Le Top 10 2007


Comme à chaque année, voici venu le temps de faire un peu le décompte de tous les albums de 2007 et de partager la liste de mes 10 principaux coups de coeur. Ces albums ont été choisis sans aucune pression commerciale ou autre. Ils sont là simplement parce que le matériel qu'ils contiennent a fait mon bonheur pendant plusieurs écoutes et que chacun a su se démarquer à mes oreilles. Il faut prendre le tout avec un grain de sel puisque je n'ai pas eu le temps (ou les moyens) d'écouter tous les albums produits cette année. On y va donc en partant de la dixième à la première place !


Numéro 10

Ex-aequo: Anik Bérubé - Bulle de bonheur
& Gilles Bernier - Un espace où rêver


J'avais de la difficulté à choisir qui de ces deux auteurs compositeurs hériterait de cette dixième place dans mon palmarès 2007. J'ai donc décidé de ne pas faire de choix entre Gilles et Anik qui sont tous les deux des découvertes que j'ai faites lors des soirées Entre le Rouge et le Noir, et dont les chansons ont agrémenté mes lundis depuis près de 4 ans maintenant.

Tous les deux écrivent des textes fort poétiques et éclairés, tous les deux misent surtout sur la guitare acoustique pour faire passer leur message, Anik a même fait des choeurs sur l'album de Gilles. Ce ne sont pas des albums de hits, mais on y retrouve ce qu'il y a de plus beau dans la chanson québécoise, cette passion de se faire entendre et de ne pas tourner les coins ronds au service de la popularité à tout prix. Je vais les écouter encore longtemps.

Numéro 9

La RéVolt - Les heures marchandent

Ils redonnent vie au folk acoustique à tendance progressive, merci à la flûte de Kim Bergeron.Il s'agit d'un premier album en carrière pour le groupe dont les membres sont issus de diverses régions du Québec (les Îles de la Madeleine, le Centre du Québec et l'Outaouais). La plupart des textes sont le fruit du travail de Michel Cyr alors que tous les musiciens apportent leur bagage musical personnel pour donner au tout une enveloppe fort intéressante: un folk rock progressif, celtique et jazzé...

Sur le nouveau CD du groupe, on retrouve plusieurs excellentes pièces qui présentent bien de quoi le groupe est fait. L'album débute fort bien avec Chevalier Miguel, mettant de l'avant un texte bien fignolé sur un jeune homme qui découvre la société dans laquelle il doit vivre, décrit comme "le chevalier des générations oubliées": une musique fort accrocheuse, des arrangements sophistiqués et un texte qui fait mouche.

Je suis littéralement tombé sous le charme de la réponse de l'acadien Gabriel à sa belle Évangéline (une chanson fort connue de Michel Conte). Intitulée La complainte de Gabriel, il est à souhaiter qu'elle arrive à traverser le temps tout comme l'a fait la pièce de Michel Conte. Avec ce genre de créativité, vivement la révolte !

Numéro 8

Gaële - Cockpit

La jeune femme d'origine française fait depuis 7 ans son chemin au Québec, ouvrant avec courage toutes les portes rencontrées sur son passage. Lauréate à Petite Vallée et finaliste à Granby, elle s'est attirée de nombreux fans qui attendaient frénétiquement un premier album de la jeune auteure compositrice interprète.

Elle nous a finalement offert ce premier album empreint de rythmes et représentant bien toute la palette des couleurs qui peuplent son univers et son imaginaire. Gaële est une auteure compositrice qui sait aussi faire siens les textes des autres. Sa personnalité originale, son énergie communicatrice et la maîtrise de son art lui ont permis de pondre un album représentatif de ce qu'elle est, douce et introspective, pleine d'intensité et même parfois complètement sautée.


Que ce soit dans les chansons tendres, intenses ou presqu'intimistes comme Sarah, Les croix blanches, La maison vide, Sur ma peau, ou dans des grandes envolées comme la pièce titre Cockpit ou Casino, Gaële démontre sa grande capacité d'adaptation et vient autant nous chercher les larmes que les rires.

Numéro 7

Claude Dubois et Al - Duos Dubois

Comment faire revivre les classiques de Dubois d'une façon différente des originaux ? Accouplez la voix de notre rocker devenu crooner avec celles d'une douzaine d'artistes parmi les plus connus de notre époque. On retrouve donc des artistes de sa génération comme Cabrel et Vigneault, des vedettes internationales comme Céline Dion, Isabelle Boulay, Corneille, Natasha St-Pier, Lynda Lemay et Garou, des monstres de la chanson comme Patrick Bruel, Richard Desjardins et Éric Lapointe et même un humoriste à la voix d'or, André-Philippe Gagnon.

Il n'y avait que Dubois pour se permettre des duos avec autant de grands artistes et nous permettre de ré-entendre des classiques comme J'ai souvenir encore, L'infidèle, Pas question d'aventure, Chasse Galerie, et tellement d'autres qui ont meublé notre univers collectif, sous un jour nouveau, fort agréable.

Numéro 6

Daniel Bélanger - L'échec du matériel

Chaque nouvel album du grand Daniel est un événement en soi. Il ne se contente jamais de reprendre une recette qui fonctionne. Poussant plus loin la limite entre le synthétique et l'acoustique, Daniel a réussi à construire une fresque homogène où la créativité domine.

Cet album tient beaucoup plus de Rêver mieux que de Déflaboxe (l'avant dernier album de Bélanger) en ce sens qu'il est moins techno et plus organique. Certains diront que Daniel prend moins de risques, j'ajouterais qu'il les a tous pris dans Déflaboxe et qu'il a maintenant trouvé le juste milieu.

C'est du grand Daniel Bélanger !

Numéro 5

Fabiola - Je reviens d'ici

La jeune femme de Trois-Rivières connaît une carrière fructueuse en Europe, surtout depuis sa participation à l'opéra folk Un éternel hiver de Lynda Lemay. Après plusieurs spectacles en terre québécoise dont certains auxquels j'ai assisté avec bonheur, elle nous offrait un premier album de ses magnifique chansons l'automne dernier.

Difficile de résister aux textes poétiques qu'elle a choisis chez nos poètes québécois, les musiques majoritairement créées par son compagnon de route musical Manu Trudel, et cette voix qui, par dessus tout, s'avère majestueuse, douce et passionnée à la fois.

Une artiste à découvrir sans ménagement.

Numéro 4

Yves Desrosiers - Chansons indociles

Son premier album (Volodia) reprenait en français les chansons du poète russe Viktor Vissotsky, ce dernier traçant un portrait de la société russe au temps de la guerre froide. Pour ce deuxième opus, c'est un portrait de la société québécoise que Desrosiers a choisi de faire et pas de n'importe quelle façon.

Il a décidé de prendre son temps, s'est mis à observer son entourage, son quartier, s'est laissé imprégner des peines et des bonheurs qui l'entourent. Il a travaillé majoritairement seul dans son studio, échangeant des textes avec Robin Aubert qu'il mettait ensuite en musique. Il a aussi reçu la base de la chanson Maria en provenance de sa grande amie Bïa et a demandé à Mara Tremblay de faire quelques incartades au violon pour la pièce Fumée blanche.

Le résultat est un album éclectique où on retrouve la touche musicale de Desrosiers, des percussions créatives, des textes engageants comme sur Les clochards, Fumée blanche, Le déporté, Le conquérant, Ma ruelle, etc. Un album à la fois différent de Volodia et qui lui ressemble aussi, dans la créativité musicale et les ambiances planantes qu'Yves Desrosiers sait si bien manier.

Numéro 3

Alfa Rococo - Lever l'ancre

Il y a deux groupes qui ont fait leur marque en 2007, deux duos en fait, que je place en deuxième et troisième place de mon décompte. Alfa Rococo nous a frappés en pleine face avec des chansons pop rock très mélodiques, les guitares aériennes de David Bussières et la voix fort agréable de Justine Laberge.

Avec des pièces accrocheuses qui nous prouvent qu'on peut encore produire de la pop créative sans tomber dans la répétition et le déja vu. Le premier extrait intitulé Les jours de pluie a fait la pluie et le beau temps un peu partout au Québec. L'album comporte 11 chansons dont les textes sont crédités majoritairement au duo alors que les musiques sont surtout de David.

Chaque chanson réussit à séduire par la qualité des arrangements (et que dire des magnifiques guitares et des claviers), le style musical est actuel, tout en puisant dans le rock dit classique. Entre des ballades bien rythmées comme Les jours de pluie et la chanson titre, Lever l'ancre, on retrouve des textes plus sérieux comme Horribles gens et Peau de chagrin. Chaque fois, les musiques viennent habiter les mots et nous donner le goût de les écouter encore et encore. Un beau tour de force!

Numéro 2

Tricot Machine

L'autre duo de l'année, c'est Tricot Machine qui a fait parler de lui sans arrêt depuis de début de l'année. On doit les textes et les musiques au deux frères Beaumont qui, chacun dans sa catégorie, avaient remporté les titres d'auteur et de compositeur au Festival de Petite Vallée.

Ensemble, textes et musiques prennent vie, surtout jumelés à la voix et au style bon enfant de Catherine Leduc. Officiellement, le duo est formé de Catherine et Mathieu, mais Daniel (le parolier) n'est jamais bien loin. On a un peu l'impression d'avoir affaire à Passe Partout version adulte, c'est accrocheur, bien fait, unique, créatif et on l.écoute encore et encore.

Numéro 1

Eletria

Celui-là, je ne l'attendais pas, un vrai coup de poing sur la gueule, une oeuvre musicale comme il s'en fait peu. Courageux, Alan Charles (le leader du groupe progressif Existence), a utilisé ses mots pour décrire une histoire vécue, celle d'Eletria qui vivra un drame continuel à la merci des hommes de sa vie.

Le texte est cru, direct, sans fioritures, la musique les enveloppe de piano et de violon, appuyant les émotions avec une finesse et une pureté difficiles à décrire. Pour véhiculer le personnage d'Eletria, il fallait trouver une interprète qui puisse se glisser dans la peau d'une femme torturée par la vie, mais qui puisse aussi nous faire sentir la force intérieure et la résilience qui l'anime. C'est Catherine Boulanger qui donne vie à Eletria et on attend avec ferveur la première représentation sur scène qui aura lieu en février 2008.

Peu d'albums ont réussi à m'émouvoir comme cette fresque. A la fois la musique et le propos ont réussi à faire vibrer ma corde sensible. Ce n'est peut-être pas très commercial comme sujet, mais quand on sait que l'histoire est tirée de faits vécus, on souhaiterait que les radios soient à l'écoute du coeur. Chapeau !

La Musique du Québec, "Je Me Souviens !"

Michel Parent