pas de faire la morale mais bien de partager ses préoccupations avec le reste du monde.

Pianiste de formation, elle s'est entourée de collaborateurs comme le réalisateur, arrangeur, claviériste et saxophoniste Henri Fortier (Jonas, France D'Amour, Michel Pagliaro) et le batteur Angie Curcio (Céline Dion, Éric Lapointe).


La jeune femme a auparavant travaillé avec le groupe Kaliroots à titre de choriste et mérite maintenant de faire entendre son propre matériel au grand public.

Les nouveautés du mois de janvier


Anik Jean - Le ciel saigne le martyre

Le premier album suivait une ligne directrice qui la plaçait dans le sillage de Jean Leloup, celui-ci nous fait découvrir un son différent, celui d'Anik, maintenant entourée de Mark Plati à la réalisation et d'Earl Slick à la guitare. Parlant de pointures internationales, on retrouve aussi Mike Garson au piano ainsi que d'autres musiciens de marque comme Antoine Gratton (claviers), Sam Harrison (batterie), Jean-Sébastien Chouinard (guitare, basse), Alec McElcheran (basse) et Julien Blais (batterie).

Je disais donc que le son de l'album Le ciel saigne le martyre est différent du premier album et qu'on y retrouve une Anik plus rock tout en restant très mélodique, ce qui donne un son pop-rock très radiophonique. Ce n'est pas pour rien que le premier extrait Oh mon chéri a pris d'assaut les palmarès de la province. Le reste de l'album va dans la même direction.

J'avoue un faible pour les chansons plus soft de l'album, le style plus pausé de Des anges dans le noir, comme celui de Si parfait, ou même de Gaspésie ou elle parle de son coin de pays. J'ai toujours trouvé que les plus belles ballades nous venaient des rockers / rockeuses qui savent mettre leurs tripes sur la table sans que cela soit trop sirupeux. Anik est de celles-là et le mélange entre l'énergie des pièces plus fortes et l'intériorité des pièces plus douces rend cet album fort agréable à écouter du début à la fin.

Anique Granger - Pépins

Près de 4 ans après la séparation du duo Polly-Esther, Anique Granger nous présente un premier album solo qui est le fruit de son travail avec le co-réalisateur Shawn Sasyniuk qui a aussi joué de la batterie et de la guitare en plus de faire des voix sur l'album. Ce disque au titre de Pépins, qu'on peut prendre autant au sens figuré (les petits désagréments de la vie) et au sens propre (la semence d'un arbre a fruit), deviendra, on l'espère pour Anique, un magnifique arbre porteur de sa nouvelle carrière en solo et on lui souhaite de nombreux fruits pour le bien de nos oreilles.

Sur l'album, outre Anique (guitares) et Sasyniuk (batterie), on retrouve aussi Guy Donis (lap steel dobro, banjo, mandoline, voix), Daniel Boivin (basse, voix) et de nombreux autres collaborateurs de talent. Pour les voix, elle a obtenu l'aide de Geneviève Toupin et Tricia Foster. Parmi les chansons de l'album que j'aime le plus, on retrouve Le ruban de la cassette, L'Alaska l'été, Mes regrets, Tes twangs, et plusieurs autres. Je connais assez bien le matériel d'Anique pour l'avoir entendu assez régulièrement en solo, et sa façon de jouer de la guitare m'a toujours impressionné, cet album est donc placé sous le signe de la redécouverte en version band et j'en ressors avec une appréciation encore plus mordante de son matériel. J'adore !

Catherine Major - Rose sang

Voici un deuxième album par l'auteure compositrice qui s'était illustrée au Festival de Petite Vallée en 2002. Considérant que le CD précédent s'était mérité le prix du maire de Montréal aux Francofolies, de même qu'une mention Coup de Coeur de l'académie Charles Cros en Europe..

Presque 4 années plus tard donc, Catherine revient à la charge avec un deuxième opus tout aussi novateur. Elle a pris de l'assurance et ose s'aventurer plus loin dans sa recherche musicale. Elle signe toutes les musiques sur des textes d'Éric Valiquette, Martine Coupal, Jacinthe Dompierre et, évidemment, elle-même. L'album est réalisé de main de maître par Alex Mac Mahon qui signe aussi les arrangements.

Sur un fond musical riche et aéré, Catherine dépeint autant l'amour du grand air (Les grands espaces) que celui de l'autre, (Le piano ivre). Elle touche le quotidien et le spirituel, on sent que l'émotion est à son comble quand la voix d'Alexandre Désilets se joint à la sienne pour l'excellente chanson La voix humaine qui débute l'album. L'élan poétique est donné et la belle Catherine se donne à fond tout au long des 14 chansons de l'album. Fort impressionnant !

Pascal Lejeune - Le commun des bordels

Pascal est originaire de Pointe-Verte (au nord du Nouveau-Brunswick). Il vient tout juste de lancer un nouvel album à Montréal, bien que celui-ci soit déja disponible dans son coin de pays depuis le mois de septembre dernier. Intitulé Le commun des bordels, l'album comporte 13 chansons, toutes des créations de l'auteur compositeur

Grand amateur de Georges Brassens, quelques chansons de l'album nous rappellent ce grand disparu de la chanson française, notamment avec Agathe qui est en quelle que sorte la réponse de Pascal à la chanson Fernande du grand Georges. Spécialiste des jeux de mots, il nous offre des textes très originaux et des mélodies plaisantes, dans un style fort agréable pour ouïe.

Parmi mes pièces préférées de l'album (il y en a beaucoup), je retiens La galère, Le commun des bordels, Félix 2, Quitter Fleurette, J'en ai nul pore (sur la calvitie) et Une seule Nuit (aussi pour Félix). Une belle production qui jouera souvent au cours des mois qui viennent.

Tomàs Jensen - Quelqu'un d'autre

Après son aventure avec les Faux Monnayeurs, Tomás Jensen nous revient avec un album en solo qui ne décevra pas ses fans et qui risque de lui ouvrir de nouvelles portes. Le style rythmé et musiques du monde qu'on lui connaît ne s'est pas envolé, tout comme sa plume dénonciatrice, mais ces deux éléments sont mis au service de textes plus personnels et il touche même les relations humaines dans Ah l'amour et Tu t'en vas.

On le retrouve à chanter les louanges de sa ville d'adoption sur Montréal, tout en reconnaissant la profondeur des textes plus sérieux comme En dessous, Quelqu'un d'autre (la chanson titre) et A l'avenir.

Les musiques donnent dans la pop acoustique, entourée de claviers et de cordes, des sonorités urbaines et électroniques, un mélange pas banal du tout, un support musical qui me fait penser à Manu Chao et Didier Boutin. Pas surprenant qu'il bosse aussi sur le projet BOCA en France avec des musiciens associés à la Mano Negra, Tarmac, Manu Chao et autres créateurs dans le genre. Parmi les premiers albums de 2008, cela commence bien l'année.

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Michel Parent