Une partie des artistes qui participeront à l'événement

C'est avec Claire Pelletier comme porte-parole que se met en branle la deuxième édition de l'événement Au Québec, la chanson m'enchante ! Claire succède ainsi à Richard Séguin qui avait lancé la première édition l'année dernière.

Elle profitera de l'occasion pour sortir de sa retraite fermée puisqu'elle est en pleine phase d'écriture pour son troisième album de chansons originales. Elle fera le tour des 9 salles de spectacles qui forment le regroupement Diffusion Inter-centres, rencontrera les artistes, participera à des ateliers de discussion et des rencontres avec le public.

Claire a profité de cette tribune pour justement lancer un appel au public et aux médias afin d'encourager et diffuser la nouvelle production musicale québécoise, tous styles confondus.

Ainsi donc, pendant une période de 5 semaines, du 15 janvier au 22 février 2004, une trentaine d'artistes traverseront le Québec pour participer à 120 spectacles hauts en couleur et en chaleur humaine, rapprochant les artistes de leur public et créant un événement musical en plein coeur de l'hiver.

Amélie Veille et Jean-François Dubé
Les salles André Mathieu (Laval), Albert Rousseau (Québec), J.-Antonio Thompson (Trois-Rivières), Maurice O'Bready (Sherbrooke), Odyssée (Gatineau), Palace (Granby), le Centre Culturel de Drummondville, l'Auditorium Dufour de Chicoutimi et le Centre Culturel de Joliette unissent donc leurs efforts pour faire de cette initiative l'un des événements les plus marquants de l'année en chanson au Québec.

Parmi les artistes invités, on retrouve les Richard Séguin, Amélie Veille, Marie-Pier Perreault, Jean-François Dubé, Jorane, Les Muses, Wilfred Le Bouthillier, Ariane Moffatt, Nicolas Dumont, Mélanie Renaud, Marie-Claire Séguin, Edith Butler, Louise Forestier, Bruno Pelletier, Martin Léon, Yann Perreau, Urbain Desbois, Steve Normandin, Les Vulgaires Machins, Marie-Denise Pelletier, Jeszcze Raz, Taïma Project, Brigitte Marchand, Martin Deschamps, Roger Tabra et plusieurs autres. En plus, Steve Dumas et ses musiciens participeront à une tournée des artistes finalistes de Granby, lui-même ayant remporté le premier prix d'auteur compositeur et interprète lors de l'événement en 1999.


Les porte-paroles des deux premières éditions, Richard Séguin et Claire Pelletier

Ariane Moffatt à la Salle André Mathieu de Laval
Vendredi le 16 janvier 2004


Débarquant tout juste de l'Inde, et malgré un gros écart de température à surmonter, Ariane Moffat a réussi à nous offrir un excellent spectacle. Pour sa quatrième présence à la salle André-Mathieu, elle nous a livré toutes les chansons de son très évocateur "Aquanaute". Elle a ajouté à ces titres une nouvelle composition et une version reggae de la chanson "Le grand cerf-volant" de Gilles Vigneault.

Elle était entourée de son équipe habituelle, soit: Tony Albino à la batterie, Joseph Marchand aux guitares, Maurice Soso Williams à la basse et aux voix, tous dirigés par Francis Collard aussi aux claviers, à la flûte traversière et aux percussions. Donc, très en forme et heureuse d'être de retour à la maison, Ariane Moffatt nous a, une fois de plus, transportés.

Collaboration spéciale: Claire de Grandpré.

Richard Séguin - Solo
Au Centre Culturel de Drummondville
Le 24 janvier 2004

Toujours très en demande au tournant des années 2000, Richard continue de promouvoir la chanson francophone en parrainant des événements comme le Festival de Petite Vallée, les tournées du ROSEQ (Rassemblement des Organisateurs de Spectacles de l'Est du Québec) et les événements Au Québec La Chanson M'Enchante.

A l'été 2003, il prenait la route du ROSEQ avec un spectacle solo acoustique. Armé de sa guitare Gibson 1957, il reprend une série de ses succès (il en a beaucoup) dans une version plus intimiste mais combien chaleureuse. C'est donc au Centre Culturel de Drummondville que j'ai eu l'occasion de voir ce spectacle de Richard.

En première partie, nous avons eu droit à quelques chansons de la jeune interprète Marie-Eve Villemure, originaire de Drummondville, invitée par Richard et les organisateurs de la soirée qui coïncide avec l'événement Drummondville en chansons.

C'est accompagnée de son fidèle pianiste Sylvain Marcotte que Marie-Ève s'est présentée à la foule. Son répertoire habituel comprend des pièces variées, que ce soir du Alanis Morissette, Eva Cassidy, Sting et autres. Ce soir, elle a choisi d'interpréter des chansons francophones, comme Trop loin l'Irlande de Claire Pelletier et la Chanson des vieux amants de Jacques Brel.

Elle possède une très jolie voix et un timbre que je comparerais à celui de Céline Dion plus jeune. Bien entourée, la jolie demoiselle pourrait se rendre très loin.

Marie-Eve et son pianiste, Sylvain Marcotte.

Richard enchaîne donc après Marie-Eve et il s'installe entre ses deux guitares, sa fameuse Gibson 57 qui est une vraie guitare acoustique (pas de fil comme les guitares récentes, le son étant récupéré à travers un micro) et une autre plus moderne qui est un cadeau de Gilles Valiquette.

Comme indiqué plus haut, Richard a choisi de faire une tournée acoustique et en solo pour reprendre le contact avec ses chansons et les offrir telles qu'elles ont pris naissance, à la guitare. Dépouillées de tous les arrangements qu'on leur connaît, ces chansons redeviennent des fleurs que l'on cueille avec les oreilles et dont les textes reprennent toute leur puissance.

Richard explique comment chaque pièce est née et nous permet donc de partager un peu son univers créatif et onirique. Pendant le spectacle, des gravures sont projetées sur un grand drap derrière lui. Toutes de sa création, elles apportent une autre dimension, justement onirique, aux textes de ce grand de la chanson québécoise.

Il a repris certaines de ses grandes chansons, comme Sous les cheminées, Pleure à ma place, L'envie d'y croire et autres, mais il a aussi chanté des créations qu'il avait offert à d'autres comme Belle Ancolie (Luce Dufault) et Porteurs d'eau qu'il a composée pour l'organisme Eau Secours.

Une grande soirée sous le signe de l'émotion ! Pour ceux que cela intéresse, Richard a enregistré un nouvel album intitulé justement Solo, et qui est disponible lors de ses spectacles et sur son site Internet, www.RichardSeguin.com.


Louise Forestier - Lumières
A la Salle André Mathieu de Laval
Dimanche le 25 janvier 2004

Pour faire suite à la sortie de son très bel album Lumières en 2003, Louise a repris la route avec son complice des 12 dernières années, le compositeur, pianiste, guitariste et jazzman Jean-François Groulx. Pour compléter le quatuor, on retrouvait Justin Allard aux percussions, Frédéric Alarie à la contrebasse et Sylvain Quesnel à la guitare électrique.

Si Louise sait se faire à la fois douce ou rebelle, tendre ou dramatique, introvertie ou exubérante, c'est qu'après 35 ans de carrière, la scène n'a plus de secrets pour elle.

Cette grande interprète vient de passer le cap de la soixantaine, elle l'avoue avec désinvolture mais aussi avec une certaine réticence. Sa passion de la scène ne l'a jamais quittée et elle continue encore aujourd'hui à jouer un rôle prépondérant auprès des jeunes artistes québécois, que ce soit lors du Festival en Chanson de Petite Vallée ou du concours Ma Première Place des Arts.
Je disais donc qu'elle était accompagnée de Jean-François Groulx, lui qui a écrit de nombreuses musiques sur lesquelles Louise à ajouté ses textes, dont la très jolie chanson Lumières qu'elle a chantée avec brio et qui est aussi la pièce titre de son plus récent album.

Nous avons aussi eu droit en entrée de jeu à la superbe Les Montréalais, suivie de plusieurs autres pièces de l'album en question, California, J'pense que c'est l'temps, Quand t'es pas là, Lindbergh, Pourquoi chanter, Motel desert inn, etc.

Vers la fin, un petit medley nous ramènera quelques-uns de ses plus grands succès, comme Prince Arthur et La prison de Londres.

Une soirée en douceur et aux couleurs jazzées, une interprète respectée et respectueuse, une grande jeune dame de notre chanson !

Tournée des Lauréats de Granby
La Maison des Arts de Laval

Vendredi le 30 janvier
C'est avec la complicité du gagnant ACI de 1999 (Steve Dumas) que les gagnants 2003 ont passé les deux dernières semaines sur la route. Dumas et ses musiciens ont servis de "house band" pour les Steeve Thomas, Sénaya et le Kitchose Band.

En ouverture, c'est une chanson de Dumas, Vol en éclats, qui nous permet de faire connaissance avec le groupe au complet. Il nous reviendra plus tard avec le Kitchose Band pour une superbe interprétation d'Arizona. Il nous offrira aussi, en deuxième partie, 4 ou cinq chansons extraites de ses deux albums, notamment Miss Ecstazy et Je ne sais pas.
Dumas laisse donc sa place à la gagnante catégorie interprète, la très jolie Sénaya. Originaire de la Guadeloupe et habitant maintenant Montréal, elle est dotée d'une voix superbe tout en étant la meilleure danseuse de toute la tournée (la seule femme aussi sur cette grande scène).

Parmi les chansons offertes notons Soul Créole qui nous parle un peu de ses origines, Colombo et Autrement. Artiste complète, elle écrit aussi certains des textes de ses chansons et travaille avec son ami le guitariste Wesley Louissaint pour les musiques.
Le Kitchose Band, gagnant catégorie groupe, prend ensuite la relève avec leurs chansons rock passablement appuyées et leur style qui est un mélange dandy / pop qui nous rappelle les années 60.

Le groupe est formé des guitaristes Sébastien Lortie et François-A. Gagné, auxquels se joignent Ariel Harrod et Olivier Cormier. Ils ont fait lever le party pas à peu près, la foule répondant instinctivement à leur humour caustique et leurs chansons entraînantes.

Ils sont à surveiller de très près !
C'est à l'auteur, compositeur et interprète Steeve Thomas qu'est revenue la tâche de terminer la soirée. Guitariste qui aime bien les riffs passablement solides, il nous offre des textes à caractère revendicateur qui font mouche. Je crois voir en lui une sorte de Daniel Boucher en plus rock.

Lui aussi a réussi à chauffer la foule qui a fortement apprécié chacune de ses présences, en solo ou en support des se camarades.

Pour terminer, merci à Radio Canada qui a permis aux lauréats d'enregistrer un CD et de le distribuer aux spectateurs lors de la tournée qui prenait fin en ce beau vendredi soir.

Jeszcze Raz - Balagane
Au Centre Culturel de Joliette
Le mercredi 4 février 2004

La troupe de Paul Kunigis était en visite à Joliette ce soir et c'est justement à cet endroit que j'avais choisi d'aller les voir en spectacle pour la première fois. Il faut dire que la salle Rolland Brunelle, rénovée en 1997, est un lieu bien sympathique, surtout quand elle est transformée en style cabaret comme c'était le cas ce soir.

Je disais donc que la troupe de Jeszcze Raz y avait donné rendez-vous aux gens de la région pour une soirée sous le signe de la musique d'Europe de l'est (tzigane, gitan, etc). Au programme, le contenu du merveilleux album qu'est Balagane, un mot signifiant "Bordel" et disons qu'il prend tout son sens quand on pense à la situation qui prévaut au moyen orient.

La majorité des textes et des musiques ont été créés par Paul Kunigis et représentent des tranches de vie qui sont un peu le reflet des expériences de l'auteur. Il nous parle de son parcours, d'un jeune polonais né d'une mère catholique et d'un père juif, élevé en Israël et étudiant à l'école française. Ce serait difficile de faire plus diversifié comme culture, pourtant il la porte fièrement et nous permet de la partager avec lui.

De Balagane à Swetlana, en passant par Czarna Kawa (Café noir) et 3 Pajaci (3 clowns), les magnifiques musiques du groupe nous font voyager au coeur de l'âme tzigane et partager un bout de leur vie. Que ce soit en dansant, en chantant ou en jouant du piano, Paul Kunigis nous démontre pourquoi son peuple (les polonais) se devait de conserver son optimisme, surtout quand on est pris entre la Russie et l'Allemagne. Un artiste important et un homme de coeur qu'il partage avec les excellents musiciens de son groupe.

Taïma Project
Au Centre Culturel de Joliette
Le mercredi 4 février 2004

Depuis leur spectacle au Coup de Coeur Francophone 2003, Alain et Elisapie en ont profité pour enregistrer leur premier album intitulé simplement TAIMA et ils ont aussi décidé de laisser tomber le terme project de leur nom de groupe. Pour les intéressés, TAIMA est un mot en Inuktitut qui signifie "C'est assez".

Ils se produisaient donc en deuxième partie de Jeszcze Raz et en ont profité pour se gagner plusieurs adeptes surpris par le style planant de leur musique ainsi que le côté poétique des textes et de l'interprétation d'Élisapie, des chansons qui font vibrer "l'âme, le coeur et l'esprit".

On entend de l'Inuktitut, du français et de l'anglais, un mélange comme l'utilisent les inuits qui habitent loin là-bas à la Baie d'Hudson, plus précisément à Salluit, village d'origine d'Élisapie. Alain a souligné la participation du conteur Fred Pellerin, originaire de cette belle région de Lanaudière (St-Elie-de-Caxton) qui a écrit les paroles et la musique de la chanson Silence.

Nous découvrons donc le parcours vers le sud de cette charmante inuit qui a décidé de quitter son village pour apprendre les communications et aller vers ces contrées d'où les oies partent vers le nord. En chemin, elle rencontre un gars du sud (Rouyn-Noranda) qui saura mettre ses poèmes en musique et saisir l'essence de sa passion. Quand deux âmes de créateurs, errantes, se trouvent et se complètent, on obtient une fusion mélodique unique, TAIMA !

Pour en savoir davantage, cliquez sur le www.taimaproject.com.
Elisapie Isaac Alain Auger

Nicolas Guimont
À la Maison des Arts de Laval
Le vendredi 6 février 2004

Suite à la sortie de son album éponyme à l'automne dernier, Nicolas entreprenait la semaine dernière une tournée qui l'a mené à Québec, Gatineau et Trois-Rivières avant de s'arrêter à la Maison des Arts de Laval en ce vendredi soir très enneigé sur la région de Montréal.

Je n'ai pas fait l'inventaire exact mais je crois que Nicolas a fait toutes les chansons de son nouvel album dont les excellentes Somnambule, Money Money Money, Le blues est noir, Ma muse et, histoire de réchauffer l'atmosphère, l'une de mes préférées, Soleil d'été.

Puisque le contenu d'un seul album ne suffit pas à remplir un spectacle au complet, Nicolas s'est fait plaisir (et nous a fait plaisir) en reprenant quelques "covers", notamment Brown Eyed Girl de Van Morrison, Le Phoque en Alaska de Beau Dommage, Comme un voyou de Claude Dubois et L'espion de Michel Pagliaro. Sa version du Phoque était pratiquement méconnaissable, beaucoup plus rock que l'originale, alors que celle de L'Espion était assez fidèle à celle de Pag, tout en profitant amplement de la présence de trois guitares électriques sur scène, celles de Nicolas, de Réjean Bouchard et d'Éric Asswad. Notons aussi les musiciens Pierre Koch à la batterie et Jean-François Valade à la basse.

Les compositions et les textes du jeune homme, originaire de Cap St-Ignace près de Montmagny, entrent dans la lignée des bons rockers québécois comme les Claude Dubois et Michel Pagliaro. Les musiques sont surtout rock mais un rock que je qualifierais de mélodique, avec un accent important sur les guitares et une richesse d'arrangements qui donnent à chaque chanson son style particulier.

Pour Nicolas, la musique c'est sa vie, il est doué d'un talent certain, de la voix riche et nuancée d'un bon rocker, d'une personnalité attachante et, de plus, il a su s'entourer d'une excellente équipe de production et de soutien. Il sera bientôt à Granby (le 28 février) avant d'effectuer sa rentrée à Montréal, ne le manquez pas, il vaut le détour.

Réjean, Nicolas et Éric

Yves Duteil au Palace de Granby
Dimanche le 29 février 2004
Trente années de chansons

Yves Duteil est venu passer le mois de février dans la neige du Québec, lui qui n'en était pas à sa première visite hivernale chez nous. Il s'est promené aux quatre coins de la province et a donné une vingtaine de spectacles en 29 jours. J'ai eu le plaisir de le rencontrer avant la dernière qui se tenait ce soir au Palace de Granby. C'est un Yves Duteil touchant et touché qui nous a fait le bilan de ses rencontres avec le public québécois qui lui a été fidèle tout au long des vingt cinq dernières années.

C'est avec Prendre un enfant que nous l'avons découvert et c'est avec La langue de chez nous que nous l'avons consacré. Pour la première fois, un chanteur de l'extérieur du Québec réalisait l'ampleur du défi de préserver la langue française au nord de l'Amérique. Il l'a si bien chanté que même Félix Leclerc en avait les larmes aux yeux lorsqu'il l'a entendue la première fois. D'ici quelques jours, je vous inviterai à lire la transcription de l'entrevue.

Revenons maintenant au spectacle, Yves se tient là au milieu de la scène, guitare à la main, debout, droit comme un chêne, Dieu qu'il me fait penser à Félix ! Une prestance qui incite le respect et l'admiration. Pendant deux heures, il nous offre certains des plus beaux fleurons de son répertoire, Prendre un enfant, La tibétaine, La langue de chez nous, Pour les enfants du monde entier et plusieurs autres.

Accompagné seulement d'un guitariste et d'un pianiste, le spectacle d'Yves Duteil se veut intimiste, les notes de sa guitare emplissent la salle et laissent toute la place aux textes qui sont si importants pour lui. Le public n'entend pas la prestation d'Yves, il l'écoute ! Après deux heures de réflexion sur le monde et l'amour, deux rappels et trois ovations debout, le rideau se ferme sur la prestation du plus québécois des français, leur Félix à eux mais qu'on aime bien leur emprunter à l'occasion. Merci Yves Duteil !

Yves a lancé récemment deux albums tout à fait différents mais qui, chacun à sa façon, représente une facette des trente dernières années. Des albums généreux, plus de 60 chansons, pour saisir le dimension de l'oeuvre de ce poète des temps modernes.
30 ans de chansons
Compilation de trente chansons importantes,
représentatives de ses 30 années de carrière
Chante pour elle
33 Chansons dédiées à sa femme Noëlle
qui est auprès de lui depuis 30 ans


Michel Parent