Il y a maintenant près de deux ans que je me tiens au courant des développements
du projet Un rendez-vous dans l'irréel mettant en vedette Céline Faucher,
Daniel Prudian, Sylvie Royer, Patrick Olafson, Maryse Ringuette et Benoit Martel. Six artistes
aux voix et aux voies hors de l'ordinaire. Chacun a été reconnu pour ses qualités
vocales et d'interprétation lors de différents concours artistiques et les productions
Louis Michel, fondées par le directeur artistique Louis St-André et le
directeur musical Michel F. April, ont choisi de les regrouper ensemble
au sein du projet d'Un rendez-vous. En plus de leurs superbes voix, chacun apporte une dimension différente, au niveau des textes, de la musique, de la mise en scène et de la prestation scénique. Couplé avec l'expérience de Louis St-André qui a travaillé avec Céline Dion et, plus récemment, Mixmania / Phénomia, et l'expertise de Michel F. April aux arrangements et à la réalisation, le groupe nous a offert un magnifique album à l'été 2002 et présente cette semaine une première série de spectacles à la Place des Arts. |
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Lorsque le rideau s'ouvre, la scène est plutôt vide, trois écrans transparents laissent passer les ombres des interprètes qui se révèlent doucement à nous au son du Thème pour "L" avant de quitter la scène pour permettre à Patrick d'entonner Innocentes puis de poursuivre avec la chanson thème du spectacle Un rendez vous
dans l'irréel écrite par Georges Moustaki et Marguerite Monnot, une chanson que Moustaki
voulait offrir à Edith Piaf avant qu'elle ne quitte ce monde.
Les artistes défilent chacun leur tour pour nous offrir des performances vocales époustouflantes, Sylvie Royer avec Confidences à un ami, Céline Faucher avec Le procès, Patrick Olafson et Prisonniers puis Daniel Prudian avec Dans les prisons dorées. Cette dernière série de trois chansons permet au groupe de faire plusieurs présences sur scène dans des chorégraphies tournant autour du thème des chanteurs et chanteuses qui sont prisonniers de leur amour de la chanson et de la musique. Louis a fait un excellent usage de l'arrière-scène avec un couloir et une balustrade qui se transforme en grille de prison pour le besoin de la mise-en scène. L'ambiance étant bien mise en place, Maryse Ringuette nous présente Cinéma-Clip, une chanson de Daniel Deshaime avant que Sylvie Royer vienne nous offrir Je suis assise au bar au travers d'images video présentées sur les voiles géants et dans lesquelles on reconnaît les membres du groupe qui semblent sortir de l'écran pour venir la rejoindre sur scène. Un moment privilégié. Vient ensuite Entrer dans la lumière, l'un des plus beaux textes de Raymond Villeneuve, mis en musique par Alain Lecompte et magnifiquement interprété par Céline Faucher, celle qui fût la première à me parler du projet d'un rendez-vous. Céline est suivie de Benoit Martel qui nous offre une de ses propres chansons intitulée Treizième étage. Benoit est aussi membre du collectif Zarzuella qui regroupe plusieurs grandes voix du Québec et qui a accompagné les Johanne Blouin et Ginette Reno. |
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Pour terminer la première partie, Céline Faucher est rejointe par ses camarades pour la chanson Qui suis-je ? que j'ai découverte sur son album solo et qui prend une dimension nouvelle lorsqu'interprétée par un groupe de 6 personnes. Sur l'album de Céline, la chanson nous fait réaliser le défi pour une seule et même personne d'être à la fois amante, épouse, mère, chanteuse, infirmière, etc. Avec l'aide du reste du groupe qui assume les différents rôles mentionnés dans le texte, on a l'impression de voir les six personnes tenter de se fondre en une seule, ce qui est plutôt difficile, les différentes personnalités descendent dans la salle et se mêlent à la foule pour finalement se sauver par une des sorties avant de faire place à l'entracte. Une belle métaphore entre le don d'ubiquité et le besoin de prendre une pause. | |||||
Comme si la première partie ne nous avait pas suffisamment impressionnés, Sylvie Royer lance le deuxième set avec deux de ses créations, Faire de la musique suivie de Je sais des tas d'histoires d'amour avant de céder la place à Daniel Prudian qui initie un trio de chansons ayant pour thème la rupture. Premièrement, Rare l'amour présentant une chorégraphie déchirante avec Maryse Ringuette, puis Maryse qui interprète S'il te plaît pour conclure avec Benoit Martel et Pour l'amour. Vient ensuite Patrick Olafson pour L'amour, Benoit Martel avec Le mal du temps et Daniel Prudian pour un superbe numéro multimédia sur un texte de Raymond Villeneuve, Vaincre la mort. Une projection magnifique d'images organiques parmi lesquelles Daniel évolue pour nous émouvoir en décrivant les craintes du chanteur qui monte sur scène. Surréaliste et poignant, des images très fortes et un artiste qui se donne corps et âme. Après une dernière chanson de Benoit Martel intitulée Y'a des voix, arrive malheureusement le temps de mettre un terme à deux heures de pur émerveillement. Le groupe au complet nous offre le fleuron de leur album, la magnifique Le monde meilleur de Daniel Deshaime. Un moment fort dans un spectacle fort, le public est debout et les artistes réalisent l'ampleur de leur réussite, six âmes qui se cherchent, se trouvent et partagent avec nous un moment magique de création et de beauté. |
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