Pour la deuxième année, je me suis donné comme objectif de faire le tri de la production québécoise 2003 et de choisir mes 10 CDs préférés. Premièrement, ma liste des disques québécois n'est pas exhaustive parce que je n'ai pas eu l'occasion d'entendre tous ceux qui ont été produits cette année (budget oblige). Ensuite, le critère principal est le plaisir que m'a apporté chaque écoute de cet album. Au cours des 5 prochains jours, je ferai le décompte en commençant par le numéro 10 en descendant.

Ceci étant dit, allons-y pour le...

Numéro 10

Après quelques années à se questionner sur sa carrière, Claire a repris le flambeau au tournant des années 2000 et nous a offert ce magnifique album en septembre 2003. Difficile d'être objectif quand il s'agit de Claire que j'ai eu l'occasion de rencontrer à quelques reprises, ce qui m'a permis de constater qu'elle est une artiste dans l'âme, déchirée et passionnée. Un bel album au son blues rock où la voix particulière de la rockeuse passe par toute la gamme des émotions.

Numéro 9

Il est arrivé dans le paysage à pas feutrés, lui qui travaille avec les Boom Desjardins, La Chicane et autres depuis plusieurs années. Son style musical folk rock, ses textes imagés et, par occasions, naïfs, sont tellement frais et agréables à entendre qu'il se gagne des adeptes à chaque spectacle. Il commence à se faire une réputation de gaffeur, j'ai vu deux spectacles de Richard en 2003, la première fois il est tombé par terre pendant qu'il chantait, glissant sur une flaque d'eau, la deuxième fois il a accroché et fait tomber son micro encore une fois pendant une chanson. Rien de grave, Richard prouve son humanité autant sur scène que dans ses textes. Une personne ultra sympathique et chaleureuse.

Numéro 8

Présents sur ma liste des meilleurs albums deux années de file, le groupe fût pour moi une grande découverte aux Francofolies 2002. De retour cette année avec un premier album studio, ils nous offrent un rock solide, très tight, sur des textes de la comédienne Isabelle Blais et des musiques d'Yves Manseau, Nicolas Grimard et Igor Bartula. Plus qu'un spectacle, Caiman Fu offre une performance scénique grâce à la présence d'Isabelle qui vit carrément ses chansons devant nous. Des incontournables du rock Québécois.

Numéro 7

Un superbe album de Madame Forestier qui reprend ses plus grandes chansons avec de nouveaux arrangements et une qualité d'enregistrement qui fait pâlir les versions originales. Je ne me lasse pas d'écouter Les Montréalais, chanson qui mélange le traditionnel et les synthétiseurs pour créer une musique surréaliste et combien accrocheuse. Louise reste très impliquée auprès des jeunes artistes de la chanson, participant aux ateliers du Festival en Chanson de Petite Vallée ainsi qu'à l'organisation du concours Ma Première Place des Arts. Une grande dame qu'il fait bon ré-écouter.

Numéro 6

Nouveaux venus en 2003 pour la communauté francophone, le groupe formé autour de Gabriel Thomson connaissait déjà un certain succès en anglais. Je suis bien content qu'ils aient fait le saut dans la langue de Mollière, surtout quand il nous offrent un bon rock moderne qui connaît son apogée dans la chanson Liberté (Quitter la terre) qui est en quelque sorte un hymne lancé à la face du monde. Un autre groupe qu'il faut voir et entendre en spectacle comme je l'ai fait le mois dernier. Des guitares solides, une basse intelligente et des textes raccrocheurs.

Numéro 5

Comme bien du monde, j'ai apprécié la musique folk amérindienne du groupe Kashtin dans les années 90. Florent Vollant était en quelque sorte la moitié de ce groupe avec Claude McKenzie et ce nouvel album nous rappelle à son bon souvenir. Toujours cette belle musique qui vient nous chercher les tripes, des textes en Innu, anglais et français, une production impeccable par un artiste qui a su mettre (et transmettre) les valeurs de son peuple en musique.

Numéro 4

Lhasa a laissé tomber la portion "de Sela" de son nom de famille, mais elle n'en demeure pas moins cette perle découverte par Yves Desrosiers dans les bars du Plateau en 1996. Avec sa voix grave et chaude, la mexicaine d'origine, la québécoise d'adoption et l'habitante du monde (par choix et par conviction) nous offrait finalement un deuxième opus. Difficile d'offrir une suite à La Llorona qui fait maintenant office d'album mythique, mais elle y parvient avec talent et créativité. Considéré par plusieurs comme supérieur au premier album, Lhasa continue de voler bien haut dans le paysage musical.

Numéro 3

Deuxième artiste à se mériter une place dans mon Top-10 deux années de suite, Vander s'est associé à Borza Gomeshi pour créer ce qui, j'espère, deviendra une franchise répétitive. Invitant de grands artistes comme les soeurs McGarrigle, Marie-Jo Thério, Jim Corcoran, Daniel Boucher et Stefie Shock à se joindre à eux, ils ont adaptés les textes de ceux-ci en version dub (sorte de reggae plus lent) et leur ont laissé la tâche de ré-interpréter leurs chansons sous cette nouvelle forme. C'est superbe, grandiose, accrocheur, créatif, jouissif, mettez-en. Ils ont donné l'un des meilleurs spectacles du Coup de Coeur Francophone 2003, j'en tremble encore (il faut dire que la basse de Vander se faisait omniprésente). Excellent !

Numéro 2

Son premier album était plein de promesses, le deuxième les remplit. Non seulement Stefie pousse plus loin sa créativité musicale, mais il lui insuffle des harmonies qui nous rappellent les bons moments de Manu Chao. Un album qui contient 11 chansons dont chacune pourrait (et devrait) faire l'objet d'un extrait radio tellement c'est puissant. Du vrai bonbon.

Numéro 1

Gagnant de Granby en 1999, Steve Dumas avait lui aussi produit un premier album plein de promesses dans un style plutôt folk rock. Arrive le deuxième album qui jette tout le monde à terre, Dumas évolue dans un rock électronique qui nous rappelle les meilleurs moments des grands groupes anglais comme Pink Floyd. Réalisé avec l'aide de Carl Bastien qui a aussi produit le dernier album de Daniel Bélanger, l'album se veut un album concept et ne contient aucun moment mort du début à la fin. Chaque chanson est intégrée à la suivante et la présence du violon de Marie-Annick Lépine (Les cowboys fringants) vient nous chatouiller les oreilles sur Arizona, une sorte de ballade road movie très sensuelle. Marie-Annick joint aussi sa voix à celle de Dumas sur Je ne sais pas. A plusieurs occasions pendant 2003, j'ai pu voir Dumas en spectacles et à chaque fois que je l'ai rencontré, il s'est avéré d'une gentillesse désarmante. Un jeune homme de 23 ans qui fait la barbe à plusieurs de nos créateurs. Une valeur sûre et un album qui mérite amplement cette première place au palmarès 2003.

La Mosaique des Albums Québécois 2003

Michel Parent