Disques 2007 - Juillet à Décembre



Les nouveautés du mois de novembre


La Brassée - R'garde en avant

Trois abitibiens maintenant installés à Montréal se rencontrent pour le plaisir à Vald'or. Ils ont envie de faire quelque chose ensemble, mais quoi ? Dans un coin, joue l'album Boom town café du groupe qui a bercé leur adolescence, Abbittibbi. Il n'en fallait pas plus pour que Dany Bédar (batterie, percussions, voix), Serge Fortin (voix, guitare électrique) et Normand Crépeault, (basse, voix) décident de reprendre le matériel de cet album mythique et de le remettre au goût du jour.

Il faut savoir que l'album original est très difficile à trouver et que pour certains c'est presqu'un sacrilège que de retoucher ces chansons. Ce n'est pas le cas du groupe Abbittibbi qui était très heureux de l'initiative, en commençant par Richard Desjardins. On retrouve donc presque toutes les chansons de l'original (je ne vois pas les pièces Lonely walker et Le beau grand slow), ainsi que quelques pièces du vaste répertoire de Desjardins/Abbittibbi comme M'as mettre un homme la-d'ssus, Déboutonne ton blues, Les nuits arabes, Chaude était la nuit et Et j'ai couché dans mon char.

Et ça fonctionne, le son est excellent, les guitares stridentes, les textes toujours aussi imagés, toute une nouvelle génération aura maintenant l'occasion de découvrir les chansons de cette époque post référendaire du début des années 80.

Paul Paulin - Enraciné...

Voici le deuxième album de Paul Paulin, toujours entouré de Joseph Simnovec à la basse et Ron Capanna à l'harmonica. On retrouve aussi Guy Desjardins au clavier et à la programmation et, bien évidemment, Paul à la guitare et la mandoline.

Comme le premier album avec lequel il nous avait habitué à son style blues, boogie, bluegrass, l'ami Paul continue de nous raconter de multiples histoires de sa jeunesse en Abitibi. C'est avec beaucoup de finesse qu'il nous amène dans le monde rural des années 40-50, un temps que la plupart d'entre nous n'avons pas connu mais qui nous semble bien coloré.

En spectacle, Paul Paulin nous raconte plein d'histoires à titre de préambule à ses chansons, ce qui ajoute quelques teintes de plus à un matériel déja fort coloré. J'aime beaucoup ce style rythmé avec une combinaison guitare / harmonica pas piquée des vers.

Parmi ces histoires qui méritent une écoute attentive, je retiens Du notaire à l'avocat (un blues magnifique), J'ai la vie, Le blues des ettes, Le train du nord (rappelant la ruée vers l'or), l'instrumentale Bougons boogie, La chose (l'évolution du physique masculin), Mon cheval Nélé (magnifique ode au cheval fort utile à l'époque).

Fred et Nicolas - Pellerin

Les frères Pellerin lancent un premier (et possiblement dernier) album qui représente les influences de la musique traditionnelle dans leur vie de tous les jours, un amour hérité de leur père, décédé quelque temps avant la parution de l'album. En fait, ce malheur a même pratiquement fait avorter le projet, leur père devant chanter la treizième chanson de l'album. Incapables de la reprendre eux-mêmes, elle demeurera donc absente de l'album.

On connaît Fred comme conteur et Nicolas comme musicien au sein du groupe Le Bébert Orchestra avec Yves Lambert. Tout au long de leur enfance à St-Élie de Caxton, il ont baigné dans ce style musical et ont donc choisi de ressortir ces souvenirs d'enfance, dépouillés d'artifices, leur rendant ainsi leur style original.

Douze chansons donc sur cet album réalisé par Jeannot Bournival qui a aussi fait partie et réalisé le dernier album des Tireux d'roches. Le ton est relativement intimiste, les émotions (l'amour toujours l'amour) palpables et bien que la chanson ne soit pas leur créneau habituel, les deux frères s'y débrouillent très bien. Ce n'est pas toujours facile de réinventer le genre "traditionnel et folklorique" mais les Pellerin arrivent à donner leur propre couleur, un peu comme les Tireux d'roches l'ont fait. Excellent !

Les nouveautés du mois d'octobre


Mathieu Mathieu - La gloire est morte

Voici un deuxième album pour Mathieu, faisant suite au CD Les grands espaces paru en 2004. Depuis, je l'ai entendu au Petit Medley en quelques occasions et je sais aussi qu'il s'est rendu en finale des Francouvertes en 2006. C'est avec des musiciens de talent que Mathieu a enregistré cet album, des pointures comme Francis Covan à l'accordéon, Catherine Major au piano et à la voix, Mathieu Bélanger à la clarinette et Christian Péloquin à la "slide guitar".

Réalisé par Dominic Despins, l’album inclut majoritairement des chansons de Mathieu, mais aussi une reprise de la chanson Dansez sur moi de Claude Nougaro ainsi qu'un texte de Gilbert Langevin mis en musique par Mathieu (Chanson pour l’excessive).

La première écoute nous ramène la voix chaleureuse de Mathieu et nous fait découvrir des arrangements fort intéressants. J'apprécie autant les chansons douces et feutrées comme Amélia, Anaïs et Dansez sur moi, que les rythmes percussifs de la chanson titre (La gloire est morte), la magie de la clarinette sur Cette ville et l'ambiance trad de Viking.

Mathieu ne s'installe pas dans un style particulier. La musique est là pour appuyer des textes intimistes, poétiques ou carrément débridés (comme l'aventure de Gleb Travin), et on sent toujours un désir de mélanger les musiques du monde avec un son folk plus typique d'ici. Le résultat est fort plaisant et, comme le premier album, celui-ci se laisse délecter du début à la fin.

Ludger - Le motel des astronautes

Après un premier album très rock, Ludger s'assagit un peu et trouve le chemin des palmarès avec la pièce à saveur salsa Los mosquitos qui a été l'un des tubes de l'été 2007. Le deuxième extrait intitulé Cowboy sale commence aussi a faire du bruit, tablant sur un beat fort accrocheur avec beaucoup de groove.

Originaire de la région de Sept-Îles, Ludger compte plusieurs membres du groupe Karkwa dans son entourage immédiat, il n'est donc pas surprenant de retrouver le claviériste François Lafontaine sur ce deuxième album, qui a été mixé par Sébastien Blais Monpetit.

Outre les chansons déja mentionnées, j'accroche aussi très fort sur la pièce Hold-up à Chicago qui est selon moi la plus forte de l'album. Ludger donne toujours dans le rock solide et c'est sur scène qu'il donne toute son ampleur au son qu'il affectionne. Cela permet des tounes plus pop pour la radio, mais très rock sur scène.

Daniel Boyer - Chansons sorties des limbes

Daniel est un auteur compositeur québécois qui a choisi de s'établir en France depuis le milieu des années 90. Il vient tout juste de produire cet excellent album avec l'aide de Richard Addison à la réalisation (basse, percussions), Claude Engel (guitares, luth, bouzouki) et Monique Fauteux (voix).

Les textes sont bien peaufinés et la musique les enrobe très bien. Trois d'entre eux ont même été récompensés au Printemps des poètes (Grand concours dans toutes les régions de la France), soient: Tout c'que j'veux c'est rien, Ta montre en or et Fucké Café. Dès le début de l'album, Tout c'que j'veux... c'est rien est venue me chercher, en premier par la musique et les arrangements, puis par le texte qui est à la fois poétique et sérieux. Très bien fait, elle est déjà une de mes favorites.

Les sujets touchent majoritairement les relations homme-femme, de la difficulté de trouver le véritable amour, de dépasser la passion sans en rester marqué, mais on a aussi droit à quelques chansons qui sont plus légères comme Les doigts (fort poétique) et Mon oncle Omer (qui a bu au moins une rivière dans sa vie et qui "... mangeait liquide, faisait le plein pour faire le vide... ").

Malheureusement l'album de Daniel n'est pas distribué au Québec (du moins pas encore). Pour découvrir sa poésie de grande qualité et ses musiques enrobantes, visitez son Site Web Officiel.

Linda Rocheleau - Je suis qui je suis

La jeune femme a fait partie de la cuvée 2005 de Star Académie. Éliminée passablement rapidement de la célèbre émission, elle n'a jamais baissé les bras et sa détermination aura convaincu la maison de disques DÉJÀ Musique de lui faire confiance et ainsi élargir le bassin d'artistes de la boite.

Avec déjà quelques textes et musiques en poche, elle travaille avec deux anciens membres de La Chicane, Éric Lemieux (piano, percussions) et Christian Legault (guitares, banjo) pour peaufiner ce premier album de 12 chansons, 9 originales et 3 interprétations. Justement, au niveau de ces interprétations, on retrouve deux pièces en anglais (Believers like you, Relearning to live) et la pièce Amoureuse tirée du répertoire de Marjo avec qui Linda avait chanté lors d'un des galas de l'émission.

Le style musical est basé sur le country, un style qu'elle affectionne beaucoup, mais quand même axé sur la chanson pop, même que quatre des chansons ont été arrangées de façon à être plus adaptées pour les radios commerciales. Je suis pas tellement un amateur de country western, mais le country rock (ou pop) dans le créneau de Shania Twain, j'aime bien à l'occasion. Avec cet album, Linda Rocheleau affirme qu'elle a choisi d'être elle-même, acceptant le défi de mettre ses états d'âme sur la table et en espérant que le public sera conquis. Avec des chansons comme Je suis qui je suis (la pièce titre), Tu es là, Je t'aime encore et le duo Ça arrive comme ça avec Christian Legault, on peut penser que les chances sont de son côté.

Jorane - Vers à soi

Un nouvel album de Jorane, c'est toujours un événement et cette fois elle a décidé d'utiliser le français pour bien faire passer ses messages. Parce que, justement, cet album touche les préoccupations de l'artiste qui a beaucoup voyagé au cours des dernières années, notamment en Inde.

L'album Vers à soi, est teinté d'instruments plutôt rares comme le guzheng et le glockenspiel, il se veut le reflet de ses réflexions et de ses expériences. L'oeuvre est remplie d'émotions, elle parle de la vie, de la mort et de l'amour. Les musiques sont douces mais riches de trouvailles, de sons inhabituels, et donnent une substance plutôt positive aux thèmes plus dramatiques.

Huitième album de l'artiste, on y retrouve 11 chansons réalisées par Éloi Painchaud, des créations qui font osciller l'auditeur entre l'ombre et la lumière. Entre les ballades et le défoulement, elle jongle avec son archet pour le bonheur de nos oreilles.


Patrick Norman

Difficile d'imaginer qu'un chanteur puisse se rendre à 25 albums dans ces années de surconsommation artistique où on oublie les artistes populaires aussi vite qu'ils sont arrivés. Patrick Norman a été présent dans le métier depuis le début des années 70. Il aura chanté l'amour sous toutes ses formes et il ne cesse de trouver des façons de le clamer à nouveau.

Sur cet album de 13 chansons, allant du country folk au pop, il a travaillé avec Marc Beaulieu, Paul Brochu, Jean-Guy Grenier et André Proulx. Les chansons traitent d'amour et d'amitié, que ce soit dans la douleur (Je me cache pour pleurer) ou le bonheur (Juste toi et moi), qu'il parle au je (Je vois un ange) ou à l'autre (Quand l'amour te tend la main, Tu peux frapper à ma porte).

Comme toujours, la voix douce et chaleureuse de Patrick, accompagnée de ses fort jolies guitares, saura séduire son public de longue date tout comme les plus jeunes qui se faisaient fort nombreux lors de sa dernière série de spectacles.

Téléphéric - Le fil conducteur

Le compositeur Éric Vigneault a fait partie du groupe Volume 10 et sa marque de commerce était la façon dont il arrivait à sortir son instrument, la basse électrique, de son carcan historique d'outil d'accompagnement. Volume 10 n'est plus mais le son d'Éric a survécu, son nouveau projet s'appelant maintenant Téléphéric.

Avec un premier album intitulé Le fil conducteur, Eric propulse sa basse à l'avant- plan et la manie telle une guitare pour donner un son rock fort entraînant, presque hypnotisant. Pour ce disque, il a écrit paroles et musiques, en plus d'avoir travaillé aux arrangements et à la réalisation avec Éric Arbour.

Le CD s'ouvre avec Ecco!, un rock déjanté fort puissant, puis continue avec L'égo système (contenant une ligne de basse savoureuse) et poursuit avec des pièces toutes plus colorées les unes que les autres. J'aime bien Le mirage, Le miroir de la terreur, L'ennemi no 1 et Le fil conducteur.

Avec Téléphéric, l'âme de Volume 10 a survécu, ce qui prouve bien qu'il y a de la vie après la mort.

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Trio Hélène Engel - Voyage

Artiste du monde, son matériel musical prend sa source autant en France qu'en Espagne, en Russie, en Angleterre et en Amérique. S'inspirant majoritairement des musiques de tradition juive (autant Ashkenaz que Sépharade), elle a formé un trio avec Henri Oppenheim (accordéon) et Marie-Neige Lavigne (violon) pour leur donner un son à la fois moderne et intemporel.

Il s'agit d'un cinquième album pour Hélène, réalisé cette fois par Henri Oppenheim, et il est particulièrement généreux avec 17 pièces dans les langues judéo-espagnole, yiddish, française, anglaise et hébraïque. Entre le chant cantorial, la ballade, le tango, le klezmer et la chanson réaliste, Hélène fait preuve de joie de vivre, d'humour et de sensibilité.

A noter, la pièce Fel shara qui cumule 5 langues différentes comme quoi certaines cultures sont plus métissées que le Québec. Au compte des pièces marquants, je retiens Suite Rabbinik, Le petit juif, Cuando el rey Nimrod (l'histoire d'Abraham) et Ocho candelicas.

Hélène Engel s'est donné pour mission de préserver et rapprocher les différentes cultures juives de la planète et cela devrait nous aider à comprendre la complexité de ce peuple séculaire.

Yves Desrosiers - Chansons indociles

Il a longtemps mené une carrière dans l'ombre, travaillant comme musicien ou réalisateur avec Jean Leloup, Lhasa, Richard Desjardins et plusieurs autres. Il y a cinq ans, il menait à terme l'ambitieux projet de reprendre le matériel du poète russe Vladimir Vissotsky, ce qui nous donne le magnifique album intitulé Volodia qui me donne encore des frissons quand je l'écoute.

Ainsi donc, comment pouvait-il alors aller plus loin ? Il a décidé de prendre son temps, s'est mis à observer son entourage, son quartier, s'est laissé imprégner des peines et des bonheurs qui l'entourent. Il a travaillé majoritairement seul dans son studio, échangeant des textes avec Robin Aubert qu'il mettait ensuite en musique. Il a aussi reçu la base de la chanson Maria en provenance de sa grande amie Bïa et a demandé à Mara Tremblay de faire quelques incartades au violon pour la pièce Fumée blanche.

Le résultat est un album éclectique où on retrouve la touche musicale de Desrosiers, des percussions créatives, des textes engageants comme sur Les clochards, Fumée blanche, Le déporté, Le conquérant, Ma ruelle, etc. Un album à la fois différent de Volodia et qui lui ressemble aussi, dans la créativité musicale et les ambiances planantes qu'Yves Desrosiers sait si bien manier.

Linda Racine - Racines

Il y a à peine un an, elle lançait un premier album de chansons originales aux accents jazz. Peu après, elle a eu l'idée de reprendre dans le même style musical des chansons du répertoire québécois et français. Elle présente son idée à DEJA musique qui embarque à pieds joints dans le projet et en voilà le résultat, l'album Racines.

On retrouve de grands classiques d'ici comme Un gars comme toi (Renée Claude), Perdus dans le même décor (Jim Corcoran), Chanter Danser (Gilles Rivard), Ils s'aiment (Daniel Lavoie) et Marie-Hélène (Sylvain Lelièvre), accolés à des succès français comme Tout va changer (Michel Fugain), Chanson sur une drôle de vie (Véronique Sanson) et Un parfum de fin du monde (Michel Legrand).

Loin d'être uniquement une reprise des chansons, Linda leur donne un souffle nouveau avec des arrangement plus modernes, des teintes de jazz et surtout, avec la voix magnifique qu'on lui connaît. Je recommande l'écoute d'Un gars comme toi, le premier extrait, Perdus dans le même décor, lyrique à souhait, et Marie-Hélène de son mentor Sylvain Lelièvre.


Censia - Electrolove

Duo sur la scène comme dans la vie, formé de deux auteurs compositeurs aux prénoms de Vincent et Sia (ils ont utilisé la contraction de leurs deux prénoms pour nommer leur groupe). Bien que la musique les allume depuis longtemps, ce n'est que lors de leur rencontre que la jeune femme d'origine grecque et que son compagnon de descendance italienne, ont choisi un parcours musical..

Ce premier album est majoritairement ancré dans la musique pop teintée d'électronique et de rythmes du monde, et est intitulé Électrolove. Ils se sont entourés de Cristobal Tapia de Veer à la réalisation et on note aussi la présence d'Eloi Painchaud comme musicien invité. Le sujet principal en est l'amour, celui qu'ils éprouvent l'un pour l'autre et qui leur permet de voir l'avenir avec le sourire. Le premier extrait de l'album est Sur la même longueur d'onde qui a aussi fait l'objet d'un clip.

Chaque titre de Censia est le mélange de deux voix complémentaires sur une musique douce et accrocheuse qui fait du bien.



Félix Soude - Y'a rien qui m'dérange

L'album est un mini CD de 5 tounes seulement, mais elles représentent bien l'univers de Félix Soude, le lauréat auteur compositeur interprète du Festival de Petite Vallée 2007. Elles valent la peine d'être entendues puisque le style de l'artiste est à ce point unique qu'il a réussi à se tailler une place enviable au sein de la relève locale montréalaise et québécoise.

Coiffé du titre de la première pièce du CD, l'album offre donc la chanson Y'a rien qui m'dérange, un plaidoyer pour qu'on s'ouvre les yeux aux différents problèmes qui nous entourent, de la pauvreté à la guerre. Félix y utilise parfois l'absurde pour nous dire à quel point l'indifférence qu'on porte aux difficultés des autres est dérangeante en soi.

Les autres chansons de l'album sont L'expérience canadienne, Un jour ça va sauter, Quand même que tu m'dirais et Rumeur au cerveau, et chacune utilise un mélange de textes imagés et de propos directs pour nous ouvrir à la réalité des autres sur un fond musical folk rock plutôt up beat. Un jeune homme à suivre.

Mimi Rousseau - Belle route

On dirait que cet automne, les auteurs compositeurs ont le goût de jeter un baume sur les travers de la vie et la société en général. Pour Mimi Rousseau, cela se traduit par un album intitulé Belle route et pourtant le chemin n'a pas toujours été facile pour la jeune femme qui se destinait à la danse contemporaine avant de bifurquer vers la chanson après une blessure au cou.

Après avoir fait la rencontre de Jocelyn Tellier et enregistré avec lui quelques pièces en studio, elle sent qu'elle a découvert l'essence de son style et se lance bientôt dans la confection de cet album tout en douceur et en délicatesse, Belle route. En cours de production, en plus de Jocelyn à la réalisation et aux arrangements, Mimi aura l'aide de Carl Bastien au mixage de l'album. Ajoutons une petite présence de Stefie Shock (sur Tombe en moi) et de Louis Lalancette (basse et co-réalisation) et vous obtenez une équipe de premier plan pour permettre à Mimi Rousseau de graver un album à sa mesure.

Ses chansons proposent un style folk aéré, juste assez doux et juste assez lumineux pour donner l'effet d'une douce brise enrobée d'une chaleur réconfortante. Alternant entre la langue française et l'anglais, elle touche des sujets plutôt personnels et, bien évidemment, l'amour et l'espoir. Notons la reprise de la chanson Luka de Suzanne Vega qui prend le titre de Luca en français, et dont le texte relate la vie d'un petit voisin victime de violence parentale. Probablement le texte le plus noir de l'album mais qui représente une réalité pour bien des enfants malheureusement.

Un album agréable et une voix particulière qui me fait un peu penser à celle d'une Anne-Marie-Gélinas plus jeune !


Anik Bérubé - Bulle de bonheur

Il y a quelques mois à peine, Anik avait remporté le prix de la chanson originale du concours Ma Première Place des Arts 2007, elle avait ensuite fait quelques scènes avec les autres lauréats de ce concours, notamment les Francofolies de Montréal. La jeune auteure compositrice possède un talent poétique indéniable, une voix fort agréable, de même qu'elle a fait preuve d'une belle ténacité en produisant le CD par ses propres moyens et obtenant une entente avec Local Distribution.

Prenant le titre de la première chanson, Bulle de bonheur, pour nommer l'album, Anik fait le pari que, malgré le ton intimiste et parfois triste du matériel qui suivra, l'auditeur reconnaîtra que le bonheur est souvent fait de petites choses, de petites bulles et qu'il faut cesser de le chercher ailleurs qu'en nous.

L'ensemble de l'album est le reflet de l'artiste, tendre et poétique, traitant des relations interpersonnelles avec sobriété (Dans de beaux draps, Pile ou face, Tu parles trop, La marguerite, etc) ainsi que du besoin de prendre le large face au rythme fou de la ville (Pina colada).

Pour obtenir un son qui lui ressemble, elle a confié la réalisation à Jimmy Rouleau (arrangements, guitare), et s'est entourée des musiciens Sylvain Bertrand (basse), Marc Angers (violon) et Francis Roberge (percussions, batterie). Le résultat est un album de neuf chansons au son folk très agréable à écouter, bien enveloppées dans des arrangements sobres mais efficaces.


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Sylvain Cossette - 70s

Continuant dans la veine des succès d'autrefois, Sylvain se lance en anglais avec l'album 70s qui reprend des classiques de Supertramp, Styx, Les Beatles, Les Rolling Stones, Queen, Cat Stevens, et j'en passe. Il faut dire que toutes les pièces de l'album ont connu leur heure de gloire dans les années 70, l'un des périodes charnières de l'industrie musicale.

On pourrait tergiverser sur la nécessité de reprendre des chansons qui sont encore bien présentes à nos oreilles grâce aux différentes rééditions CD qui ont été faites, cependant Sylvain a su leur donner un souffle nouveau grâce à sa voix magnifique lui permet de donner un son contemporain à ces différentes chansons, notons-le, interprétées par les plus grands chanteurs des années 70.

Fait intéressant, Sylvain les chante si bien que l'on arrive à comprendre des textes que l'on n'avait pas nécessairement saisis par les artistes originaux. Une belle production pour qui a envie de se replonger dans cette époque mythique, ou qui a envie de simplement la découvrir.


Bruno Marcil - Pas dormir

Un premier album pour l'auteur compositeur né en France de parents québécois, et qui travaille en parallèle le jeu et la chanson. Après avoir remporté le concours Ma première place des arts en 2007, il a été choisi pour participer à la comédie musicale Les 7 de Sylvain Cossette, et a du laisser sa place au sein du Grand Huit, un collectif regroupant les gagnants de Petite Vallée et de Ma première Place des Arts qui donnent une série de spectacles au Québec et en France.

Il lance maintenant cet album fort agréable d'écoute, présentant des textes chaleureux comme Deux, La couleur de tes yeux, L'appartement, etc. Se souciant de l'indifférence des gens il nous accroche fortement avec A'soir, et semble faire un clin d'oeil à son enfant avec Pas dormir qui est aussi le titre de l'album.

Les musiques sont intimistes, les arrangements colorés et le résultat est un album qu'on déguste du début à la fin.


France D'Amour - Les autres

France est une de nos artistes les plus productives, l'année 2007 voit l'arrivée de son septième album en 15 ans de carrière. Intitulé Les autres, le nouveau CD apporte une modification au style d'écriture de France qui a choisi de quitter le "je" pour le "nous" et le "ils". Le premier extrait tourne à la radio depuis le début de l'été: Le bonheur te fait de l'oeil démontre bien que France n'a pas l'intention de laisser tomber le côté rock de sa personnalité.

On retrouve de belles créations pop rocks (Moi j'ai toi, La mouche, Le soleil du cirque), des tounes plus smooth, voire intimistes (Ma soeur, Les autres, Je t'appelle ma maison), un bon rock (D'Amour PQ), bref plusieurs pièces qui décrivent l'univers qui entoure la chanteuse. Elle fait même un clin d'oeil à son amoureux dans Le soleil du cirque, puisque ce dernier est acrobate au sein du Cirque du Soleil.

Plusieurs des musiciens qui jouent avec France en tournée on participé à cet album qui a été réalisé par la chanteuse avec l'aide du bassiste Guy Tourville. Une production soignée et des airs qu'on déguste sans retenue sur étiquette Tacca Musique.


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Emma Goldberg - T... for ever

C'est la deuxième fois que je reçois un album de cette chanteuse française originaire de la région de Limoges. Elle a ce petit côté "chanson française" que l'on pouvait retrouver dans les ballades des années 60 et 70, et c'est fort agréable à écouter. Cette fois, elle reprend une de mes pièces préférées de l'album précédent (L'été à l'italienne qui apparaît en version originale ainsi que sous le titre de T...for ever en anglais).

Puisqu'elle est en discussion avec une maison de disques américaine, Emma a choisi de présenter à la fois des chansons dans sa langue d'origine ainsi qu'en anglais et en italien (Dove vai, Donde vas). Pour qui connaît le matériel d'Emma, elle chante toujours l'amour sous toutes ses formes, de la rencontre, et de la passion à la rupture. J'aime beaucoup son plus récent extrait (Ma tour d'ivoire) et la fragilité de chansons comme Emma, Tu me perds et Je t'aime encore.

Cet album n'est pas pour les amateurs de rock mais bien pour ceux qui aiment les ballades de bord de mer, teintées du soleil de l'Italie, même que certaines pièces pourraient nous rappeler Rafaella Cara, vedette disco italienne des années 70. Pour en savoir plus et écouter quelques pièces d'Emma Goldberg, visitez son Site Internet Officiel

Les Jérôme Charlebois - 27

Il est l'un des fils de Robert (Charlebois), tous deux tombés dans la musique quand ils étaient petits. Jérôme a choisi de se lancer dans une carrière musicale alors que son frère Victor a plutôt envie de faire chanter les autres, étant co-propriétaire de la boite à chansons L'Assommoir de la rue Bernard. C'est justement l'endroit choisi par Jérôme pour lancer le premier album du groupe qui porte son nom. Un nom qui arrive avec du vécu il va sans dire sur la scène québécoise, mais avec un prénom qui a bien l'intention de se faire reconnaître à son tour.

Tout jeune, il a été bercé par les chansons de son père dont on trouve des relents dans des pièces comme Daniella et Sa ka zouké. Cessons le jeu des comparaisons puisque la majorité des pièces de l'album sont quand même loin de celles du paternel: Mon petit côté français fait un peu manouche, Moi je mange retouche l'originale d'Angèle Arsenault en version plus moderne, Lolita a un petit côté Colocs, etc.

C'est souvent une épée de Damoclès s'avoir un parent dans le show business, Jérôme nous arrive avec un album qui mérite sa place au soleil et j'espère qu'il la trouvera.


Les nouveautés du mois de septembre


JohnE-5

Un nouveau CD pour le groupe formé autour de JohnE (guitare, voix), Carlito (synthétiseur, boîte à rythmes) et Yann So (synthétiseur, échantillonneur). Ils clament avoir été créés à partir d’un procédé unique qui leur donna à chacun, dès la naissance, une personnalité prédestinée à leur mission. Voulant rebâtir l’Empire Q et ramener les valeurs saines dans le cœur des jeunes et moins jeunes, ils sont des ordinaires, qui rêvent d’extraordinaire.

Ce premier album éponyme mélange le rock, le pop et l’électro, renfermant des rythmes entraînants et de textes incisifs. Amateurs autant de Jean Leloup que de Daft Punk, leur musique puise donc dans ces extrêmes. Des chansons qui font un peu dans la critique sociale, comme cet ode à Marc Hamilton, écorchant le monde du show business et des produits jetables. Intitulé Comment ça va Marc Hamilton?, ce premier extrait a même eu l'approbation de l'ancien chanteur.

Que ce soit avec la vie d'une pauvre femme dans Mécanique Mélanie ou leurs opinions politiques dans Aimer être cons, les membres du groupe ont choisi de convaincre et vaincre tout en faisant bouger leurs fans. Pas une mauvaise combinaison, cela me rappelle un certain Charlebois d'une autre époque.


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Dissidence - Le cri de l'opprimée

Le cri de coeur d'un groupe musical formé presque exclusivement de jeunes femmes qui ont choisi de lutter contre certains certains cancers de notre société occidentale. Que ce soit en décriant la violence faite aux femmes, l'homophobie ou même l'attaque systématique que nous faisons vivre à notre société, Dissidence se donne le droit de répliquer... en chansons.

En plus, afin de mêler les actes et la parole, elles ont choisi de verser la majeure partie des profits de cet album à une radio communautaire du Nicaragua, des gens avec qui elles se sentent des affinités, ne serait-ce qu'au niveau de la lutte pour la solidarité dans le monde.

Plusieurs des chansons ont été créées par Maude Marcaurelle, l'instigatrice du projet, les autres sont issues du collectif formé de Valérie Gagnon, Ana Popovic, Fabiola Ugarte, Julie Houle, Marie-Anik Châteauneuf et Marie-Claude Goulet. La réalité n'est pas toujours belle à dire (ou à chanter), mais le groupe Dissidence a choisi de l'attaquer de front avec des chansons comme Biodiversité, Coeur androgyne, Femme rebelle, Je te crache, Hurle, Agresseurs, etc.

Aidons-les dans le cheminement qu'elles ont choisi en appuyant cette production indépendante teintée d'espoir, celui qu'un jour elle ne sera plus nécessaire.

You and me - The romantic and the realist

Dans une ambiance folk, le groupe Québécois anglophone formé de Shawn Donnelly (guitare et voix), Sandra J. (voix, xylophone, mélodica), Danny Roy (basse) et Edmund Lam (guitare) lançaient un premier album complet cet été. Articulées autour des auteurs compositeurs Shawn et Sandra, les pièces de l'album redonnent leurs lettres de noblesse au folk acoustique de la trempe des Simon and Garfunkel (pour mon époque) et plus près d'eux, Elliott Smith, Iron and Wine et Belle and Sebastian.

Après s'être faits remarquer sur la scène locale montréalaise, notamment à la Casa del Popolo, au Yellow Door et au Main Hall, ils gravent donc leurs magnifiques créations sur un album qui mérite de se trouver une place entre vos oreilles. Le matériel du groupe s'installe entre romance et réalité, doucement mais sérieusement avec des pièces comme Head noise pollution et la magnifique Run. Une production indépendante de grande qualité.

Gaële - Cockpit

Un premier album empreint de rythmes et représentant bien toute la palette de couleurs qui peuplent l'univers et l'imaginaire de cette artiste qui, la même année, a été finaliste au Festival de Granby et a remporté le prix d'interprétation à celui de Petite Vallée.

Gaële est une auteure compositrice qui sait aussi faire siens les textes des autres. Sa personnalité originale, son énergie communicatrice et la maîtrise de son art lui ont permis de pondre un album représentatif de ce qu'elle est, douce et introspective, pleine d'intensité et même parfois complètement sautée.


Elle nous présente donc cet album rempli de pièces originales et intitulé Cockpit. L'album présente 11 chansons qui permettent à Gaële de démontrer à la fois ses talents de compositrice, d'interprète et de performeuse. Que ce soit dans les chansons tendres, intenses ou presqu'intimistes comme Sarah, Les croix blanches, La maison vide, Sur ma peau, ou dans des grandes envolées comme la pièce titre Cockpit ou Casino, Gaële démontre sa grande capacité d'adaptation et vient autant nous chercher les larmes que les rires.

L'album a été réalisé avec l'aide de Cristobald Tapia de Veer qui a aussi travaillé avec Jorane. On retrouve aussi de nombreux musiciens invités comme Mara Tremblay (violon, ukulele), Jean-Sébastien Fournier (piano) et Jipé Dalpé (flugelhorn). Une artiste à découvrir !


Fabiola Toupin - Je reviens d'ici

Pour elle aussi, il s'agit d'un premier album, rempli de poésies des auteurs québécois qui l'allument, des gens comme Serge Mongrain, Guy Marchamps, Yves Boisvert, Jean-Paul Daoust et j'en passe. Lors de son lancement, elle avait invité plusieurs des auteurs de son album à venir présenter des poèmes de leur cru, histoire de rendre hommage à cette matière première que sont les mots.

Pour Fabiola, la formule ne se limite pas aux mots, les musiques de Manu Trudel lui permettent de laisser éclater son magnifique talent d'interprétation de même que sa présence scénique toujours aussi impressionnante. Avec des pièces fortes comme Revenance, Sororité, A, Trois rivières de diamants et j'en passe, elle démontre toutes les émotions qui sont siennes, de même que son attachement à son coin de pays (Trois-Rivières).

Depuis sa participation à l'opéra folk Un éternel hiver il y a deux ans, Fabiola n'a cessé de s'affirmer et de se faire découvrir d'un public nombreux des deux côtés de l'Atlantique. Espérons que l'Europe ne nous la prendra pas trop longtemps, elle qui s'y trouvera en tournée dès le mois prochain. Comme elle le présente si bien avec le titre de son album, espérons son retour pour bientôt !

Nouveaux albums chez ProgQuébec

Musique ProgresSon profite de la deuxième édition du FMPM qui se met en branle ce samedi pour ajouter trois nouveaux albums à son catalogue déjà bien fourni en musique québécoise progressive, des années 70 à aujourd'hui. On retrouve donc la réédition des deux premiers albums du groupe Maneige, intitulés respectivement Maneige et Les Porches, de même qu'un album en direct, le Jérôme Langlois Live, une prestation captée lors de prestations au Gesù en 2006, de même que lors du FMPM de la même année.

En fait, l'album de Jérôme qui est un CD double, comporte aussi une réédition de l'album Thèmes paru en 1984 ainsi que deux pièces inédites datant de 1976. Il faut se souvenir que Jérôme Langlois a été un des membres fondateurs de la formation Maneige, en plus d'avoir fait partie du groupe Lasting Week à la fin des années 60, début des années 70. Après avoir travaillé dans l'ombre pendant plusieurs années, il est revenu au premier plan depuis le lancement de l'album Molignak en 2005. Artiste prolifique, il aura marqué la musique québécoise sur près de 4 décennies.
Les deux premiers albums de Maneige sont maintenant disponibles

Marie-Luce Béland - A l'envers

Voici un premier album de cette jeune auteure compositrice interprète originaire de la région de Trois-Rivières. Toute jeune, elle se dirigeait vers une carrière en musique, accumulant les expériences de chorales, comédies musicales, écoles de danse, chant populaire, jazz et même gospel. Un talent qui n'attendait que la découverte, ce qui est arrivé lorsque Steve Veilleux du groupe Kaïn l'entendit chanter pendant le vernissage d'une de ses amies.

Il lui offre de composer quelques chansons pour elle, ce qu'elle accepta évidemment. En bout de ligne, c'est 10 chansons de Steve qui auront été retenues pour lancer ce premier album, bien que la jeune femme ait un certain nombre de chansons de son cru dans son baluchon. C'est surtout à titre d'interprète donc qu'elle noue ses premiers liens avec le show business québécois. On retrouve tout de même une chanson de Marie-Luce sur l'album, intitulée Regarde-moi, elle est dédiée à son père. Après quelques écoutes, j'apprécie particulièrement les pièces Je ne t'appartiens pas, Pleine lune, Possession d'être, Tristesse, etc.a

Il est trop tôt pour dire si l'appui de Steve et de toute son équipe saura la propulser vers le succès, mais ce n'est certainement pas la qualité qui fait défaut dans cette production dont la réalisation a été confiée à Guy Tourville (France D'Amour, Véronic Dicaire, Marie-Chantal Toupin, etc). On y retrouve le style de ballades pop accrocheuses qui ont fait la renommée de Kaïn, associées à une voix fort colorée, et un beau talent d'interprète. Un album fort agréable.

Eletria

Cet album vient tout juste d'être lancé en ligne alors qu'il sera en magasin dans quelques mois seulement. Il vaut la peine qu'on s'y attarde et qu'on découvre l'univers étrange et difficile de la jeune Eletria, soumise au pouvoir des hommes mais qui jure de s'en sortir.

C'est Alan Charles, leader du groupe Existence qui a composé toutes les musiques et écrit tous les textes de cet album concept relatant la vie difficile de cette femme au destin tragique. Pour donner vie à son héroïne, il a longtemps cherché avant de tomber sur la magnifique interprète qu'est Catherine Boulanger.

Magnifique est le mot juste puisqu'elle apporte une profondeur au personnage par sa voix qui possède toute la palette de couleurs nécessaire à la reproduction des émotions inhérentes à l'histoire qui nous est racontée. Elle n'est pas jolie cette histoire, les textes sont souvent directs et on a de la difficulté à supporter ce que cette jeune femme a dû subir, mais c'est rendu avec tellement d'amour et de respect, qu'on le saisit comme un message d'espoir.

Outre la voix de Catherine, la deuxième dimension de cette oeuvre c'est la musique et là encore, le ton est juste, parfois grandiose, parfois lyrique, toujours très émouvant. Des solos de violon, de guitare ou de piano viennent appuyer les moments sans texte où on peut simplement saisir l'émotion du moment.

Une oeuvre magistrale !

Dominique Bouffard - Éponyme

Cette jeune femme roule sa bosse dans les petites salles depuis quelques années, ce faisant elle a fidélisé un public qui est de plus en plus nombreux à apprécier ses chansons qui sont autant de petites histoires qui racontent en musique les aléas de la vie d'adulte, notamment les relations hommes femmes. C'est sur étiquette Christal Musik que son premier bébé est lancé et quelle belle réalisation.

Avec l'aide du réputé David Brunet aux arrangements, à la guitare et à la réalisation, elle a trouvé le bon filon pour donner à sa musique l'enveloppe musicale qu'il lui fallait, un son riche sans pour autant porter ombrage aux textes souvent sérieux et personnels de ses chansons. Au chapitre des musiciens principaux de l'album, on retrouve les François Richard (claviers), Simon Blouin (batterie) et Mark Hébert (basse), des musiciens qui ont accompagné les Daniel Boucher, Yann Perreau, Vincent Vallières, Luc De Larochellière, Dumas, Tricot Machine, Mike Prévost et j'en passe. On peut aussi noter la présence de Mario Légaré (basse) et Kristin Molnar (violon).

Je trouve que toutes les pièces de l'album valent le détour, mais je voudrais tout de même recommander l'écoute de quelques pièces à qui voudrait découvrir les chansons de Dominique, notamment A tes pieds, Grève de toi, Tant pis et Sans alibi. Dominique possède un jeu de guitare très dynamique, c'est un plaisir de l'entendre sur scène, on peut donc maintenant apporter sa poésie à la maison. Une jeune femme dont le matériel vaut le détour.

Les nouveautés du mois d'août


Fayo - Accent aigu

Le jeune homme de Dieppe au Nouveau Brunswick nous offre un deuxième album, faisant suite à La fièvre des fèves paru en 2001. Intitulé Accent aigu, l’album comporte principalement la voix de Fayo, deux guitares (Steve Leblanc et Fayo) et une base (Rémi Arsenault). S’ajoute à l’équipe la voix d'Anique Granger et celle de Juliette Solal.

Selon Fayo, le nouveau disque ressemble à l'énergie qu'il déploie dans ses spectacles, transmettant une chaleur et une émotion que seul le live permet de faire. Il qualifie sa musique de "folk rock acadien", chante ses histoires en musique, soutenu par des musiciens chevronnés. Ses textes sont teintés d’optimisme, d’émotion et d’humour.

L'album comporte 12 titres, tous des textes et des airs issus de la plume de Fayo, sauf pour La tune à Guy qui comporte, en plus des mots de Fayo, des bouts de poèmes de Guy Arsenault, et J’aime ça quand tu me love qui a été composée en collaboration avec Stéphanie Morris. La tune à Guy est en quelque sorte un collage à partir de divers écrits du poète, sa façon de rendre hommage à celui qu’il considère comme l’un de ses idoles. La chanson Le lac a débordé fait référence aux événements de l’an dernier en Louisiane. Une bombe qui tombe est certes le texte le plus politique de l’album alors que l’artiste s’adresse au président des États-Unis. Les chansons Jean sans abri et Les gambling blues sont aussi des textes à saveur politique. On reconnaît dans cet artiste la double notion de citoyen d'Acadie et de citoyen du monde, une dualité fort contemporaine.

Frank et ses potes - Allumé

Ce groupe de musique ensoleillée est issu du Cégep de Saint-Laurent. Après avoir remporté le concours Cégeps Rock en 2005, ainsi que le Festirock 2007 et le Festival International des Percussions, ils lancent un premier album intitulé Allumé en mai 2007. Pour ce disque, ils ont obtenu la collaboration de gens de métier, notamment André Martel, Michel Dupire, Marc Papillon, Anthony Rozancovic et Jean-François Doré.

La majorité des pièces sont issues, textes et musiques, de la plume de François Wermenlinger, alors que les arrangements sont crédités à l'ensemble du groupe. Ces 5 étudiants en jazz ont une panoplie de goûts musicaux différents, mais convergents ! Cela crée une dynamique rafraîchissante. Le reggae, le jazz, la musique cubaine, le funk et le rock les unissent pour proposer des concerts aux rythmes envoûtants, des textes évoquant l'amour, la vie, l'environnement et la politique, dans une ambiance festive et un univers chaleureux.


Parmi les pièces de l'album, je retiens Kyoto No Go, une prise de position sur la participation du Canada à ce protocole qui tente d'endiguer les horreurs faites à notre planète.

Jean Marcaurelle - Une petite pause

Prolifique, Jean lance un troisième album en trois ans, intitulé Une petite pause. Il table toujours sur d'excellents arrangements de type "Musique du monde" pour nous offrir des chansons ensoleillées qui savent mettre en vedette le quotidien. Des chansons d'amour certes, mais aussi des pièces qui donnent envie de prendre son temps et d'arrêter de courir.

Sur ce nouvel album, Jean est appuyé par de nombreux musiciens dont plusieurs l'accompagnent régulièrement sur scène, soit les Danny Armstrong (charango, violon, guitare), Jérôme Champagne Simard (accordéon), Normand Dionne (basse), Martin Grandbois (percussions), Charles-Philippe Laporte-Pike (guitare), Ronny Lessard (batterie), Jessyca Pitt (violon, flûte, hautbois, accordéon) et Gaétan Rouleau (guitare).

J'ai un faible pour la chanson française qui utilise le violon et l'accordéon comme accompagnements et non pas comme instrument principal, et c'est justement ce que Jean et ses collaborateurs nous offrent. La pièce Le temps de cette chanson en est un fort bel exemple, le texte fait l'éloge du temps pour apaiser les douleurs et l'accordéon vient appuyer le propos d'une façon fort imagée. En fait, tout le reste de l'album arrive à bien doser la multitude des instruments avec le propos souvent sérieux des textes de Jean Marcaurelle. Tous les textes sont de lui, sauf pour Telle est ma devise qui est issu d'un collectif avec des amis et membres de sa famille.

En résumé donc, un album qui éclaire le quotidien, à la fois par ses ambiances musicales et par son propos. Onze pièces qui font mouche !

Jocelyn Bérubé - Le retour du Nil

Violoniste, conteur, comédien et acteur, Jocelyn Bérubé avait lancé deux albums vers la fin des années 70, soit Nil en Ville en 1976 et La bonne aventure en 1980. C'est donc presque 30 ans plus tard, que Jocelyn lance un album compilation intitulé Le retour du Nil, reprenant la majorité des pièces des deux premiers maintenant fort difficiles à trouver.

C'est un peu pour rendre hommage à son village natal disparu (Saint-Nil en Gaspésie) que Jocelyn avait créé le premier album, mélange de musique traditionnelle, de sons contemporains et de textes parlés qui viennent toucher le coeur de l'auditeur. Bien sûr il traite de sujets difficiles comme la relocalisation, la perte d'identité, l'américanisation de la société, la multi-ethnicité, mais il a une façon tellement poétique de le présenter qu'il nous fait croire que l'humanité en chacun de nous saura faire ressurgir l'espoir.

Au niveau de la réalisation de ces deux albums, il avait obtenu l'aide de nul autre que Pierre Flynn, alors que parmi les musiciens on retrouvait quelques anciens du groupe Octobre, notamment Mario Légaré à la passe et Pierre Hébert à la batterie.

A découvrir (ou redécouvrir) pour la beauté des textes, de l'interprétation et de cette musique sans âge qui ne devrait jamais tomber dans l'oubli!

Myreille Bédard - Éclats de vie

On l'a connue originalement comme membre du quintette La bande Magnétik, elle qui se lance dans l'aventure en solo avec un premier album intitulé Éclats de vie, réalisé par son complice de longue date, Philippe Noireaut.

L'album Éclats de vie reflète des chansons coups de coeur qui ont parsemé sa vie, de l'adolescence à aujourd'hui. On retrouve donc des pièces connues de Véronique Sanson (Amoureuse), Liane Foly (Les yeux doux), Diane Tell (Savoir), Charles Aznavour (Non, je n'ai rien oublié), d'autres qui sont sorties de sa plume, Étrange exil et S'il existe (toutes deux mises en musique par Richard Lupien) et trois pièces en anglais, soit Somewhere (extrait de West Side Story), Send in the clowns et la magnifique pièce de Carole King, You've got a friend, des frissons qui ne se démentent pas même si la chanson a plus de 35 ans maintenant.

On peut aussi remercier Myreille de donner un nouveau souffle à la chanson Pas personne qu'avait écrite la poétesse Suzanne Jacob en 1980, et qu'avait mis en musique Claude Gauthier. Au total donc, 13 pièces sur un album réalisé par son pianiste et comparse de longue date, Philippe Noireaut. 13 chansons teintées de la texture vocale d'une solide interprète dans un style musical aux confins du jazz, du swing et du gospel.

Lors du lancement à la Place des Arts, elle a présenté et interprété 4 ou 5 des chansons de l'album et j'ai fort apprécié comment elle s'est appropriée des pièces comme Les yeux doux et Pas personne, nous les faisant ressentir autant que ses propres créations comme Étrange exil. L'album s'écoute comme on ferait un voyage, avec plein de petits arrêts en cours de route pour admirer les paysages et prendre des photos de ces instants, devenant des éclats de vie.

Caroline Nadeau - Si fragile

Interprète originaire de la Beauce, Caroline Nadeau lance un deuxième album d'interprétations jazz, reprenant le répertoire populaire québécois, français et international. Son premier opus intitulé Autour de minuit avait vu le jour en 2000, et regroupait des chansons comme Gilberto (Diane Tell), Reste (Charles Aznavour) ainsi que d'autres qui sont des traductions en français de classiques anglophones.

Sur le nouvel album intitulé Si fragile, elle poursuit dans la même voie, mettant en vedette le texte de Luc Delarochellière, ainsi que d'autres classiques comme L'été 42, Un enfant, La chanson d'Orphée, Besame Mucho, etc. Pour cet album, on retrouve Julie Lamontagne au piano et à la réalisation, John Roney au piano, Jean Boutin au saxophone ténor et à la flûte, François Marion à la contrebasse, et Jim Doxas à la batterie.

Le style jazz qu'elle affectionne donne un nouveau souffle et des couleurs différentes à des chansons que l'on connaît et fredonne depuis longtemps, leur permettant ainsi de connaître une deuxième vie dans un enrobage différent qui mérite l'écoute.

Pour voir les albums de Janvier à Juin 2007, cliquer ici

Michel Parent