Disques 2008



Les nouveautés du mois de décembre


Benoît LeBlanc - La voie des sources

J'avais couvert le lancement du disque l'automne dernier mais ce n'est qu'un peu avant le congé de Noël que j'ai eu l'occasion d'entendre toute la beauté de cet album qui est en fait le troisième de l'homme de mots qu'est Benoît Leblanc. Il les utilise pour toucher la corde sensible un peu comme le faisaient des auteurs compositeurs comme Claude Gauthier et Pierre Calvé ou, du côté de l'Europe, Brel et Ferré.

Avec 12 compositions et 4 poèmes dont la ligne directrice tourne autour de l'errance, que ce soit pour Le retour ou une visite à Pampelune en passant par Vézelay. On suit La voie des sources comme on suivrait une rivière qui se promène à gauche et à droite, qui côtoie des villages, des montagnes ou les étoiles. Une musique où le piano se fait caressant, parfois rassurant, où la guitare se fait l'instrument privilégié du Troubadour pour décrire la beauté fragile qui l'entoure.

Parmi mes coups de coeur, il y a Pampelune, La voie des sources, Y'a de l'eau, Athènes et plusieurs autres. En fait, à chaque écoute, le souffle des chansons éveille des sentiments fort agréables. Un disque d'une grande sobriété au niveau des arrangements musicaux mais d'une grande richesse poétique. Je salue au passage l'apport fort apprécié de Sylvie Laliberté sur la chanson qui clôt l'album de façon un peu humoristique, l'excellente Tu n'avais qu'à me dire.

Je vous suggère d'en écouter des passages au lien suivant !

Yves Lambert - Bal à l'huile

Monsieur Lambert, comme on aime bien l'appeler, nous offrait lui aussi un nouvel album un peu avant les fêtes, une façon à lui de célébrer l'arrivée de la nouvelle année avec de la musique festive à caractère traditionnel. Pour ce faire, il a enrôlé de nombreux amis artistes pour nous lancer quelques collaborations pas mal efficaces. Je pense à Lynda Thalie sur Mon mari est ben malade, Éric Lapointe pour L'ivrogne et le pénitent, à Marco Calliari et Barbillon, sans oublier toute la passion de Laurence Jalbert jumelée à celle de Mr Lambert sur Le pêcheur et le jardinier.

Parmi les autres invités, on retrouve The Duhks, Florent Vollant, Nathalie Choquette, Éléonore Lagacé, Juan Sebastian Larobina et Daniel Boucher. Une belle brochette qui donne une jolie palette de couleurs au répertoire choisi par Yves Lambert et son Bébert Orchestra.

Le concept de l'album rappelle les anciens bals des fêtes où seule la lumière des lampes à l'huile servait à éclairer les chaumières alors que la chaleur humaine servait à réchauffer les coeurs. Un peu tous les participants y allaient de leurs contributions en chansons à répondre que tous entonnaient en coeur. Certainement un album qui apportera son lot de bonheur tout au long de l'hiver. Une réalisation de François Lalonde.

Thievent - Ne tirez pas sur le guitariste

Auteur compositeur qui s'était démarqué au Festival de Petite Vallée au milieu des années 90, Jean-Luc Thiévent est aussi un guitariste hors pair a travaillé avec de nombreux artistes, incluant Jamil qui a fait appel à ses services non seulement à la guitare mais aussi aux percussions. Outre son travail de musicien, on le retrouve régulièrement à la console de son ou d'éclairage lors de nombreux spectacles.

Pour ce troisième album lancé l'année dernière, il a choisi de mettre en vedette le jeu de guitare qu'on appelle aussi "Finger picking", ce qui lui permet de nous offrir un album complètement instrumental comprenant 13 pièces originales ainsi que 4 musiques de Marcel Dadi (dont il avait fait la rencontre dans les années 70) et quelques autres reprises.


Les amateurs de guitare seront comblés par le style facile d'approche de cette musique qui, sans être facile à jouer, se laisse déguster à chaque note.
Je vous invite à découvrir cet artiste original au www.QuelVent.com

Paul Piché - Sur ce côté de la terre

Plus de dix années se sont écoulées depuis le lancement de son album précédent (Le voyage), le 9 du 9 1999. Revoilà donc le chantre du Québec qui nous offre dix nouvelles chansons qu'il a composées lui-même, certaines avec la collaboration de son fils Léo qui a aussi fait aussi partie de la Chango Family à titre de percussioniste. En fait, on le retrouve ici aussi aux percussions, de même que plusieurs musiciens qui travaillent avec Paul de très longue date, le guitariste Rick Haworth, le bassiste Mario Légaré, le claviériste Jean-Sébastien "Ti-Basse" Fournier le batteur Pierre Hébert.

La réalisation de l'album a justement été confiée à Rick Haworth qui l'a faite en collaboration avec l'artiste (Piché) lui-même que l'on retrouve aussi à la guitare. Dès la première chanson intitulée Arrêtez, on sent que l'énergie est toujours au rendez-vous pour celui qui a longtemps défendu la nature québécoise, que ce soit en réel (les rivières) qu'au figuré (notre patrimoine culturel). Le ton s'adoucit peut-être par la suite mais ce n'est que pour mieux saisir le message (Les ruisseaux, Les oiseaux blancs, Cette nuit nous appartient, etc).

Un nouvel album de Piché qui nous permet d'en saisir un peu plus sur l'humain qu'il est. Excellent du début à la fin !

Rock Harvey - Chansons noires et blanches

Il s'agit ici d'un deuxième album pour l'auteur compositeur, faisant suite à La cible paru en 2005. Cette fois, c'est à un concert piano voix qu'il nous invite, secondé par le pianiste Bruno Fecteau. Cet album est né à la suite de l’acquisition d’un super piano à queue par le Groupe Sismique de Québec et d’une idée de Richard Lavoie et Bruno Fecteau qui est aussi le réalisateur de l'album.

Hormis les chansons originales dont la majorité sont de la plume de Rock, on retrouve un texte de Marc Chabot sur une musique de Richard Séguin pour la chanson Saluer Baudelaire que Rock avait entendue à Petite-Vallée en 2006, ainsi que Voir un ami pleurer de Jacques Brel. Parmi les autres collaborations, je note la chanson Jacquel'Inn dont la musique est d'Éric Dion et le texte de Rock Harvey. Pour cet album, Rock doit beaucoup à Bruno Fecteau qui, outre la réalisation et le piano, a fait les arrangements et composé trois musiques, celles de Le Libraire, Les manies et Porte St-Jean.

Puisque l'instrumentation se résume au touche blanches et noires du piano, l'importance est mise sur la voix de Rock Harvey, chaleureuse et digne des grands interprètes français, de même que sur les textes qui peuvent parfois faire sourire (Le libraire, Les manies) ou toucher la corde sensible (Marie-Blanche, L'ensorceleuse, etc).

France D'Amour - Le présent

La chanteuse aux cheveux de feu présente son huitième album en carrière, faisant suite à Les autres, paru en octobre 2007. Cette fois, le concept prend une nouvelle tournure pour s'insérer dans la vague de reprises et de duos que l'on vit actuellement. Elle a fait appel à son public pour déterminer quelles chansons les gens voulaient ré-entendre et elle en a retravaillé les arrangements pour les moderniser sensiblement. Parmi ces pièces, on retrouve Mon frère, Que des mots, Ailleurs, Si c'était vrai, etc.

Elle a aussi fait appel au rappeur Imposs pour donner une couleur toute différente à Animal qui est reprise dans le style hip hop par le duo. Deux pièces originales font aussi l'objet d'interprétations en duo, soit Pourrons-nous jamais être amis ? (avec Steve Veilleux de Kaïn) et la chanson-titre Le présent avec Clément Jacques rencontré lors d'un événement dédié à la relève. Il faut rappeler que France est porte-parole pour le Grand prix de la relève Archambault depuis quelques années déjà.

L'album se présente comme un cadeau fait à ses fans pour leur rappeler de vivre le moment présent, comme elle l'a fait lors de l'enregistrement de l'album qui a été majoritairement fait devant public. Parmi les musiciens de l'album, on note Guillaume Doiron, Jean-François Beaudet, Christian-Marc Gendron et Steve Gagné, une réalisation de Guy Tourville.

Quand je parlais d'une façon originale de revisiter certaines chansons, France a eu l'excellente idée de créer un medley de plusieurs chansons de son répertoire (J'ai plus ma place, Solitaire, etc) en les utilisant pour illustrer le cheminement d'une jeune femme adoptée qui cherche sa voix dans la vie, L'histoire d'une fille est imprégnée d'une belle sensibilité et le texte qui l'accompagne nous permet de faire le lien entre les chansons choisies et le sujet de l'histoire.

Les nouveautés du mois de novembre


Isabelle Boulay - Chansons pour les mois d'hiver

La chaleureuse voix d'Isabelle vient nous réchauffer pour affronter les grands froids de la saison qui arrive. Sur un album qui offre un mélange de reprises et de chansons originales, elle pose sa voix tel un bon feu de foyer qui offre à la fois chaleur et réconfort. Ses interprétations des classiques de Cabrel (Hors saison), Gauthier (Marie-Noël) et Ferland (Je reviens chez nous) sont magnifiques. De quoi nous faire passer un hiver en harmonie avec la neige.

On retrouve 11 pièces toutes plus agréables les unes que les autres. Outre celles mentionnées plus haut, on peut entendre Patineur (Julien Clerc), Schefferville, le dernier train (Michel Rivard), L'amitié (Françoise Hardy), La balade du chien-loup (traduction d'une chanson de Leonard Cohen), Tennessee Waltz (en anglais de Eva Cassidy) ainsi que la pièce titre qui est issue de la plume de Steve Marin. Isabelle mentionne son attachement à la chanson de Rivard puisqu'elle terminait à peine son secondaire 1 lorsque la mine a fermé et que certains membres de sa famille y ont perdu leur emploi.

Réalisé par Marc Pérusse (Luc de Larochellière, Daniel Boucher), le disque Chansons pour les mois d'hiver est mieux qu'un album de Noël, ce disque s'écoutera toute la saison !

Bündock - Joyeux Noël

Après plusieurs années, le groupe Bündock a choisi de faire une retour sur disque pour nous offrir un premier album de Noël complet, un premier disque tout court après 20 ans de silence. On se souviendra que la pièce Fa la la était devenue un classique du temps des fêtes depuis que le groupe l'avait lancée dans les années 80, probablement simplement sur un 45 tours puisque la chanson n'était disponible sur aucun album du groupe.

Au courant des années 2008 & 2009, Pierre Bündock et Marc Durand (le producteur) se sont donc mis à la tâche de trouver d'autres chansons qui pourraient venir se joindre à leur classique pour ajouter un nouvel album de Noël original au patrimoine québécois. Comme il l'avaient fait pour Fa la la, il choisissent quelques airs traditionnels sur lesquels ils apposent de nouveaux textes en français. Dans cette catégorie, on retrouve Les douze jours de Noël, Le brasier d'amour, La belle Carole et Les fiançailles. En fait, la seule chanson qui soit complètement une reprise est L'enfant au tambour, refaite magistralement avec un son Bündock.

Je dois avouer que j'ai un gros faible pour Le brasier d'amour qui utilise une musique traditionnelle qu'on a maintes fois entendue en anglais sous le titre de Greensleeves. Qu'il fait bon d'en entendre une version dans la langue de Mollière ! Si on compte bien, puisque le CD compte 11 chansons, le groupe nous propose donc 5 chansons complètement nouvelles, notamment les Gloria, Joyeux Noël, L'étang, La table est mise et Le cadeau, cette dernière résultant d'une collaboration de Pierre avec son frère Michel au niveau du texte. L'avenir nous dira si l'une d'entre elles deviendra aussi populaire que l'est Fa la la, que j'ai encore entendue la semaine dernière dans une série américaine des années 80 (V).

L'album est maintenant disponible sur l'étiquette Unidisc et regroupe plusieurs collaborateurs dont les membres originaux de Bündock, Dominique Lanoie (guitares) et Marc Gendron (basse), ainsi que les invités Elle (voix), Mara Tremblay (violon) et Marie Bernard (ondes Martenot). Une belle production qui poursuit la légende de Bündock, cette fois avec du matériel original pour le temps des Fêtes.

Claire Pelletier - Six

Son dernier album de chansons originales remontait à 2004 alors qu'elle amorçait un virage qui allait lui permettre de passer d'un univers onirique basé sur des contes et des légendes à un monde plus moderne et plus près de ses préoccupations au quotidien. Elle complète ce virage cinq ans plus tard avec l'album 6 qui se veut résolument moderne tout en offrant un style poétique caractérisé par la voix douce et caressante de l'artiste.

De nombreux instruments viennent habiter le nouvel univers de Claire, notamment des claviers en tous genres, mais aussi des vibraphone, basse, instruments à cordes, guitares et on remarque même la présence d'une batterie, ce qui est assez rare sur les albums de Claire. Le son est au ainsi plus appuyé par moments, ce qui permet d'ajouter un sentiment de force et d'urgence sur certaines pièces dont le message est important et mérite d'être souligné. Puisque les légendes ont été mises de côté, ce sont les questionnements d'une femme moderne qui sont abordés: où s'en va la planète, la rivalité entre les gens, l'amour, le désenchantement, la guerre, etc.

Un album de 10 chansons pour lesquelles Claire et son conjoint Pierre Duchesne ont écrit toutes les musiques alors que les textes sont de la plume de Michel X Côté (4), Sylvie Massicotte (4) ainsi que d'un ami de la première heure, Marc Chabot (1). Le dixième texte, pour la chanson 6, est issu d'un exercice de relais avec 6 auteurs différents qui ont fourni chacun 2 vers. On retrouve Claire, Michel, Marc et Sylvie (déjà mentionnés plus haut), ainsi que Gaële et Monsieur Mono (Éric Goulet). Parmi les musiciens qui ont mis la main à la pâte, notons la présence de Jean-Sébastien Fournier aux claviers, François Lafontaine (Karkwa) aussi aux claviers, Simon Blouin à la batterie, Rick Haworth aux guitares, ainsi que plusieurs autres qui ont participé à différentes chansons.

Même si la ligne directrice musicale de l'album est plus moderne que les albums précédents, Claire et Pierre ont quand même choisi d'intégrer quelques instruments qui permettent de donner un son particulier à certaines chansons, je pense entre autres au clavecin sur Tarentelle, au glockenspiel sur Quelqu'un ici ainsi qu'à un instrument chinois, le guzheng, que l'on retrouve sur les quatre magnifiques chansons que sont Tarentelle, Tsingy, Nos coeurs d'enfants et Quelqu'un ici. Parmi mes coups de coeur de la première écoute, je retiens Tsingy créée en l'honneur d'une réserve naturelle protégée et Que les oiseaux reviennent afin d'éviter que la rivière La Romaine ne soit saccagée à jamais. Cette dernière chanson contient justement un passage pour lequel elle a fait appel à une choeur innu auquel ont participé Florent Vollant, Kim Fontaine et John Ambroise.

Comme pour tous les albums de Claire depuis 1996, on retrouve sa voix limpide comme de l'eau claire, une des plus belles du Québec si on veut mon avis. Avec ce sixième album, elle fête 30 années de vie artistique, une aventure qui avait commencé avec le groupe Tracadièche à la fin des années 70 et qui se poursuit encore aujourd'hui avec un album digne d'une grande artiste !

Locomotiv! - Marche!

Voici un groupe de rock formé d'anciens membres de groupes qui ont connu une carrière trop brève, je parle ici des 400 lapins, Ily morgane, Danny twang, Gyroscope, 54. Sq. ft. Trampoline et Le Mieux de la Mort. On retrouve donc Jérôme Turgeon (guitare, voix), Jean-Philippe Leclerc (guitare), Dan Villeneuve (basse) et Gabriel Tremblay (batterie) qui nous offrent un nouveau projet musical à quelque part entre Black Sabbath et Mogwai mais en français. Ajoutons qu'en spectacle, le groupe compte aussi sur Maryse Latulippe aux projections vidéo.

Locomotiv! se décrit comme: "... un véhicule de rock pesant et hypnotique. Entre Black Sabbath et Miles Davis, de Led Zeppelin à Sonic Youth, quand la musique rencontre le cinéma, quand l’harmonie côtoie la dissonance et que le chaos flirte avec la structure, la musique de LOCOMOTIV! émerge."

Ils ont raison, c'est énergique et planant à la fois, des riffs de guitares bien acérés, un total de 7 pièces qui font plus de 50 minutes, loin des standards radiophoniques et bien plus près d'une performance live où chaque musicien a l'occasion d'y mettre le paquet. L'album démarre sur les chapeaux de roues avec Tomber pour ne jamais ralentir par la suite, pour pour une pièce au titre de Au ralenti. Je salue au passage le juste titre de Vis sans fin qui fait plus de 10 minutes et qu'on ne voudrait pas voir se terminer. Du bon rock que je vous disais !

Si vous voulez les entendre et vous faire votre propre idée, visitez-les au www.locomotiv.ca.

Annie Caron - Un monde idéal

L'auteure compositrice Annie Caron lançait cet album l'année dernière mais ce n'est que maintenant que j'ai pu mettre la main dessus. Un album dont la thématique tourne autour de la capacité de l'être humain de vivre et d'accepter les différences, autant raciales que religieuses, mais aussi de vivre en harmonie tout en permettant à chacun de réaliser ses rêves. Un monde où la famine aurait disparu et où la justice serait juste, ce qui n'est pas peu dire.

Ce monde-là est-il juste utopique ou est-il possible un jour que les 99% des humains de la planète qui en rêvent puissent prendre leur destin en main pour le réaliser ? Annie n'apporte pas de réponses toutes faites mais elle pose les bonnes questions. Le ton de l'album est positif autant dans la forme (la musique) que dans le contenu (les textes). A-t-on le droit de passer outre l'espoir ? Certainement pas, surtout quand on vit dans un monde qui a plein de défauts (Inacceptable) et qui valorise la perfection physique (Femme), que de contradictions !

Sur cet album bien fignolé, elle a obtenu la collaboration de musiciens reconnus, comme Jean-François Beaudet (guitares) et Mélissa Lavergne (percussions) qu'on voit régulièrement à Belle et Bum, de même que le pianiste Philippe Noireault, le guitariste Simon Proulx, le batteur Alexis Martin et le bassiste Fred Boudreau. La liste des musiciens est beaucoup plus longue, disons donc simplement qu'Annie est fort bien entourée.

Pour bien saisir l'état d'esprit qui anime Annie sur cet album, il suffit de regarder le recto et le verso de la pochette (ce que vous pouvez faire en glissant votre souris sur l'image de droite) et en la visitant sur mySpace.

Max Ricard - Chez les fantômes

Voici un album particulièrement intéressant de la part de l'auteur compositeur Max Ricard qui porte un regard tout de même assez critique sur les fantômes de notre société, ceux qui profitent de tout mais ne se font pas remarquer. Il peut autant traiter des parvenus qui auront plus à perdre que les autres (Les gagnants) que de Jésus lors d'une prise de conscience humanitaire (G-Zu), tout en se questionnant sur les bons conseils de tout le monde (Certains comme d'autres).

Pour ce deuxième album qui fait suite à Épisodes paru en 2006, Max a tout fait, de l'écriture paroles et musiques à la réalisation, en passant par l'exécution de tous les instruments. On y retrouve un son country blues qui se conjugue de façon très urbaine avec de nombreuses percussions hétéroclites et des incursions sonores qui semblent un peu aléatoires.

La pochette qui est faite de matières recyclées montre des fantômes un peu à la façon du vénérable jeu PacMan. Ricard fait preuve d'une conscience humanitaire sur plusieurs de ses chansons et il la met en pratique à ce niveau-là aussi, une fort jolie pochette pour un album original qui mérite d'être entendu. Vous pouvez le découvrir en le visitant sur mySpace.

Maroval - Moments Magiciens

Formé en 2002 à la suite d'une rencontre artistique entre les auteurs compositeurs et guitaristes Marie Delaval et Robert Marchand, le duo Maroval existe donc depuis près de 7 ans. Au cours de cette période, on a pu les entendre à différents endroits de la métropole, notamment au Bistro Le Maître Chanteur, au Petit Medley de même qu'à La Petite Marche de la rue St-Denis où ils organisent depuis plusieurs mois déjà, les soirées Paroles et Musique..

Pour ce premier album que le groupe nous présente, on retrouve 11 chansons articulées autour des mots de Robert et Marie qui ont su les mettre en musique de façon à la fois sobre et mélodique. Merci aux accompagnateurs que sont Jean-Marc St-Denis (guitares), Henri Oppenheim (guitares), Marc-André Cuierrier (claviers, accordéon, flûte traversière, clarinette) et plusieurs autres qui ont mis la main à pâte lors des différentes sessions d'enregistrement.

Dans les chansons de Maroval, les mots prennent la parole, ils peuvent être directs ou poétiques, mais toujours importants. Ils servent à véhiculer des moments de bonheur ou des prises de conscience, je pense surtout à la chanson titre, Moments magiciens, à Madame tout l'monde, La première fois, Voilée et Tout ce qui vit. Puisque les mots sont l'essence de leurs chansons, Maroval a choisi de les mettre en valeur sur leur album, à vous de les entendre au www.mySpace.com/maroval2007.

Marcel Beaulieu - Ainsi va la vie

Marcel Beaulieu est peut-être un auteur compositeur méconnu, mais il a écrit jusqu'à maintenant au dessus de 125 chansons originales dont certaines ont été présentées au public des soirées du cabaret Sur l'air des mots que j'ai eu l'occasion de voir au Pharaon Lounge il y a quelques années. Il a aussi eu l'occasion de présenter ses chansons au Petit Medley, au Quai des brumes (Montréal) ainsi qu'au Zaricot de St-Hyacinthe.

Pour faire découvrir ses chansons à un plus large public, il lance maintenant un mini-CD de quatre chansons qui se retrouvent aussi sur iTunes et y font belle figure en téléchargement. Un CD complet devrait voir le jour en 2010. Les enregistrements ont été réalisés au studio d'Alain Leblanc (Jean-Pierre Ferland, Stéphane Côté, etc) et on y retrouve un son qualifié de folk contemporain fort agréable.

Comme autant de petits moments de bonheur, on retrouve Elle lit Anaïs Nin, Ainsi va la vie, Perdu et Baby blues sur cet album qui témoigne de la délicatesse et de la sensibilité de l'auteur compositeur. En attendant la suite, allez l'entendre au www.MarcelBeaulieu.com

Jean-François Groulx - Eponyme

Il est reconnu comme l'un des musiciens du Québec, on a pu l'entendre jouer avec Louise Forestier, Edgar Bori, Brigitte Saint-Aubin et plusieurs autres. Il est aussi un musicien et compositeur de jazz fort doué et il nous présente maintenant, trois ans après la sortie de son album solo Passage, une oeuvre qui prend simplement son nom, un éponyme comme on dit.

Cette fois, il fait appel au bassiste Rich Brown et au percussionniste Paul Picard (sur 2 titres), pour nous livrer un 7e opus dont il signe aussi la réalisation. En provenance des Productions de l’onde, l’album de Jean-François Groulx réunit 11 tableaux instrumentaux qui portent également sa signature et reflètent l’étendue de sa palette musicale.

Comme toujours, Jean-François Groulx intègre parfaitement plusieurs influences (jazz, musiques du monde, pop, etc...). Il teinte ses compositions de couleurs variées et lumineuses. Le jazz constitue la toile de fond et le principal terrain de jeu. L'album nous montre un paysage sonore à la fois "groundé" et aérien. C’est ainsi que les musiciens se faufilent avec aisance d’une ambiance à une autre, d’un rythme à un autre.

Grand amateur de jazz, Jean-François en profite pour rendre hommage à deux géants du genre musical: Duke Ellington (For Duke) et Elvin Jones (Elvin’s Mood). Profitez de cet album pour découvrir tout le registre musical de Jean-François.

Ian Fournier - Émile Nelligan, Ma pensée est couleur...

L'auteur compositeur de la Montérégie nous présente un quatrième album en carrière, faisant suite à Devenir Lumière (2002), Firanournie (2004) et Sapiens (2008). Cette fois Ian a puisé dans le répertoire de poèmes d'Émile Nelligan pour créer la trame textuelle de ce nouveau CD. Il a enrobé les textes du poète de ses propres musiques sur cet album intitulé Émile Nelligan - Ma pensée est couleur... cette dernière phrase étant tirée d'un des textes repris sur l'album.

Ian s'est attardé à l'oeuvre de Nelligan après avoir lu, entre autres, le livre Nelligan n'était pas fou ! C'est là qu'il a trouvé l'inspiration et la motivation de faire revivre cet univers. On retrouve donc 16 chansons ou prime la guitare (acoustique, classique) de même que la mandoline, toutes jouées par Ian lui-même, accompagné à basse par Sébastien Blackburn.

L'artiste joue aussi le rôle de producteur dans cette réalisation indépendante qui mérite amplement qu'on s'y attarde. On peut entendre et acheter le nouveau disque (ainsi que les précédents) en visitant le site Internet de Ian Fournier au www.IanFournier.com.


Les nouveautés du mois d'octobre


Arapacis - Consequences of Dreams

Groupe de Montréal qui oeuvre dans le style métal progressif en anglais, Arapacis est majoritairement centré autour du guitariste et compositeur Jerry Fielden et de la chanteuse Elizabeth (Lizzie) Fyre. On y retrouve aussi le bassiste Eric Litinas et le batteur Pedro Osorio.

Consequences of dreams est leur deuxième CD de chansons originales, faisant un bonne place aux guitares tonitruantes et permettant à la voix de Lizzie d'évoluer dans plusieurs sphères du rock lourd (la pièce-titre, The green fairy, Haunted forests, etc), de la ballade (Death of loneliness) jusqu'aux cris du corps émanant lors de passages particuliers de Solitary abode.

Doté d'une pochette magnifique, l'album plonge l'auditeur au milieu de ses rêves et de ses cauchemars, pour le meilleur et pour le pire. Lancé au début du mois, le groupe prépare une série de concerts pour promouvoir l'album, notamment le 12 décembre prochain au Pub O'Hara's de Montréal.

Réalisé par Jerry Fielden qui est l'âme du groupe depuis de nombreuses années, grand amateur de Deep Purple et autres groupes du même genre, l'album est lancé sur l'étiquette Femme Metal Records et on peut se le procurer en communiquant avec le groupe via leur site internet.


Sophie Lemaire - Toujours dimanche

Sophie nous propose un premier album qui comporte 10 créations originales, des chansons qui ont pour but de nous réchauffer, ce qu'elle réussit très bien grâce à sa voix et son style tout en douceur. Parmi ses collaborateurs, on retrouve Edgar Bori, Rachel Baz et Ariel Prat, elle-même signant la majorité des textes et des musiques.

Même s'il s'agit d'une première sur disque, Sophie Lemaire a une feuille de route bien garnie: finaliste de Granby (grand prix de la chanson primée en 2001), elle a travaillé avec Francis Cabrel aux Rencontres d'Astaffort, l'argentin Juan Carlos Caceres, l'ensemble Quartango, etc. Inutile de dire que toutes ces expériences auront servi à façonner son matériel musical où l'on peut reconnaître des influences musiques du monde, classiques et chanson française.

Co-réalisé par Edgar Bori et Jacques Laurin, l'album regroupe des musiciens de grand talent, tels Jay Atwill (guitares), Mathieu Désy (basse, contrebasse) et plusieurs autres. Un album doté d'une grande sensibilité, doux comme un beau dimanche ensoleillé. Outre la chanson titre (Toujours dimanche), je recommande l'écoute de Petite histoire inachevée et Calle de los tres hermanos.

Alcaz - On se dit tout

Le duo marseillais lance finalement qu Québec cet album qui fait son chemin en Europe depuis quelques temps déjà. Habitués de la scène montréalaise (Francofolies 2008) et de la province, ils seront présents lors de la prochaine édition des Coups de Coeur Francophones en novembre prochain.

Un couple dans la vie comme sur scène, Jean-Yves Liévaux (voix, guitares) et Vyvian Cayol (voix, guitares, cazou) ont enregistré cet album en majorité aux États-Unis, au studio Philadelphonic de Philadepphie, tout en faisant masteriser le tout à Montréal. Au total on retrouve 12 chansons originales de Jean-Yves ou Vyvian, en plus d'une reprise de Léo Ferré, la fort agréable La lune, fort bien interprétée dans le plus pur style du couple.

J'ai eu l'occasion de les entendre il a deux ans lors d'une de leurs visites au Bistro Double Dose, en compagnie de Sylvie Tremblay qui est l'une de leurs ambassadrices au Québec. Parmi les pièces qui m'accrochent dès la première écoute, On marche fragiles et On se dit tout sont de petits bijoux. Il y a aussi Marseille la nuit qui fait la promotion d'une visite nocturne de cette perle de la Méditerranée.

Venez donc les entendre au Lion D'or le 11 novembre '09, vous comprendrez !

Kevin Parent - Éponyme

Ce nouveau disque en français et presqu'un événement rare puisqu'il s'agit du premier CD de chansons originales dans la langue de Mollière depuis 8 ans. Ici, le son folk rock se fait parfois plus lourd comme sur la pièce Besoin d'amour qui est le premier extrait de l'album et qui s'est frayé un chemin jusqu'en première place du palmarès BDS il y a quelques semaines à peine. On retrouve 11 pièces en tout, traitant de sujets qui sont proches de l'artiste, son coin de pays (Mon pays, Ma Gaspésie), son entourage (sa chienne Cachemire qui le suit partout, Trop de ton temps, Prends-moi comme chus) et autres sujets touchants (Besoin d'amour, Provocateur, Le plus grand des hommes).

Kevin y signe toutes les musiques et tous les textes, confiant la réalisation aux frères Dominique et Sylvain Grand (Pascale Picard, Le Cirque du Soleil, etc), une production des disques Tandem.mu. Parmi les collaborateurs qui ont participé à l'album, on retrouve les Stéphanie Boulay et Anik Jean (voix), Jeff Smallwood, Pierre Côté et Rick Haworth (guitares), ainsi qu'une section de cordes sous la direction de Sylvain Grand.

Il est à noter que l'on retrouvera Kevin sur scène dès février 2010 alors qu'il entreprendra une tournée qui le mènera aux quatre coins du Québec. Entre-temps, on peut passer un moment fort agréable en dégustant cette nouvelle fournée de l'auteur compositeur gaspésien.

Olivier Novembre - Ne jamais se rendre

Il s'agit ici d'un mini album qui ne compte que 5 chansons mais qui vaut la peine qu'on le souligne afin de permettre à un artiste de la trempe d'Olivier Novembre de se faire connaître à plus grande échelle. Intitulé Ne jamais se rendre, le CD se veut un hymne à la résilience humaine face à l'adversité, celle de la vie ou celle de la guerre.

C'est justement la chanson-titre qui lance l'album avec force et courage, violons à l'appui. Elle est suivie de la pièce L'enfant-soldat qui est aussi l'hymne de la campagne Enfants-Soldats: Que fait la justice et pour laquelle tous les bénéfices provenant de la vente de la chanson seront versés à AMNISTIE internationale. Vous pouvez l'entendre et vous la procurer au lien suivant.

Outre l'engagement et la profondeur des textes, il vaut la peine de noter la qualité de cette production même s'il ne s'agit que d'un EP. Les pièces Je continuerai, En cette vie et Par la force complètent un mini-album important et humain.

Etienne Drapeau - Éponyme

Auteur compositeur prolifique, Étienne a écrit pour plein de jeunes artistes (notamment Carla dont il est en quelque sorte le mentor) et il en a quand même gardé quelques unes pour lui-même. Il y a quelques temps déjà, il nous présentait ce deuxième album, un éponyme faisant suite à Je l'ai jamais dit à personne paru en 2006.

Peuplé majoritairement de ballades dont les sujets tourne irrémédiablement vers les relations amoureuses, l'album compte plusieurs collaborations, dont celles de Sandrine Roy, Diane Cadieux, Roger Tabra, Jean-François Breau et Florence K au niveau des textes ainsi que Tino Izzo et Dany Langlais au niveau des musiques. Notons aussi au passage la participation de la jolie IMA sur la chanson Bella qui est certainement l'une de mes préférées de l'album avec ses rythmes latins. On retrouve aussi une interprétation du succès de Cookie Dingler, Une femme libérée, reprise avec des arrangements modernes tout en respectant les qualités de l'originale.

Pour les amateurs de ballades bien enrobées et bien interprétées, Étienne leur a concocté un album fait sur mesure.

Mathieu Laberge - Folk Country Blues

Mathieu Laberge aime la musique country et il travaille fort à nous la faire aimer nous aussi. En dépoussiérant des sons de notre jeunesse, il leur donne un petit quelque chose de savoureux qui agrémente notre plaisir de les redécouvrir. Parce que même si les chansons sont des compositions originales, le style nous rappelle les Lucky Luke et autres héros de notre enfance, arpentant le grand far west.

Mathieu a presque tout fait sur cet album, en plus de l'enregistrement et de la réalisation, il a joué les guitares (acoustique, électrique, classique, slide), la mandoline, l'harmonica, la basse, la batterie, les percussions, l'orgue et le piano. On compte quand même quelques collaborateurs comme Philish (voix et guitares) et Sébastien Tardif (voix, guitare slide).

J'ai un petit faible pour le Reel du réel qui lance l'album, ce qui explique peut-être pourquoi cela me fait penser à Lucky Luke, mais j'aime aussi des pièces moins légères comme Montréal et La ballade du cow-boy sans nom. L'album porte bien son titre, alternant entre le country, le folk et le blues, des styles qui se complètent à merveille et qui ont peu de jeunes représentants au Québec. Album bilingue, il s'inscrit bien dans la double culture de la métropole.

Les Handclaps - Ouh Ouh Ah !

Il fallait le faire, un album dont l'originalité tient dans le rythme qui fait taper dans les mains sur chacune des chansons. Demi-finalistes aux Francouvertes édition 2008, c'est ce qui permettait aux Handclaps de se démarquer des autres participants. Nous avons maintenant droit à 14 pièces dont le style entraînant permettra certainement de lancer les hostilités lors de partys bien arrosés. En bonus, la quinzième pièce est le premier extrait de l'album, Cacti are delicious fruit, remixée pour la radio.

Le groupe est formé de Hugo Clermont (guitare, programmation, voix, accordéon), Lorraine Muller (voix, saxophones) et Daniel Saucier (orgue clavier, voix, programmation). Pour cet album, ils ont pu compter sur plusieurs collaborateurs, trop nombreux pour tous les nommer ici, et c'est au groupe au complet qu'on doit la réalisation et la production du CD.

Entre l'anglais, le français, l'espagnol et même l'allemand, on retrouve une seule ligne directrice, celle faire danser l'auditeur sur des rythmes électro pop yéyé. Deux des membres du groupe mènent parallèlement une carrière de DJ alors que Lorraine Muller a aussi fait partie du groupe les Kingpins, inutile de dire qu'ils connaissent la musique qui fait bouger les pieds. Il ne faut pas trop s'arrêter aux textes, mais dans le fond, le but n'est quand même pas de nous faire réfléchir, n'est-ce pas ?

Michael Dozier - Here I am

Fils de James Dozier (The Avalons), Michael a passé la majeure partie de sa vie à interpréter des chansons de style soul et R'n'B, que ce soit lors de comédies musicales telles Les fous du rock and roll, Pianomen, Hit the road Jack (il y incarnait Ray Charles) ou plus récemment Esquire show bar dont il est l'un des concepteurs.

Cette fois, ce sont ces propres chansons qu'il propose à un public qui le lui réclamait depuis un bon moment. Plus de 37 ans après ses débuts, il regroupe 15 chansons dont 12 sont de son cru et qui ont vu le jour tout au long de sa carrière, et lance l'album au titre approprié de Here I am. Un album en anglais où il est accompagné de grandes pointures comme Kim Richardson (sur No secrets) et même son père pour le joli duo Father Oh Father.

En plus du style qu'il privilégie habituellement, il touche aussi une variété de genres, comme le funk, le pop, le jazz, le bossa et le blues, une belle palette qui permet de découvrir de nouvelles facettes de l'interprète. Justement, parmi les chansons qu'il a choisies de reprendre, on peut entendre The Bottle (de Gil Scott-Heron), Sittin' on the dock of the bay (de Otis Redding) et la fort jolie Alone again (naturally) de Raymond O'Sullivan.

Louis-André Bourque - Oiseau de malheur

C'est le printemps dernier que l'auteur compositeur, originaire de la Beauce, présentait son deuxième album en carrière, faisant suite à En bref, paru dix ans plus tôt. Espèce de mutant à mi-chemin entre Georges Brassens et Plume Latraverse, c'est avec sa guitare bien affûtée qu'il s'attaque aux vississitudes de la vie (Bon débarras, Le parano, La ballade des mauvais mariages, etc).

Il le fait avec des arrangements bien appuyés, habilement festifs, tout en pointant les portes de sortie comme la présence dans nos vie de gens qui, comme Simon de Cyrène, sont prêts à porter le poids de nos souffrances. Louis-André possède une poésie bien a lui, parfois ironique, souvent mélancolique, avec laquelle il nous emmène visiter ses propres jardins qu'il arrose parfois d'auto dérision et d'une bonne dose de sarcasme.

Sur cet album, il a obtenu la collaboration de nombreux musiciens invités. Outre les Pierre-Olivier Ouellet (accordéon), Jean-Philippe Gilbert (guitare, mandoline), Jérôme Hébert (réalisation, contrebasse, etc) et Maxime Drouin (batterie) qui l'accompagnaient sur scène ce soir, on retrouve aussi sur l'album les Benoît Paradis trombone, trompette), Marie-Pierre Lecault (violon), Sylvain Deschamps (co-réalisation, piano), Alan Jones (flûte, cornemuse) et Julie Houle (tuba).

Tout comme il le fait si bien en spectacle, Louis-André sait faire vibrer la corde sensible, il touche le coeur avec des directs bien placés et on se surprend à fredonner les chansons avec lui. Un artiste unique en son genre !

Jamil - A bas les roses !!!

Jamil nous revient déjà avec un deuxième album en deux ans. 52 semaines qui ont vu défiler des événements importants dans la vie de notre franco-marocain d'origine. D'abord un AVC qui le force à ralentir ses activités, puis un déménagement qui l'éloigne de la ville et de tout le stress qui l'accompagne. Il en profite pour nourrir ses cochons et ses poules, puis pour fouiller dans ses tiroirs et y dénicher des chansons qu'il avait enregistrées et laissées de côté, d'autres qu'il avait envie de faire siennes et de les graver sur disque, et voilà qu'un nouveau projet prend forme. Cette fois, c'est le côté tendre de l'artiste qui ressort, une facette de sa personnalité qu'il ne montrait pas souvent mais qu'il avait quand même laissée transparaître à l'occasion.

il nous offre donc 11 pièces tendres sur un seul et même album qu'il s'empresse de titrer A bas les roses !! comme s'il voulait exorciser ces chansons qu'il a pourtant fort bien enrobées. Des textes et musiques qui sont parfois de lui, parfois de collaborateurs qu'il affectionne beaucoup comme Anne-Marie & Gilbert Gélinas, de même que Martin Lavoie (Délivre-moi), Dan Georgesco & Éric Lapointe (La Bartendresse) et Carl Rage (Baby I love you). Il va jusqu'à se reprendre lui-même avec J'aurai voulu qu'il avait enregistrée à l'époque du projet Pépé Inc paru dans les années 90.

On y entend un Jamil tendre et même doux (je sais ce n'est pas sensé se dire dans la même phrase), des ambiances folk et jazzées, un style plus introspectif mais avec des grooves fort accrocheurs. Au niveau musical, on retrouve plusieurs collaborateurs incluant Eloi Painchaud, Jorane, Jacques Rochon (piano), Guy Bélanger (harmonica), Jean-Jacques Franchin (accordéon), Josée Lefebvre (voix) et Jean-Luc Thiévent (guitares).

L'album a été réalisé et mixé par Stéphane Grimm qui a fait un excellent travail pour donner une belle homogénéité à la sélection de chansons retenue par Jamil. Une première écoute nous en met plein les oreilles et on se surprendra à l'écouter encore et encore, ce qui est habituellement un excellent signe !

Le vent du nord - La part du feu

Groupe de musique traditionnelle qui comptait déjà quatre albums à leur actif, ils lancent donc leur cinquième opus intitulé La part du feu. La dernière année en fut une de tournées à répétition pour le groupe, que ce soit en Europe ou en Amérique du nord, leur réputation débordant les confins de la belle province.

On retrouve donc Simon Beaudry (voix, bouzouki, guitare), Nicolas Boulerice (voix, vielle à roue, accordéon, piano), Réjean Brunet (basse, accordéon, bombarde, piano, voix) et Olivier Demers (violon, guitare, mandoline, pieds), aidés des violonistes Michel Bordeleau, Jean-François Branchaud et André Brunet, ainsi que du quintette Grûv'n Brass. le son est plus moderne bien que la musique trad soit toujours à la base de leur matériel.

En plus de plusieurs morceaux d'origine traditionnelle, ils signent de nouvelles pièces telles Octobre 1837, Petit rêve V, Mamzelle Kennedy, Le coeur en trois et L'attente. Pour les amateurs du style traditionnel peuplé de violons et d'instruments du terroir.

Andrea Lindsay - Les sentinelles dorment

La charmante et talentueuse Andrea Lindsay nous présente son deuxième album, faisant suite à La belle étoile, paru au printemps 2006. Elle fait maintenant partie de l'équipe d'artistes de la maison GSI, grâce à Gilles Valiquette qui a été charmé par le matériel musical de la jeune femme, surtout après avoir entendu la chanson Les yeux de Marie qui faisait partie du premier album.

Comme son prédécesseur, ce nouvel opus a été réalisé avec la complicité d'Éric Graveline qui y contribue aussi en tant que musicien pour le piano, la basse et les percussions. Parmi les autres musiciens de l'album, on retrouve Muhammad Abdul Al-Khabyyr (trombone), Maxime St-Pierre (trompette) et Sylvain Quesnel (guitare). Andréa signe les paroles et musiques des 12 chansons qui composent l'album.

On retrouve avec plaisir la voix fort typique de l'interprète dont le petit accent n'est pas sans nous rappeler une certaine Jane Birkin ou même une Petula Clark. Le visuel nous ramène un peu aux années 40 et 50 mais l'énergie musicale est bien des années 2000, même si on sent parfois un petit clin d'oeil à des styles plus jazzés du milieu du siècle dernier. Le premier extrait est bien rythmé et fort accrocheur, intitulé Gin Bombay, il donne le ton à la première moitié de l'album sur laquelle on retrouve aussi Le temps de l'amour dont le sujet nous rappelle joliment Le temps des fleurs paru au temps du "peace and love".

Dans la deuxième moitié du disque, on retrouve deux chansons dans la langue de Shakespeare, Lonely boy et The simplest thing, de même que la pièce titre de l'album, Les sentinelles dorment. La première écoute passe en coup de vent tellement chaque chanson vaut son pesant d'or.

Artistes variés - Sur les "Elles" de Gainsbourg

L'ancien boxeur devenu chanteur, Stéphane Lucas a eu l'idée de regrouper plusieurs chanteuses et comédiennes pour rendre hommage à l'unique Serge Gainsbourg, obtenant au passage l'aide de Julie Salvador autant au niveau de l'interprétation que de la réalisation. Parmi celles que l'on n'a pas eu souvent l'occasion d'entendre chanter, on retrouve Geneviève Borne, Chantal Fontaine, Virginie Coossa, Maxim Roy et Nelly Arcan, sans oublier les voix familières de Mélanie Renaud, Caroline Néron, Patsy Gallant et Julie Salvador.

Monsieur Gainsbourg aimait particulièrement faire chanter les comédiennes et actrices, souvenons-nous de Brigitte Bardot, Mireille D'arc, Catherine Deneuve, Isabelle Adjani et sa propre conjointe, Jane Birkin, il était donc de bon augure de faire de même avec des québécoises pour ce projet ambitieux. Le résultat est intéressant et donne l'occasion à Stéphane de côtoyer des femmes aux parcours variés pour donner la pleine mesure de ses propres interprétations.

C'est un beau projet, à la fois pour redécouvrir l'univers du grand Serge ainsi que le talent de Stéphane Lucas, tout en constatant que nos comédiennes savent pousser la note avec brio. Mon coup de coeur du disque, la belle reprise que Nelly Arcan & Julie Salvador ont faite de Je t'aime moi non plus, un classique s'il en est un.

Blues Delight - Open all night

Avec ce deuxième album lancé au printemps, faisant suite à Rock Island Line paru en 2006, les membres du groupe Blue Delight se font plaisir et nous offrent 13 nouvelles pièces dans le genre qu'ils affectionnent particulièrement, le vrai bon blues. On retrouve donc Vincent Beaulne (voix, guitare, slide guitare), Marco Desgagné (basse), Gilles Schetagne (batterie), Laurent Trudel (voix, guitare, harmonica, banjo) et Dave Turner (saxophones) sur un album intitulé Open all night.

Vincent Beaulne signe toutes les musiques ainsi que la direction artistique, alors qu'il a partagé la besogne des textes avec Robert Langlois et André Trottier. Blues Delight c'est du blues facile d'accès, chanté dans la langue de Shakespeare, des guitares ardentes, des sons langoureux d'harmonica, bref un bon moment chaleureux à passer.

Enregistré au studio Fast Forward, Open all night offre une sélection de pièces à la fois torrides et percutantes, du blues bien rythmé à l'occasion comme Vinnie's blues et I know your love is gone, qui sont parmi mes préférées de l'album. Une bon moment à passer.

Les nouveautés du mois de septembre


Edgar Bori - Fous les canards

Ce huitième album en carrière est possiblement celui dans lequel les textes de Bori se veulent les plus revendicateurs tout en constituant une sorte de puzzle que l'auditeur doit solutionner pour bien saisir l'objet de son propos. Bori a cette capacité de nous suggérer des images à la fois fortes et surréalistes avec le choix des mots qu'il a mis en chansons. J'oserais dire qu'il nous fait travailler pour bien saisir chaque tournure de phrase, chaque idée que sa plume a mise sur papier. Côté musical, on a droit à un beau mélange de styles, du rock au trad, du jazz au surf, Bori utilise tous les outils à sa disposition pour nous rendre la tâche agréable (celle de déchiffrer toutes les subtilités de ses textes).

La liste des collaborateurs est extrêmement longue, notons les choristes Josianne Paradis et Gaële, son acolyte de longue date Jean-François Groulx (piano), Claude Fradette (guitares), Mario Légaré (basse), Anthony Rozankovic (piano) et de nombreux autres. Au niveau de l'écriture, on retrouve une collaboration avec Charly Bouchara, lauréat de Petite Vallée, ainsi qu'un pièce écrite en collaboration avec Michel Rivard et qui clôture l'album, la savoureuse Toute ta lettre.

Il me tarde de découvrir comment l'ami Bori va présenter cet album sur scène. Lui qui nous avait habitué à d'habiles mises en scène pour cacher son visage, aura une porte grande ouverte devant lui pour tester des chemins moins fréquentés. Entre-temps, on va découvrir toutes les petites perles qu'il nous offre ce cet excellent album, Fous les canards !

Isabelle Larrivée - Télescope

L'auteure compositrice et interprète lance un premier album de onze pièces où elle fait une belle place aux mots, que ce soit pour parler d'amour ou pour dénoncer les tors et travers de notre société dite évoluée. Une société qui permet encore la traite des blanches, des jeunes filles à peine pubères vendues au plus offrant dans Les anges oubliés, une des chansons les plus fortes de son répertoire.

Grande voyageuse, elle a rapporté cette dernière chanson d'un voyage aux Philippines, tout comme elle a trouvé ses inspirations à Buenos Aires (Argentine) et à Montréal (Dante). Le support musical a été conçu pour laisser toute la place aux textes, tout en véhiculant les émotions qu'il enveloppe. On retrouve de la contrebasse (Guy Richer), des cuivres (René de Montigny) et du piano (Julie Vallée) sur presque toutes les pièces, avec occasionnellement des touches de violon alto, d'accordéon, de flûte traversière, de la viole de gambe et de l'harmonica.

L'album doit beaucoup de ses sonorités à Guy Richer qui a signé la majorité des arrangements, ainsi qu'à Claude LeBlanc qui en a assuré la réalisation et le matriçage. Je dirais que les textes d'Isabelle ont une saveur bien à elle, reflétant sa vision de notre univers. Il vaut la peine de souligner que son texte pour la chanson Les anges oubliés vient tout juste de remporter le premier prix du concours Chansons sans frontières (France), raison de plus pour découvrir les chansons d'Isabelle par vous-mêmes !

Contraction - Live 1974

Il fallait le faire, retrouver un enregistrement live de bonne qualité d'un des précurseurs de la musique progressive au Québec durant la première moitié des années 70. Faisant aussi partie du collectif musical Le Ville Emard Blues Band, les membres de Contraction ont donné de nombreux concerts et c'est une prestation live en studio qu'ils avaient enregistré pour le poste de radio CKVL-FM (ancêtre de CKOI) que nous retrouvons sur ce CD lancé le printemps dernier.

Dans le cadre de la série de spectacles intitulée Performances, le poste de radio avait jumelé le groupe québécois avec nul autre que Gentle Giant, groupe britannique qui faisait un malheur au Québec à cette époque. On y retrouve des extraits des deux albums studio du groupe, ainsi que des inédits comme Sagesse, Solid shine et Le temps fuit comme une ombre. La production est de grande qualité et la voix de Christiane Robichaud nous fait frémir à nouveau. Pour redécouvrir un grand groupe précurseur du rock québécois.

Miriodor - Live 89

Le groupe originalement de la région de Québec a vu le jour en 1980 et célébrera donc ces 30 ans l'année prochaine. Une longue vie pour un groupe de musique qui se spécialise dans un style qui n'a pas vraiment la faveur populaire mais qui leur permet quand même de dépasser les frontières canadiennes. Les pièces de cet album auront mis 20 ans à se rendre jusqu'à nos oreilles, enregistrées lors de spectacles au Québec (Chapelle historique du Bon Pasteur, Théâtre du grand dérangement) et en France (Salle Georges Brassens à Caen).

La tournée de 1989 les avait emmené sur les routes européennes pour une série de 6 concerts en France et en Belgique. Ils en ont rapporté des tonnes de souvenirs bien sûr, mais aussi des enregistrements sur cassette de leurs prestations et nous avons le privilège de les redécouvrir nous aussi sous un jour nouveau. La qualité est encore une fois excellente et les gens de ProgQuébec continuent de nous surprendre avec des trouvailles de taille.

Sloche - J'un Oeil & Stadaconé

Le groupe de Québec avait lancé deux albums originaux au courant des années 1975 et 1976. Deux albums concepts qui les avaient mis sensiblement dans la même classe que des groupes comme Maneige. Une musique qualifiée de progressive mais qui était surtout une sorte de jazz rock fusion. Un mélange de styles qui était difficile à catégoriser mais qui plaisait particulièrement aux amateurs de rock progressif.

J'un Oeil fut le premier à paraître en 1975, présentant des pièces assez longues comme C'pas fin du monde (8:54) et Le karême d'Eros (10:53), typique des albums concept forts prisés de l'époque. Beaucoup de claviers et de synthétiseurs, grâce aux deux claviéristes qu'étaient Réjean Yacola et Martin Murray, appuyés de Caroll Bérard (guitares, percussions), Pierre Hébert (basse, percussions) et Gilles Chiasson (batterie, percussions).

Stadaconé lui fit suite en 1976, le batteur André Roberge remplace Gilles Chiasson et on retrouve Gilles Ouellet à la production ainsi qu'au celesta et aux percussions. Le style n'a pas beaucoup changé, les influences des musiciens sont diverses et la musique en est une de compromis, ce qui est particulièrement agréable à entendre. Bien que le succès d'estime était bien là, les membres du groupe n'ont pu traverser la crise musicale qui affecta le rock progressif dans la deuxième moitié des années 70 et devra cesser ces activités en 1977. Ils nous ont laissé un héritage musical de qualité et on peut désormais les entendre sur CD, merci à l'initiative de ProgQuébec.


Petite note intéressante, le clavier Fender Rhodes utilisé par Réjean Yacola sur ces albums se retrouve maintenant entre les mains de Claire Vezina qui en a fait une belle utilisation sur l'album CyberNeptune.

Jean-Pierre FerlandPascal Lejeune - Adélaïde

Il s'agit d'un deuxième album pour l'artiste acadien qui nous avait déjà offert Le commun des bordels en 2007. Enregistré à Montréal au printemps 2009, plusieurs musiciens de la métropole y ont participé. Pour la réalisation, Pascal a fait appel à Yves Desrosiers, un artiste et musicien qui a déjà travaillé sur des projets de grande qualité avec Bïa, Lhasa, Fredric Gary Comeau et Jesczce Raz, pour ne nommer que ceux-là. A titre d'auteur compositeur, Yves a aussi produit quelques albums dont le magnifique Volodia en 2002. En mariant l'expérience de Desrosiers avec la plume et les mélodies de Pascal, on a obtenu un résultat qui sonne très très bien.

On est accroché par des textes (et des jeux de mots) qui peuvent parfois nous rappeler Brassens, un auteur compositeur à qui il voue une grande admiration. On sent aussi une belle sensibilité dans des pièces comme Ta poésie de même que sur l'excellente En décembre qui ouvre l'album. Pour ce qui est de la pièce-titre, Adélaïde, il s'agit simplement d'une petite merveille qui accroche dès la première écoute.

En utilisant subtilement (et savamment) des instruments comme le violon (Marie-Soleil Bélanger), le lap steel (Yves Desrosiers), le banjo (Yves Desrosiers), l'accordéon (Didier Dumoutier), la trompette (Benoît Paradis) et le dobro (Claude Fradette), ils sont arrivés à créer un univers poétique et coloré qui sied particulièrement bien au style de l'artiste. On compte 12 nouvelles chansons sur ce deuxième CD, toutes des créations paroles et musiques de Pascal Lejeune, à l'exception de La ballade du daltonien (texte de Julie Doucet) et Monsieur Pierre (co-écrite avec Jesse Mea).

Voici donc un deuxième album qui concrétise toutes les promesses du premier et qui saura, je l'espère, faire son chemin auprès d'un public de plus en plus nombreux.

Jean-Pierre FerlandJean-Pierre Ferland - Bijoux de famille

Jean-Pierre Ferland nous présente son plus récent album intitulé Bijoux de Famille, un CD sur lequel il reprend en duo plusieurs des chansons qui ont marqué son répertoire. Il se permet même de reprendre lui-même une chanson popularisée par Serge Reggiani, Il suffirait de presque rien qu'il chante avec la jeune Miosa, promise à un bel avenir.

Le CD fait suite au spectacle hommage que lui avait préparé le poste de radio Rythme-FM le printemps dernier, une occasion lors de laquelle de nombreux artistes étaient venus chanter en duo avec Jean-Pierre. Parmi ceux que l'on retrouve sur le disque, notons Kevin Parent (Le chanteur est menteur, Le petit roi), Marie-Elaine Thibert & Natasha St-Pier (Quand on aime on a toujours vingt ans, Un peu plus haut un peu plus loin), Garou (T'es belle), Eric Lapointe (Qu'est-ce que ça peut ben t'faire), Florence K (La musique), Lynda Lemay (Je reviens chez nous), Gilles Vigneault (Y'a pas deux chansons pareilles), Lynn Jodoin (Avant de m'assagir), Miosa (Ma chambre), Bruno Pelletier (L'abdication) et Corneille (Je ne veux pas dormir ce soir).

L'un des plus beaux duos de cet album, c'est celui de Jean-Pierre avec son public qui lui chante Une chance qu'on s'a et qu'on a eu l'excellente idée de mettre au début de l'album. Parce qu'au fond, les chansons de Jean-Pierre c'est son public qui en a fait des classiques. Il a su mettre les bons mots et les bonnes musiques pour rejoindre les émotions des gens et ce soir-là, ce sont les gens qui l'ont touché. Ferland a été de toutes les époques de la chanson moderne au Québec, des années 60 à aujourd'hui, cinq décennies que l'on revit à travers des artistes de toutes ces époques, de Gilles Vigneault (80 ans) à Miosa (15 ans).

Je voudrais aussi noter l'une des deux pièces complètement inédites de ce CD, la magnifique L'abdication, tirée du spectacle musical Mme Simpson que Jean-Pierre est à préparer avec l'aide de son complice musical des 15 dernières années, Alain Leblanc. Justement l'album a été réalisé par ce même M. Leblanc, compositeur, multi-instrumentiste et arrangeur, qui a mis des efforts remarquables pour que les chansons ne montrent pas leur âge tout en donnant une synergie à l'ensemble des interprétations. Notons au passage la version passablement rock de Lynn Jodoin sur Avant de m'assagir, une performance qui rivalise avec celle de notre rockeur national, Eric Lapointe sur Qu'est-ce que ça peut ben t'faire.

Jean-Pierre le notait lors du lancement et je dois avouer qu'il avait drôlement raison: la version de La musique enregistrée avec Florence k est un véritable petit bijou. Très poétique et bien senti, le texte prend une saveur exquise dans la bouche de Florence et son piano appuie le sentiment d'amour qu'un artiste peut porter à sa musique. Une symbiose de notes et de mots qui, dans le cas de Ferland, nous aura donné des monuments qui savent encore vivre au delà des générations.

Un disque qui se déguste comme la bande sonore du Québec d'hier à aujourd'hui !

Luc de LarochellièreLuc de Larochellière - Un toi dans ma tête

Pour Luc, il s'agit d'un huitième album en carrière, le premier qui offre du matériel original depuis Quelque chose d'animal paru en 2004. Cette fois-ce, il a produit une oeuvre qui tranche beaucoup avec ses premiers disques. L'animal se fait tendre, exorcise ses peines d'amour. C'est, dit-il, l'album le plus près de lui qu'il ait écrit, le plus près des gens aussi.

Intitulé Un toi dans ma tête, les arrangements puisent beaucoup dans les cordes (violon, alto, violoncelle, etc) et les textes se veulent intimistes quoique universels. On y retrouve 10 chansons toutes issues de la plume de l'artiste, secondé au niveau des arrangements par des collaborateurs de talent, dont Anthony Rozankovic, Marc Pérusse, François Lafontaine (Karkwa), Daniel Hubert et Justin Allard. C'est aussi Marc Pérusse qui a vu à la réalisation de l'album disponible sur les disques Victoire.

Dès la première écoute, on apprécie le ton fort approprié de l'album, l'amour (ou l'absence de) est chanté avec des mots justes, poétiques et différents. Je pense à Beauté perdue (et ses larmes à s'en laver les yeux), à Non-amour, mon amour (la passion qui ne pourra pas être perdue si on ne lui donne pas la chance d'exister) et la magnifique chanson-titre Un toi dans ma tête sur la vie après l'amour.

Fait intéressant, tous les dessins de la pochette de l'album sont aussi de la main de Luc, lui pour qui le dessin aurait pu devenir une carrière avant de bifurquer vers la chanson. Un album qui séduit par sa beauté, son lyrisme et tout l'amour qui s'en dégage !

Les nouveautés du mois d'août


Mille Monarques - Éponyme

Quatuor formé de Annie Rousseau (claviers, voix), Mathieu Denoncourt (basse, voix), Mathieu Véziau (batterie) et Simon Quévillon (guitare), ils lançaient récemment leur tout premier album, un éponyme. Ensemble depuis 3 ans, ils ont donné de nombreux spectacles sur les scènes du Québec et ont sélectionné 8 chansons (plus la pièce instrumentale Une attaque de chat) pour ce premier CD fort intéressant à écouter.

Parfois planant, parfois plus rock, leur matériel est toujours original et facile d'approche. J'aime beaucoup le style un peu surf de C17H21N04 (quel titre !, ce serait la formule d'une drogue chimique) et le son rock de Rouge (la seule pièce chantée par Annie Rousseau, aussi claviériste du groupe, sur laquelle on retrouve la phrase "je t'ai mis a mort mi amor", un petit jeu de mots bien imagé.

Selon leur propre présentation, "Mille Monarques nous offre des textes aux arômes naturalistes, symboliques, mystiques, surréalistes, épiques. Le groupe explore les éléments que sont la terre, l’eau, l’air et le feu, usent de métaphores animales et organiques fulgurantes, visitant la noirceur pour mieux chercher la lumière, créant ainsi des « chansons tatouages » qui s’incrustent dans la chair."

Vous pouvez les retrouver au www.myspace.com/millemonarques

Vincent Vallières - Le monde tourne fort

C'est avec une nouvelle équipe, celle de Spectra Musique que Vincent a concocté et enregistré ce nouvel album qui regroupe 13 chansons toutes de son crû paroles et musiques. On y retrouve le succès de l'heure sur les radios du Québec, En attendant le soleil. Cette dernière chanson se trouve en première place du top 100 BDS depuis maintenant 6 semaines.

En fait on retrouve beaucoup de chansons très fortes sur ce disque, notamment Le monde tourne fort, Entre partout et nulle part, L'espace qui reste, L'espace et le temps (ma préférée), L'amour au coin de la rue (avec l'aide de Marie-Pier Arthur) et la petite dernière, Février qui est fort à propos avec l'automne (et l'hiver) qui arrive. On pourrait même dire que En attendant le soleil n'aura jamais été aussi vrai qu'en cette année 2009.

Au niveau des collaborations, en plus de Marie-Pier, on retrouve Louis-Jean Cormier (Karkwa) à la guitare sur la pièce-titre. Notons la co-réalisation d'Olivier Langevin et Vincent Vallières, assistés à la prise de son et au mixage de Ghislain-Luc Lavigne. Les arrangements nous infusent du style Vallières et on reconnaît d'emblée sa voix si caractéristique. On a l'impression d'être avec un chum qui nous raconte ses pensées, ses joies, ses peines et ses questionnements sur le ton de la confidence. La musique est accrocheuse et on prend plaisir à embarquer dans son univers. Du très bon Vallières !

Stéphane Côté - Des nouvelles

Il s'est passé trois ans depuis la parution de l'album Le cirque du temps qui permettait à ce poète des temps modernes de démontrer la force de son imaginaire, faisant du temps (ou du manque de) son cheval de bataille. Après un premier album qui m'avait agréablement surpris (Rue des Balivernes), cette nouvelle galette me réjouissait au plus haut point et j'en garde un précieux souvenir. Comment pouvait-il pousser plus loin un travail d'aussi grande qualité ?

La réponse il l'a trouvée grâce à l'aide du compositeur, réalisateur, chef d'orchestre et multi instrumentiste Alain Leblanc, fort connu pour son travail avec Jean-Pierre Ferland. Pendant près d'un an, ils ont tourné ensemble le spectacle du Cirque du Temps, histoire de s'apprivoiser et de jeter les jalons d'un travail de création qui allait devenir Des Nouvelles, le dernier opus encore chaud de Stéphane.

Une excellente idée que de présenter ses chansons sous la forme de nouvelles issues d'un journal quotidien. Treize textes qui parlent de nous, de lui, de l'humain en général. Que ce soit de façon sérieuse ou avec un regard amusé, Stéphane pèse ses mots, pas qu'il les compte, mais bien pour qu'ils comptent ! L'apport d'Alain Leblanc au niveau des arrangements est tout à fait remarquable, non seulement il a saisi l'essence de ce qu'est le style Stéphane Côté, mais il a réussi à l'enrober de façon moderne et contemporaine sans le défigurer. J'appelle cela de la poésie qui sonne !

Quand j'écoute la pièce Des nouvelles, je ressens autant de vibrations que quand j'écoutais La route 11 il y a plus de 35 ans. Avec Mes préférences, on est plongé dans la pure tradition de la chanson française, un texte apparemment léger mais qui cache plein de petites phrases assassines comme "le coeur attendri de colère" ou "les crétins intelligents". Finalement, la pièce de résistance à laquelle je suis resté accroché depuis une semaine, La Destinée et ses séries d'accords ravageurs qui s'incrustent dans la tête pendant que Stéphane nous décrit les expériences de vie d'un humain moyen... l'adolescence, la vie de couple, la vieillesse...

Je suis un inconditionnel du travail de cet auteur compositeur pour qui la chanson n'est pas qu'un véhicule commercial. Merci à ses collaborateurs, comme Les Productions Marie Bujold et les Productions de L'Onde, d'y croire suffisamment pour porter bien haut le flambeau et ainsi permettre l'épanouissement d'artistes de grand talent !

Leclerc - Éponyme

Un nouvel album qui s'avère une surprise pour moi puisque je ne connaissais pas cet auteur compositeur interprète qu'est Dany Leclerc, appuyé aux arrangements par Sylvain Delisle, un collaborateur de longue date. Alors que Leclerc s'occupe (merveilleusement) du piano et de la batterie, Delisle a créé toutes les guitares, les basses et les contrebasses.

L'album est monté un peu comme un spectacle, trois des pièces ayant droit à une introduction musicale avant de s'éclater à nos oreilles. Pour qui aime le piano "inspiré", on est gâté avec le jeu de Leclerc et comment cet instrument se veut parfois intimiste, parfois rockeur, avec même une touche de progressif à la Procol Harum. Parmi les pièces qui m'ont marqué dès la première écoute, je retiens Caféiné, Le piano, Cette fille, La convention, L'homme négatif et L'agent de ma prison.

Tout au long de l'album, Leclerc nous imbibe de son univers, les arrangements nous enveloppent d'un manteau chaleureux et on suit le personnage principal dans ses rencontres, réelles ou virtuelles.

Un excellent premier album qu'il vaut la peine d'écouter avec attention pour en saisir toute l'essence.

Carla - Si tu y crois

Âgée d'à peine 16 ans, la jeune protégée d'Étienne Drapeau lance un premier album en carrière, proposant 11 chansons qui permettent de bien saisir tout le talent de la jeune femme, surtout au niveau de l'interprétation. On la compare déjà à une Isabelle Boulay ou une Lara Fabian. Si on en juge par les poussées vocales de l'album, j'abonderais plus dans le sens de Lara Fabian ou même Céline Dion.

Son directeur artistique (Étienne) a aussi participé à la plupart des chansons, que ce soit au niveau des textes ou des musiques, tout en participant au niveau vocal à la pièce Bien après nous. Il a été secondé, entre autres, par Sandrine Roy et Marc Dupré. Notons aussi une collaboration avec Lynda Lemay qui leur a offert le texte de la chanson Je sais déjà, une jolie ballade fort touchante.

L'album a été réalisé par un homme d'expérience, Tino Izzo qui a aussi travaillé avec Céline Dion et Garou.

Les nouveautés du mois de juillet


Marie Trezanini - Éponyme

Un soupçon de théâtralité, des émotions à fleur de peau et une voix bien colorée. Marie nous présente un mini album fort agréable ! On y trouve 7 chansons réalisées avec l'aide de Jean-François Morin (guitare, lap steel, banjo), Alexandra Roy (basse), Miguel Medina (batterie), Anne-Marie Cassidy (violoncelle) et Mingan Sauriol (piano).

On peut entendre certaines des pièces qu'elle a faites en spectacle dans la métropole, notamment Y'a personne qui fait l'éloge de vivre seule en appartement et Prends soin de moi qui représente un peu les sentiments inverse quand on a besoin de quelqu'un près de soi. Au fil des pièces, on découvre d'autres facettes du matériel de Marie, V'la les hommes en galère, Amoureuse d'une femme, Ai, Il a et A Cuba complètent le florilège de chansons qui nous permettent de découvrir tout le talent de la jeune femme.

Histoire de l'entendre par vous mêmes, je vous suggère d'aller l'entendre un peu sur MySpace. Bonne écoute !

Les nouveautés du mois de mai


Osmosaïc - Éponyme

Lorsqu'ils ont lancé leur premier album en 2004, je suis tombé sous le charme (comme beaucoup d'autres) des harmonies vocales et des musiques acoustiques de ce duo qui n'est pas sans nous rappeler plusieurs artistes des années 70. Pour leur deuxième album, ils ont choisi d'étoffer leur matériel avec des arrangements plus modernes, histoire de rejoindre un public encore plus large.

Les qualités du matériel en ressortent grandies avec l'apport de François Lalonde (Lhasa, Dobacaracol, Jean Leloup, Marco Calliari, etc) qui y joue de nombreux instruments, de même que Yves Lambert (didgeridoo), Némo Venba (cuivres), Claude St-Jean (trombone), Mario Légaré (contrebasse), Jean-Denis Levasseur (flûte) et Marie-Soleil Bélanger (violon). C'est justement François Lalonde qui a réalisé l'album pour le duo, y insufflant toute son expérience, enrobant les musiques de percussions, de cordes et de cuivres pour en faire ressortir toute la saveur.

Sans perdre la beauté des harmonies vocales de Vivianne et Mario, ni leur penchant pour les musiques progressives, folk et celtiques, la nouvelle production nous permet de découvrir leur matériel sous un nouveau jour, notamment (pour moi ) les excellentes chansons que sont Courons dans les bois et Adèle que j'avais déjà appréciées en spectacle. Un bel exemple de l'évolution musicale du duo se retrouve sur la chanson Aube Claire qui est désormais l'une de mes préférées, un rythme accéléré, des harmonies accrocheuses, des cuivres qui frappent dans le mille, un violon virevoltant, une des plus belles pièces que j'ai entendues cette année.

Je dirais que cet album éponyme s'inscrit dans la continuité du premier, pour qui a apprécié les qualités de ce matériel sans âge, tout en apportant une dose de modernisme dans les arrangements et la production. Je suis un inconditionnel d'Osmosaïc depuis 5 ans. Avec des albums qui mettent en valeur une poésie toute naturelle, des voix magnifiques et des guitares acoustiques qui se complètent à merveille, je le serai encore dans 1000 ans.... c'est bon à ce point !

Rachelle Jeanty - D'âme soul

Auteure, compositrice et interprète, elle a prêté sa voix à de nombreux artistes à titre de choriste (Céline Dion, Véronique Sanson, Johnny Halliday, Robert Charlebois, etc). Cette fois c'est en solo qu'elle nous offre ses chansons, un disque dévoué à la musique soul et reprenant comme titre un surnom qui lui colle à la peau: D’Âme Soul.

Il y a peu d'artistes à caractère soul au Québec, encore moins qui le fassent en français. Sur son album on retrouve 12 de ces chansons, incluant une reprise de Loin, loin de la ville qu'elle chante en duo avec l'auteur original de la chanson, Boule Noire. Parmi les collaborations, elle interprète Sans lui avec Mannix et on peut sentir toute la sensibilité du poète Fabrice Coffy sur la chanson Soeur de sang.

Rachelle a écrit les textes de la majorité des textes qu'elle nous offre, collaborant à l'occasion avec l'excellent Frédérick Baron. Côté musique, la majorité sont des collaborations, notamment avec Stéphane Le Navelan qui a aussi réalisé l'album. Les sujets sont en général positifs, la jeune femme est déterminée et cela se sent. Elle en profite pour nous parler de ses espoirs personnels (Libre, Les poings sur les hanches), de la quête de l'amour (Jamais fait l'amour, Tout se sait, Sans lui) et de ses préoccupations, comme la violence en général et celle de la télé en particulier (Nature humaine).

Rachelle possède une belle voix chaude et caressante, on se laisse facilement bercer par ses rythmes chaleureux et remplis de son âme soul !

Guillaume Arsenault - Géophonik

Après Guillaume et l'arbre (2004) et Le rang des îles (2006), l'auteur compositeur gaspésien nous revient en force avec Géophonik, un album original sur lequel il a posé une signature bien personnelle, teintée de sons et de percussions qui servent de trame de fond au contenu musical.

On retrouve le bruit d'une carabine, les sons d'une vieille machine à écrire ou d'un réfrigérateur, une courtepointe faite de différents éléments sonores de la vie au quotidien. Il n'oublie pas les instruments conventionnels tout de même, guitares, contrebasse, percussions, saxophone, etc, faisant appel à des collaborateurs chevronnés, notamment Érik West-Millette à la réalisation, Charles Papasoff, Charles Imbeau, Éric Dion et Martine H. Crispo.

Les compositions de Guillaume laissent transpirer ses racines folks, mais naviguent sur une mer plus moderne, se nourrissant à l'organique plus qu'à l'électronique, ce qui donne des ambiances à caractère unique qu'on écoute les oreilles bien ouvertes. L'auteur est fier de sa Gaspésie, lui dédiant la chanson Tour (comme dans Tour de la Gaspésie), en plus de toucher les sujets universels que sont le bonheur, le travail, les grands espaces et le retour aux sources. Très poétiques, ses textes donnent même à l'occasion dans le slam comme sur Mots parleurs.

L'album est offert sur étiquette GSI Musique qui regroupe des artistes de la trempe de Jean-Pierre Ferland, Daniel Boucher, Gilles Vigneault, Claude Gauthier et j'en passe.

Patrick Pleau - Hype-moi

Après avoir fondé le groupe Plajia en 2007 et avoir écrit la majorité des pièces de l'album Beautiful explosion (de Plajia), il nous en offre maintenant la suite logique avec son projet d'album solo. Il faut se rappeler que l'album de Plajia leur avait valu une nomination au Grand Prix de la relève Archambault 2008 (en compagnie de Tricot Machine, Samian, Alfa Rococo, Gaële, Le Husky et Bruno Marcil).

Son premier album solo s'intitule Hype-moi et a été réalisé par Guy Dubuc et Marc Lessard, on y retrouve quelques collaborations dont celle de Sonya Sanscartier, la chanteuse du groupe Djelem dont les disques sont aussi lancés sur l'étiquette Orange Musique. Patrick y traite ses sujets de façon un peu surréaliste comme le laissent entrevoir les titres de ses chansons, L'inocéros, Bocalophobe, Prélune en mi majeur, etc. On se sent à mi-chemin entre le monde de l'enfance et un traitement poétique de celui de l'adulte.

Certaines de pièces avaient originalement été créées en anglais pour le groupe Plajia et ont été traduites en français pour l'occasion. Le premier extrait radio à se faire entendre en ondes est Bocalophobe, une pièce accrocheuse qui offre une analogie entre celui qui souffre d'un manque d'air et un petit poisson pris dans un bocal en verre.

Le son donne l'impression que les années 70 rencontrent les années 2000, retrouvant des instruments forts populaires à l'époque, tels les claviers Fender Rhodes et Wurlitzer, et un son de guitare parfois teinté à l'orientale comme le faisaient plusieurs groupes du temps. L'album s'écoute très bien, l'enveloppe est originale et on sent une belle créativité qui nous enveloppe du début à la fin.

Chinatown - Cité d'or

Voici un premier album fort attendu du groupe Chinatown, quintette formé de Pierre-Alain Faucon (voix-clavier), Félix Dyotte (voix-guitare), Julien Fargo (guitare-voix), Toby Cayouette (basse) et Gabriel Rousseau (batterie). Les 5 musiciens ne manquent pas d'expérience pour avoir joué avec les Motel et bourlingué, Statue Park, Hexes and Ohs et Camaromance. Leur nom est tiré du film du même nom, réalisé par Roman Polanski dans les années 70.

Cette fois, c'est leur propre matériel qu'ils ont gravé sur ce CD intitulé Cité d'or, des chansons bien rythmées, aux percussions claires et aux arrangements accrocheurs. Ils avaient déjà fait parler d'eux avec la chanson Retour à Véga, popularisée par le groupe The stills, de même qu'ils avaient aussi produit deux mini albums, participé à quelques compilations de musique émergente et partagé la même scène que Jean Leloup au Colisée de Québec.

Ce premier album se veut donc l'aboutissement d'un travail de longue haleine, créant un son particulier pour le groupe, un rock mélodique un peu jazzé, faisant un peu penser à la musique d'Indochine. On retrouve plusieurs pièces qui devraient faire un bon bout de chemin sur Cité d'or, notamment les Apprendre à danser, Pénélope, Bateau de querelle, Secousses et Perdre son temps, pour ne nommer que celles-là.

Le CD a été réalisé par Gus Van Go (The Stills, Vulgaires Machins, Xavier Caféine) et son fidèle collaborateur Werner F. On le retrouve sur l'étiquette Tacca Musique, distribué par Select

Lara - Petit coeur assassin

Pour faire suite à Kabaret Montréal paru en 2006, Lara lance un mini album qui affiche les couleurs que devrait prendre le prochain album complet qui devrait voir le jour en 2010. Le CD compte quatre pièces qui démontrent le grand talent de celle qui a obtenu le prix du public à Granby en 2004, de même que les prix de Révélation (2006) et interprète féminine (2008) au Festival Pully-Lavaux en Suisse.

Lara carbure à l'intensité, il faut la voir sur scène, là où elle prend littéralement son envol et vous hameçonne avec sa voix et ses tripes. Il faut du talent pour capter cette énergie sur disque et c'est le multi instrumentiste Francis Covan qui s'y est attaqué. On sent l'urgence et l'émotion, un peu comme le ferait Lara en spectacle. Les chansons ont un petit côté théâtral, la musique est un amalgame de rock, de folk et de jazz, ce qui forme une trame cinématographique. Lara nous chante des histoires, de sa plume elle décrit son petit Coeur assassin, s'attaque au mythe masculin sur La Pieuvre, visite un Bidonville, et termine la soirée au Café Sarajevo où elle avait fait ses premières armes.

Quatre chansons, c'est court, et on a à peine le temps de s'attacher à l'excellent voyage musical que nous offre Lara, vivement le prochain album !

Les nouveautés du mois d'avril


3 Gars su'l sofa - Cerf volant

Pour ce deuxième opus, les trois gars se sont impliqués au niveau de la réalisation avec l'aide du réputé guitariste David Brunet, qui a aussi noué de nombreux instruments (claviers, lapsteel, dobro, etc). Ils se sont aussi assurés de la collaboration de Liu-Kong Ha (batterie, percussions), Simon Blouin (batterie), Jipé Dalpé (trompette, flügelhorn), Benoît Rocheleau (trombone) ainsi que de la talentueuse Gaële au niveau de la voix.

L'album comprend 11 chansons regroupées sous le chapeau du Cerf-Volant, virevoltant au gré des sujets touchés, qu'ils soient réalistes, fantaisistes ou amoureux. Bien que leur style soit normalement assez minimaliste, on retrouve sur cet album une panoplie d'instruments qui viennent égayer l'oreille sans tomber dans la lourdeur. A eux seuls, les trois gars en touchent près d'une dizaine, sans compter tous les musiciens invités.

L'album est lancé sur l'étiquette de disques Pixelia, distribué par Sélect.

Suzanne Parayre - La blonde du poète

Il y a à peine quelques semaines, j'ai entendu une des chansons de Suzanne pour la première fois, c'était son interprétation de Soliloque qu'elle faisait dans le cadre des Cabarets Libre Influence. J'ai eu un vrai coup de coeur pour cette chanson mélancolique qui me permettait de découvrir l'univers de cette auteure compositrice interprète digne de mention. La chanson, tout comme le reste du disque, bénéficie d'arrangements forts éloquents qui savent mettre en valeur les sujets et les textes de l'artiste.

En fait l'album est nappé de mélancolie, faisant une grande place aux peines d'amour et aux questionnements qui s'ensuivent. Dans ce courant de pensée, outre Soliloque, on retrouve des textes comme Mon éternel, Drôle d'animal, L'autrement (ou l'autre ment), J'te veux, La blonde du poète, etc. C'est justement cette dernière pièce qui a donné le titre à l'album, et Suzanne en profite pour la dédier à Serge Fiori, celui qu'elle qualifie de son "poète pour toujours".

Cet album de 11 chansons, ses fans l'attendaient depuis longtemps. Il aura fallu qu'elle arrive à mettre de côté son rôle habituel de professeur de musique pour laisser respirer celui de l'artiste créateur qui l'habitait. L'attente en valait la peine, les émotions que son oeuvre dégagent arrivent immanquablement à se frayer un chemin direct au coeur de l'auditeur.

Polo et les méchants moinôs - Chansons à boire et déboires Vol. 1

On l'a connu sous de multiples facettes, d'abord au sein du groupe Danger, puis avec son frère dans Dédé Traké, plus tard avec les fameux Frères à Ch'Val, ensuite en solo suivi du groupe Maktoub, et maintenant c'est avec les Méchants Moinôs qu'il nous offre son nouveau matériel festif qui devrait égayer vos partys de famille.

Ces méchants moinôs, ce sont Marc-André "Maxx" Lalonde et Denis "La vis" Lavigne, des multi instrumentistes qui complètent bien la panoplie d'instruments dont Polo joue lui-même. La liste est un peu longue, mais en résumé on parle de 3 musiciens pour une douzaine d'instruments sur scène. Dans le cas de Lavigne, on peut même parfois le voir avec deux instruments en main en même temps.

Le matériel de l'album est dans la lignée de ce que Polo nous avait offert avec les Frères, il en profite même pour reprendre Chez l'docteur (une vieille toune des Stones) et M'aimerais-tu pareil (toutes deux sur l'album Paix Amour et Foin), ainsi que Cul sec (de Prends ça cool) devenu Kusseck pour le nouvel album et La ballade des 50 cents (originalement parue sur Ç'pas grave).

L'album comprend 4 chansons originales et inédites, alors que 9 sont des interprétations refaites à la façon des Moinôs. Là dessus il y a entre autres une pièce de Rock Larue, intitulée Une bonne chicane de famille. Comme premier extrait, ils ont choisi une adaptation en français d'une vieille chanson des Kinks (Harry Rag), devenue Ça m'rend malade sous la plume de Polo.

Le CD a été réalisé par Marc-André Lalonde assisté de Polo et est maintenant disponible sur étiquette Atlantis.

Bon débarras - Éponyme

Nouveau groupe à tendance traditionnelle, Bon Débarras, lançait ce premier album éponyme dans le cadre du Cabaret Libre Influence fin avril. Les trois musiciens se sont connus alors qu'ils ont travaillé ensemble pour un spectacle dans le cadre de Noël dans le parc, un magnifique concept hivernal qui se passe au coin de St-Joseph et St-Laurent depuis quelques années. C'est à cette occasion que l'idée leur est venue de fonder un groupe pour explorer, arranger et offrir du matériel traditionnel sans limites d'origines. On retrouve donc 9 pièces sur ce premier album sorti aux Productions de l'onde, plusieurs airs de temps révolus et d'autres qui sont des compositions des musiciens du groupe.

Le groupe comprend Luzio Altobelli (voix, accordéon, planche à laver), Jean-François Dumas (voix, harmonica, banjo, guitare, podorythmie) & Dominic Desrochers (voix, guitare, banjo, planche à laver). A consommer sans modération pour se nourrir d'airs cajuns, manouches ou folkloriques, présentés avec modernité. Vous pouvez les entendre sur leur pageMySpace.

Les nouveautés du mois de mars


Yvan Ouellet - Le chant des choses

Claviériste recherché, il a fait partie de certains des groupes les plus influents des années 70, notamment Le Ville Émard Blues Band et Toubabou, il a coécrit Le plus beau voyage avec Claude Gauthier, il a même accompagné Renée Claude dans ces mêmes années.

C'est en 1979 qu'il se lance finalement en solo avec l'album Le chant des choses maintenant réédité sur l'étiquette ProgQuebec. L'album original avait été produit par Yves Laferrière (Contraction) et c'est donc normal qu'on y retrouve d'autres membres du groupe de Laferrière, notamment la très belle voix de Christiane Robichaud. Outre ceux déjà mentionnés, on retrouve aussi d'autres grands noms des années 70, comme Raoul Duguay et Marie-Claire Seguin.

Selon un sondage effectué en 2008 parmi des journalistes de La Presse, LE CHANT DES CHOSES compterait parmi les 200 meilleurs albums jamais enregistrés par un artiste québécois. Ayant déjà réédité sur CD l'ensemble des enregistrements du VEBB et de Toubabou, c'est donc avec fierté que l'étiquette ProgQuébec a accepté de remasteriser et de rééditer le chef-d'oeuvre musical de Ouellet, 30 ans après sa sortie sur vinyle.

Guy-Philippe Wells - Brise-glace

Son premier album, paru il y a maintenant un peu plus de trois ans, en avait surpris plus d'un. En plus de textes savoureux, l'auteur compositeur faisait preuve d'une audace peu commune pour présenter son matériel et leur donner encore plus de mordant. Il récidive aujourd'hui avec un deuxième opus qui s'annonce encore plus truculent que le premier. Avec des sujets qui vont du respect de la planète à l'importance de la famille, on ressent une intensité palpable dans les textes et dans la musique.

Dès la première écoute, je retiens des chansons comme Pergéliseul, Fusion horaire, Le désert de Gobi, ainsi que les deux dernières qui sont absolument magnifiques: La ballade de Ben Barbier et Les passagers du même wagon. Notons au passage la contribution de Geneviève Jodoin au niveau des voix, elle qui a accompagné les plus grands chanteurs / chanteuses du Québec, notamment à l'émission Belle et Bum.

Au chapitre des collaborations privilégiées qu'on peut trouver sur le CD, on retrouve Élisapie Isaac et Alain Auger (Taïma) pour la pièce Pergéliseul, ainsi que l'apport de Daniel Beaumont (Tricot Machine), Sylvie Moreau et Jean-Guy Moreau sur l'originale En cas d'urgence.

Toujours appuyé par Frederic Boudreault à la direction musicale, à la réalisation et à la basse, Guy-Philippe a aussi travaillé avec le guitariste réalisateur Claude Fradette sur deux des chansons de l'album. En fait, tellement de musiciens ont participé à cet album, qu'il est difficile de tous les nommer, mais soulignons la présence de François Lafontaine (Karkwa) et Damien Robitaille aux claviers, d'Alexis Martin et Marc-André Larocque (batterie, percussions), Marie-Josée Frigon et Jean-François Gagnon (cuivres), Simon Godin (guitares), etc.

L'album Brise-glace est lancé sur l'étiquette des Productions de l'onde, tout comme le premier CD l'avait été. Je ne saurais assez recommander cet oeuvre magistrale de Guy-Philippe !

Geneviève Jodoin - g

Après plusieurs années à chanter derrière certains des plus grands artistes québécois (Nanette Workman, Ginette Reno, Marijo Thério, Jorane) en plus d'en accompagner des dizaines d'autres à titre de choriste de l'émission musicale Belle et Bum, Geneviève prend finalement l'avant scène pour nous offrir ses propres chansons, concoctées avec l'aide de Frédéric Boudreault (textes, basse, réalisation), Simon Godin (guitares) et Alexis Martin (batterie, percussions).

Geneviève à composé les musiques de la majorité des chansons alors que Frédéric y a ajouté ses mots. Travaillant ensemble depuis l'époque du CEGEP et du groupe underground LAIZENZYMES, les deux se complètent très bien sur scène et dans la vie. On retrouve sur ce disque une treizaine de chansons au son pop folk fort agréable, peignant différentes facettes de la vie de la jeune femme, une artiste qui doit conjuguer la vie de tournée, de studio et celle de mère auprès de ses deux enfants et du troisième en cours de fabrication.

Par exemple, la pièce Moi j't'aime est dédiée à son fils Jules, alors que Allo mon chum parle de ce dernier pendant la vie de tournée. On peut noter quelques collaborations très spéciales avec l'apport de Plume Latraverse pour la chanson Pas grand chose et celle de Richard Séguin pour la musique de Lune. Les sujets privilégiés sur l'album sont évidemment la famille et les amis, tout autant que l'avenir de la planète qu'on laissera derrière nous (Des hivers sans manteaux).

L'album est lancé sur l'étiquette de disques Atlantis, l'album rejoint ceux d'artistes tels Stefie Shock. Annie Dufresne et Dédé Traké.

Chantal Jourdan - La vie qui tourne

Un premier album pour l'auteure compositrice interprète qui est aussi connue comme comédienne et qui avant fait déjà fait partie du groupe rock Fougue qui avait participé à l'Empire des Futures Stars dans les années 90. Pour ses premiers pas sur disque, c'est dans la pop aux accents jazz qu'elle a choisi de s'aventurer, signant 12 chansons avec l'aide d'un collaborateur de longue date, André Séguin. Ce dernier a aussi participé à la réalisation, aux arrangements et à la production de l'album.

On retrouve aussi les musiciens Michel Héroux (guitares), Mathieu Gagné (contrebasse) et Bertil Schulrabe (batterie, percussions). Les sujets tournent beaucoup autour de la joie de vivre, du plaisir du moment, des amitiés et du beau temps. Elle sait se faire sensuelle quand le sujet s'y prête comme sur la pièce Fait chaud fait chaud et implique ses enfants pour l'aider à exprimer les inquiétudes d'une mère sur la chanson J'ai mal à l'âme.

Lancé avec l'aide de la compagnie de disques Artic, l'album sera disponible dans les Renaud Bray de même que sur toutes les plate-formes de chargement digital comme Zik.ca et iTunes. Un disque qui se veut positif et qui annonce l'arrivée du printemps et du soleil.

Sylvie Royer - Acte 2: J'irai

Treize années se seront écoulées entre la présentation de son premier album en 1996, intitulé Acte premier: Confidences à un ami, et le deuxième tout juste sorti de la créativité de l'auteure compositrice. Cette fois, c'est Acte 2: J'irai qui nous attend, un album qui fait le point sur la vie de l'artiste et ce qu'elle a vécu au cours des 13 années entre les deux albums. Le premier s'offrait comme un ensemble de confidences, des textes venant de l'intérieur et cherchant à rejoindre l'oreille de l'auditeur, le deuxième se décline aussi au "Je" mais il touche les émotions de telle sorte que l'auditeur se sent impliqué, comme si lui-même pouvait lancer les textes de l'artiste.

Un album qui comprend officiellement 12 chansons mais si on écoute bien, on en trouve une treizième cachée à la toute fin, 13 chansons représentant en quelque sorte les 13 années de vie qui se sont passées entre les deux CDs. Sylvie n'a jamais cessé d'écrire, que ce soit lors de sa participation au collectif Un rendez-vous dans l'irréel, ou pour le duo Les Castors Célestes qu'elle habite avec son partenaire Thierry Fortuit.

L'album s'écoute comme on met son pied à terre en regardant devant soi, le chemin accompli est là derrière, mais c'est ce qui s'en vient devant qui attire l'attention, des pièces comme J'irai donc, Terre d'exil, Cheminement vers la montagne qui démontrent le besoin de liberté, que ce soit en création ou en imagination. Sylvie aime voyager, ses influences sont multiples, l'âme humaine, le rapport entre les gens, le grand air, cet espace entre ciel et mer où il n'y a pas de limites au regard ou à la pensée.

Pour cet album, elle a reçu l'apport de nombreux musiciens, notamment Sophie Drouin au violon (qui l'accompagnait justement ce soir), Marc-André Cuierrier au piano, Roger Coderre à la basse, Pierre-Olivier Ouellet à l'accordéon, Maxime Éthier à la batterie (et percussions) ainsi que Mike Goudreau à la guitare.

Une voix qui véhicule les émotions, des orchestrations qui appuient les textes, un produit de grande intensité !

Anne Bisson - Blue mind

Après une carrière en animation (Coup de foudre, Vazimolo, etc) et en chansons qui lui avait valu une participation à la version 1986 de Starmania Made in Quebec, ainsi qu'un premier album solo en 1993, il aura fallu 16 ans avant qu'elle cogne à la porte de la compagnie de disques Fidelio avec une première chanson qu'elle a créée paroles et musique, intitulée Little Black Lake. C'est le coup de foudre (le jeu de mots est voulu) et le projet d'un nouvel album voit le jour.

Un album de 11 chansons où elle a écrit toutes les pièces, Hoping love will last de Steve Hackett, ancien guitariste de Genesis. Des textes sensibles et intimistes, des airs de jazz avec ambiances piano / contrebasse / batterie, de petits bijoux présentés avec une voix colorée et sensuelle.

Il s'agit d'un album de très haute qualité technique disponible en version CD et vinyle, puisque plusieurs mélomanes redécouvrent la richesse de ce support trop rapidement mis de côté. A l'heure où plusieurs classiques du jazz ont retrouvé l'avant-scène en étant repris par différentes chanteuses populaires (IMA, Linda Racine, etc), Anne nous présente du matériel original, transcendant les styles, des textes personnels livrés avec émotions et douceur. Un album qu'on écoute avec le coeur ouvert !

Mathieu Thioly - Au blanc des jours

Le jeune auteur compositeur d'origine suisse présente un premier album au public québécois, une oeuvre pleine de richesses musicales au titre évocateur d'Au blanc des jours. L'album de 13 pièces fait une grande place aux musiques planantes et accrocheuses que nous a préparées l'artiste qui nous a aussi peaufiné des textes poétiques et fort intéressants.

Je retiens d'ors et déjà la pièce Dix ans dans la lune qui est le premier extrait de ce CD produit avec l'aide d'une multitude de musiciens incluant un quatuor à cordes, ainsi que Louis-Philippe Amiot et Jean-François Picher à la réalisation. Mathieu nous offre un album aux sonorités exceptionnelles qui se laisse écouter comme on poursuivrait un voyage énigmatique et plein de découvertes, sonores dans ce cas-ci.

Bataclan - Éponyme

Trio formé de Denis Plante (bandonéon), Mathieu Lussier (basson) et Catherine Perrin (clavecin). Ils ont mis en commun des instruments qui d'un côté rappellent le style médiéval (clavecin et basson) et de l'autre le tango d'origine sud-américaine (le bandonéon).

Ce premier disque a été lancé sur étiquette ATMA Classique qui vous propose cette nouvelle aventure musicale étonnante. : Bataclan!, une rencontre improbable et captivante. Les trois complices ont rassemblé leur « bagage » musical pour s’offrir un voyage imaginaire à travers les Amériques. Le tout forme un joyeux attirail où s’entremêlent les tangos, rhapsodies, pièces folkloriques et fantaisies.

En plus des oeuvres composées et arrangées par Mathieu Lussier et Denis Plante, Bataclan! contient de magnifiques pages de Piazzolla, Villa-Lobos, Heitor Ayala et Eduardo Falu. « Quand les musiciens classiques perdent le Nord, c’est qu’ils sont allés au Sud ! » lance Denis Plante, qui a composé et réalisé les arrangements de plusieurs pièces figurant sur Bataclan! Sa profonde connaissance du tango et ses nombreux séjours en Argentine ont servi de boussole tout au long de cet enregistrement. Notons au passage une savoureuse reprise de La forêt des mal aimés de notre ami Pierre Lapointe.

L’ensemble Bataclan! compte aussi sur l’immense talent de Mathieu Lussier en tant qu’instrumentiste, compositeur et arrangeur. Par ailleurs, Lussier lançait en janvier 2009 un deuxième album sous étiquette ATMA : Devienne, Sonates pour basson. Excellente claveciniste – elle a notamment 3 disques parus chez ATMA - Catherine Perrin mène également une carrière de communicatrice. Elle anime actuellement l’émission On fait tous du show business, diffusée à la télévision de Radio-Canada.

Les nouveautés du mois de février


Bernadette - Éponyme

Un premier album pour le groupe Bernadette, quintette en émergence sur la scène québécoise. Ils nous offrent une musique festive basée sur de solides guitares électriques, une section rythmique bien appuyée et une combinaison guitare acoustique et accordéon qui donne un son folk manouche fort agréable.

Le groupe est formé autour de l'auteur compositeur Francis Farley-Lemieux (voix, guitare, harmonica), Etienne Miousse-Olivier (guitare), Amélie Poirier-Aubry (accordéon, voix), Pascal Poirier (basse) et Patrick Nadeau (batterie).

L'album, le premier du groupe, a été co-réalisé par le groupe lui-même, de même que par Hugo Perreault (Okoumé, Laurence Jalbert, Richard Séguin) et les arrangements ont été signés par tous les musiciens. On y compte 12 chansons qui peuvent tout autant vous faire bouger ou vous faire réfléchir, gravées sur étiquette Présence, distribuée par Select.

De bonnes chansons francophones sur une musique folk, joyeuse et amusante ! À découvrir !

Les nouveautés du mois de janvier


Mara Tremblay - Tu m'intimides

Mara nous présente son quatrième album en carrière, continuant sa démarche unique entreprise il y a maintenant 10 ans alors qu'elle se lançait en solo. Ainsi donc, faisant suite au Chihuahua paru en 2009, à Papillons (2001) et Les nouvelles lunes (2005), le nouveau CD s'intitule Tu M'intimides et nous fait découvrir une facette nouvelle de l'artiste, notamment sur la chanson Tu n'es pas libre qui est aussi le premier vidéoclip extrait de l'album. La voix a évolué, se fait plus intimiste et on sent moins les influences country bien qu'elles n'aient pas tout à fait disparu (par exemple sur la pièce titre Tu m'intimides).

Un album de maturité pour Mara qui a accepté qu'on voit sa figure pour la première sur une pochette d'album et qui s'est mise presque à nu pour le faire. Une évolution évidente quand on pense qu'elle tournait le dos au public au début de sa carrière, la gêne et le trac faisant leur effet. La photo de très bon goût est de Valérie Jodoin-Keaton.

L'album a été réalisé par Olivier Langevin, avec l'aide de Mara et de Pierre Girard alors qu'on retrouve toujours Olivier et Mara aux arrangements, assistés de Pierre Fortin cette fois. Antoine Gratton a ajouté sa touche magique aux arrangements de cordes et quelques musiciens invités se sont distingués, notamment les François Lafontaine (Karkwa) aux claviers et Mélanie Auclair / Guido Del Fabro aux instruments à cordes, respectivement violoncelle et violon alto.

Pellep - Jammin' Session

Le rap québécois continue de faire sa place, cette fois avec un jeune homme du nom de Stéphane Pelichet, ci-appelé Pellep. Son frère Jocelyn a composé les musiques et créé les arrangements (de beaux cuivres entre autres), lui a écrit les textes et les interprète. Ils se sont entourés des musiciens Jocelyn Couture (trompette), André Leroux (saxophone) et Jocelyn Lapointe (bugle).

Avec leur propre label indépendant (Maison Pélichet), les frères nous présentent ce CD comme un Jammin' Session avec leurs comparses. Pas d'échantillonnage, que des instruments réels, faisant le pont entre le hip hop montréalais et la chanson dite populaire. Ils laissent le côté technique entre les mains de Serge Rodrigue (Pierre Flynn, Les Respectables, André Leroux) et se concentrent sur le côté créatif de leur oeuvre.

Un de leurs objectifs est d'élargir les horizons de la musique rap, histoire de rejoindre un public qui n'est pas nécessairement initié à ce genre musical. Après avoir écouté ce disque du début à la fin, je suis en mesure de leur confirmer qu'ils s'approchent de cet objectif. Je ne suis pas un grand fan du genre mais j'ai su apprécier les Dubmatique du passé et je suis agréablement surpris de cet album. La musique vient chercher les émotions, les sujets (ou du moins leur traitement) sont moins agressants et l'ensemble se laisse écouter avec beaucoup de plaisir. Chapeau à Pellep !

Michel Parent